Circuit-court, énergie renouvelable, exploitation de terrain pollué, projet participatif… À Mallemort, le site de stockage de déchets de la métropole va devenir un champ de production électrique photovoltaïque capable d’alimenter 4000 personnes.
Si les déchets enfouis sur le site de stockage de Mallemort sont qualifiés de « non dangereux », ils limitent tout de même l’exploitation de ce terrain de 10,5 hectares pour plusieurs dizaines d’années. Pas d’activité humaine régulière, ni d’exploitation agricole possibles. Un poids mort foncier pour le propriétaire : la Métropole Aix-Marseille-Provence. L’équivalent d’une quinzaine de terrains de football à l’abandon depuis des années sur la petite commune de Mallemort, dans le nord des Bouches-du-Rhône.
Comme un symbole en réponse à cette problématique environnementale, le site a trouvé une nouvelle vocation : la production d’électricité renouvelable. Une centrale photovoltaïque de 2,7 mégawatts s’y déploiera sur 3,5 hectares à partir de 2021. Les concepteurs estiment qu’elle pourra fournir près de 4000 personnes en électricité.
Suite à un « appel à manifestation d’intérêt photovoltaïque », la Métropole a sélectionné le groupement qui développera le projet dans une démarche participative et éco-citoyenne. Il est constitué du producteur d’énergie renouvelable marseillais Cap Vert Energie, du fournisseur d’électricité verte Enercoop, et de Énergie Partagée pour l’accompagnement financier.
Circuit-court électrique : « Une AMAP de l’énergie verte »
S’il est impossible de déterminer précisément la destination de l’électricité, « elle alimentera le réseau local », assure Jérôme Lelong, responsable production et approvisionnement pour Enercoop Paca. « Mais le circuit-court est également contractuel et financier », ajoute-t-il.
En effet, Enercoop achète l’électricité verte au producteur pour la revendre directement au consommateur. Tous les deux doivent être sociétaires de la coopérative (SCIC). Une décentralisation innovante dans le domaine de l’énergie. En plus d’une construction participative du projet avec les citoyens, associations et collectivités, ces derniers pourront entrer au capital de la société d’exploitation.
« Une AMAP de l’énergie verte ! », résume avec humour Nicolas Chapelat, responsable chez le producteur d’énergie renouvelable Cap Vert Energie, en référence aux associations pour le maintien d’une agriculture de proximité.
Le soleil de Provence : un potentiel difficile à exploiter
Marseille et sa région trustent le haut du classement de l’ensoleillement en France chaque année. « Ici, grâce au soleil, un panneau photovoltaïque produit plus d’électricité que dans des régions pluvieuses, mais cela ne suffit pas », explique Nicolas Chapelat. « En Provence, il y a très peu de foncier disponible. Nous exploitons plus de surface en photovoltaïque dans le nord de la France malgré le faible ensoleillement ».
Les terrains contraignants comme le site de stockage de déchets de Mallemort deviennent alors des opportunités pour les producteurs d’énergie solaire sur le territoire. « Une centrale photovoltaïque ne nécessite pas de présence humaine quotidienne » précise Nicolas Chapelat, « et nous fixons les panneaux sur des socles en béton pour rester en surface sans toucher aux déchets enfouis ».
De quoi donner des idées pour d’autres sites pollués, qui pourraient trouver une seconde vie dans la production d’énergie renouvelable.
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