En juin, « Les Variétés » rendra ses lettres de noblesse au cinéma d’auteur

C’est un projet ambitieux mais assez discret qui agite le coeur du centre-ville : la rénovation du cinéma Les Variétés qui borde la Canebière. Avec un retard de 6 mois sur les délais initiaux, le temple du cinéma d’auteur à Marseille devrait rouvrir au public en juin. Reportage.

Alors que d’autres projets de cinéma envahissent le devant de la scène médiatique locale, à l’image de la récente ouverture du cinéma EuropaCorp à la Joliette et du projet de cinéma Artplexe dans l’ancienne mairie du 1er secteur sur la Canebière, la rénovation du cinéma Les Variétés se fait plus discrète. Pourtant, cet établissement est l’un des plus prisés des amateurs de cinéma d’auteur, une véritable institution dans le coeur des Marseillais.

Entamés en août dernier, les travaux de rénovation du cinéma devraient s’achever début juin. La réouverture initiale était prévue pour le mois de janvier. Le coût du chantier a lui aussi changé, passant 1,3 à 2,3 millions d’euros.

Rendre ses lettres de noblesse au cinéma d’auteur en centre-ville

« Un chantier permanent », l’expression est souvent employée par les Marseillais pour parler de leur ville. Plusieurs grands axes de la ville sont en phase de requalification tandis que les échafaudages fleurissent un peu partout sur les façades. Depuis le mois d’août, le cinéma Les Variétés n’échappe pas à la règle. Le mythique cinéma Art et Essai du centre-ville devait rouvrir ses portes au public dès le mois de janvier 2019. Puis fin avril. Et enfin début juin.

Au programme : une modernisation importante de la façade, avec une réorganisation des salles de cinéma et des espaces d’accueil au public aménagés en coworking. Ce nouveau lieu accueillera des activités modernisées comme de la réalité virtuelle, des retransmissions de concerts et conférences,…

Des travaux inattendus et un surcoût

« Nous avons découvert de l’amiante absolument partout. Dès qu’on a de l’amiante, il faut faire appel à une entreprise spécialisée et cela génère forcément du retard », nous explique Jean Mizrahi, PDG d’Ymagis, qui a repris ce cinéma et le César (Marseille, 6e) en 2016. « Nous avons également découvert qu’il fallait renforcer la structure du bâtiment et le mettre en conformité aux normes de sécurité notamment concernant le désenfumage », ajoute Mehdi Cheriaa, chef du projet au sein du cabinet d’architectes Lalo qui gère ce projet de rénovation. « La présence d’habitations tout autour du cinéma complique également le travail », conclut-il.

Outre le retard, ces découvertes successives ont généré également un surcoût conséquent. « À l’origine, nous avions évalué le chantier à 1,3 million d’euros, ce sera vraisemblablement plus autour de 2,3 M€ », se projette Jean Mizrahi. À l’heure actuelle, 50 % de la somme a été apportée par les fonds privés et le reste par le public. Le Centre national du cinéma et de l’image animée (CNC) ainsi que la Région Provence-Alpes-Côte d’Azur y ont en effet participé. Un dossier est également en cours d’examen auprès de la ville de Marseille.

Les détails du projet

« L’un de nos axes forts dans ce projet a été de privilégier la qualité à la quantité », affirme Jean Mizrahi. Le cinéma des Variétés va en effet voir son nombre de salles augmenter en passant de cinq à sept, mais le nombre de sièges va diminuer. « On aura des sièges plus larges et les salles supplémentaires permettront d’élargir l’offre », poursuit-il tout en rassurant : « on ne va pas changer notre ligne de programmation, on sera toujours orienté sur du cinéma Art et Essai en version originale, du film d’auteur français ».

Si l’identité culturelle de lieu ne sera pas changée, son aspect physique le sera assurément. Le hall d’entrée se prolongera jusqu’au niveau du trottoir. Auparavant, cet espace comprenant le guichet et la programmation était ouverte sur l’extérieur formant une sorte de préau. Le guichet sera situé sur le côté afin d’aérer l’entrée. Au centre du cinéma, une grande pièce centrale permettra d’accéder aux trois salles situées dans la partie basse. Un escalier monumental donnera accès aux quatre salles de l’étage. « Il y avait avant une foule d’escaliers, nous avons voulu supprimer toutes ces voies de circulation verticales pour ne garder qu’un escalier monumental », explique Mehdi Cheriaa.

Se démarquer des autres cinémas

« Nous avons aussi fait l’acquisition du bar situé à côté qui s’appelait « Le Vilain Petit Canard », nous allons l’intégrer au cinéma pour proposer une offre de restauration et ainsi ouvrir la palette de possibilités de ce cinéma », ajoute Jean Mizrahi. Des espaces de coworking et de convivialité situés au sein du cinéma permettront également de diversifier l’offre. Car il faut dire qu’avec la récente ouverture du cinéma EuropaCorp La Joliette et le futur multiplexe Artplexe du haut de la Canebière, la concurrence sera rude. Pour autant Jean Mizrahi ne se dit pas inquiet : « nous ne sommes pas sur les mêmes positionnements, ces cinémas offrent plus du cinéma grand public que nous ne proposerons pas ».