Depuis plusieurs années, des ingénieurs corses travaillent sur la construction d’un bateau anti-pollution. Nom de code : Corsican Blue Project.
Depuis 4 ans, trois ingénieurs travaillent sur un bateau autonome et anti-pollution : le Corsican Blue Project. « Le trafic maritime en mer Méditerranée s’est considérablement accru ces deux dernières décennies, au point de transformer la région en l’une des principales routes maritimes du commerce international par laquelle transite près du tiers des échanges mondiaux », nous explique Julien Torre, en charge du Marketing et et de la Communication pour le projet. « Cette activité est appelée à se développer dans les années à venir, tant en raison de la multiplication du nombre de routes que de l’intensification du trafic. Les pressions diverses exercées sur les environnements marin et côtiers insulaires vont inévitablement s’aggraver ».
Pollution, collision, déchets marins, bruit sous-marin et introduction d’espèces non-indigènes, la mer Méditerranée serait également selon plusieurs études, la mer la plus polluée du monde aux déchets plastiques. Selon le WWF, qui présentait en 2018 un rapport alarmant sur la situation, « la concentration de plastique en mer Méditerranée est 4 fois plus élevée que dans « l’île de plastique » du Pacifique Nord ». En cause, une production et une consommation excessives, une mauvaise gestion des déchets et le tourisme de masse.
Dans son rapport, Isabelle Autissier, Présidente du WWF France fait un constat édifiant : « Aujourd’hui, presque toutes les espèces marines sont en contact avec les plastiques. Des fragments de plastique ont été retrouvés dans toutes les tortues marines en Méditerranée et dans 90% des oiseaux marins dans le monde. En 1960, c’était seulement 5% ! Le plastique a aussi des conséquences négatives sur la santé humaine. Les microplastiques contenus dans nos cosmétiques ou encore les bouteilles en plastique que nous jetons avec négligence et qui une fois en mer, se brisent en minuscules fragments, sont ensuite mangés par les poissons. Ils entrent ainsi dans la chaîne alimentaire jusqu’à nos assiettes : nous mangeons ce qu’ils mangent ! »
Corsican Blue Project : collecter les déchets liquides et solides en mer
La pollution plastique en Méditerranée est un véritable fléau. Elle s’infiltre partout et tue de nombreuses espèces d’animaux. C’est ce qui a poussé les trois associés à se lancer : « il y a quatre ans, avec Ludovic Amouroux et Nicolas Mazotti, nous avons décidé d’associer nos compétences et expériences professionnelles afin de développer ensemble un projet permettant d’assurer la veille permanente et la protection anti-pollution du littoral insulaire ». Une démarche qu’ils qualifient de « responsable et pragmatique ».
« Nous travaillons actuellement sur la conception du navire avec un cabinet d’architecture navale spécialisé. Nous développons un modèle autonome, propre et efficace. L’année 2019 est
essentiellement basée sur les études de conception, les approbations des autorités et les recherches de chantier. Nous commencerons à médiatiser le projet de navire d’ici septembre 2019. Notre navire hybride sera équipé pour récupérer les eaux usées, les traiter et les transformer en eau douce. Mais surtout pour collecter les déchets liquides et solides ».
Accompagner les entreprises et institutions dans la transition écologique
En attendant de disposer de ce fameux bateau, le Corsican Blue Projet profite de son association avec des clubs de plongée pour préparer le travail de dépollution. « Nous allons effectuer une excursion avec nos partenaires pour tenter de localiser l’îlot de plastique » de 10km de long qui aurait été découvert au large de la Corse, selon un journal italien. « Une mission délicate. La semaine dernière, la préfecture maritime a envoyé un avion de reconnaissance » Falcon 50 « . La recherche au-dessus de la mer Tyrrhénienne n’a rien donné. Le plastique nage vite. Très vite », conclut Julien Torre.