Il y a quelques mois, la jeune marseillaise Sarah Soilihi décidait de quitter La France insoumise ; avant de rejoindre Génération-s, le parti de Benoît Hamon. En seconde position sur la liste citoyenne Printemps européen, la championne du monde de kick-boxing revient sur la scène politique.
C’est la première fois depuis qu’elle a officiellement rallié le parti de Benoît Hamon au mois de novembre dernier, que Sarah Soilihi accorde une interview. Quelques mois avant de rejoindre Génération-s, la jeune marseillaise avait annoncé son départ de la France insoumise (LFI). Cette décision faisait suite à une série d’événements survenus au sein du parti de Jean-Luc Mélenchon. Dans un article paru le jeudi 5 juillet dernier dans Libération, Lilian Guelfi, membre du comité électoral, affirmait avoir été témoin de « méthodes scandaleuses » dans la désignation des candidats pour les élections européennes et en appelait à un sursaut des militants sur la liste dévoilée. Parmi les exemples cités, l’insoumis évoquait celui de Sarah Soilihi, qui aurait été victime de « petits arrangements entre amis ».
Notre Clap ! Politique avec Sarah Soilihi :
Évincée de la course aux européennes, l’ancienne porte-parole de La France insoumise décide alors de ne plus être candidate. Les prémices d’une révérence annoncée, motivée par d’autres arguments. Outre les « raisons démocratiques internes », nous explique-t-elle, la jeune femme évoque un « repli sur soi du mouvement » et avoue n’être plus en phase avec la stratégie politique, plus encore pour les européennes : « Il ne faut pas résumer cette élection à un référendum franco-français anti-Macron. Il faut élever le niveau des consciences, parler aux citoyens ».
Militante dans l’âme et, à l’époque, orpheline d’un parti qui l’a malmenée, Sarah Soilihi est pourtant loin d’être K.O. Elle entend tout de même « rester mobilisée » pour les élections du mois de mai prochain. Pour faire de « l’éducation populaire » martèle-t-elle. L’une des meilleures manières, selon elle, d’expliquer l’Europe. Dans le même temps, elle « discute » durant de longues semaines avec Benoît Hamon, l’ex-candidat socialiste à la présidentielle de 2017.
Benoît Hamon : « Une recrue de talent »
Le rapprochement avec le mouvement se fait « naturellement » pour la jeune femme qui reste fidèle aux valeurs de la gauche. Une décision « mûrement réfléchie», assure-t-elle. « Nous avons aussi parlé avec les députés européens de Génération-s, Isabelle Thomas et Guillaume Balas qui font un travail formidable au Parlement européen et avec Edouard Martin, qui ne renouvellera pas son mandat mais qui est la cheville ouvrière de ce mouvement. Et ils m’ont convaincue ». Elle décide donc de rejoindre Génération-s qui s’enrichit « d’un talent» avec une « trajectoire comme la sienne », déclare le chef de file, dans une interview à Europe 1, en novembre dernier, fier de sa nouvelle recrue. « Je souhaite que l’époque que nous vivons, qui est une époque de résistance notamment face à la montée des extrêmes, soit une époque d’affirmation de ce qu’est la diversité de la société française ».
Reléguée à la 18e place (9e femme) sur la liste des Insoumis, la doctorante en droit, est alors propulsée à la seconde position sur la liste Printemps européen, menée par Benoît Hamon. « Une liste citoyenne de gauche et écologiste, appartenant à la seule formation transnationale européenne, qui défend partout en Europe les libertés fondamentales », explique la candidate.
Pour une « Europe plus humaine »
Entre Marseille et Paris, la championne du monde de kick-boxing rompue à l’exercice des campagnes politiques (elle en a mené plusieurs*), est au contact de la population. Un seul credo « expliquer » et détailler plusieurs priorités de campagne, comme la lutte contre le réchauffement climatique, le combat contre les lobbies qui « encerclent le parlement et la commission européenne », « des ambitions pour plus de justice sociale », avec une envie : que « l’Europe soit plus humaine ». Le projet et la stratégie du Printemps européen ne laissent aucune ambiguïté : « aucune alliance avec la droite. Notre spitzenkandidat [candidat pour être président à la commission européenne ndlr] est Varoufakis [ancien ministre grec des Finances ndlr], symbole de la lutte contre l’austérité en Europe », confie-t-elle.
Municipales 2020 : une chance unique pour la gauche de reprendre Marseille
Le résultat des élections de mai prochain déterminera le degré d’implication de Sarah Soilihi pour les élections municipales de 2020 à Marseille. A un an de cette échéance, elle estime qu’il « serait dommage » de partir en ordre dispersé, alors que la gauche a « une chance unique de pouvoir reprendre en main notre ville, qui en a vraiment besoin ». La candidate battue aux législatives de 2017, dans la 3e circonscription des Bouches-du-Rhône, ne croit pas aux « gauches irréconciliables » et voit en l’abstentionnisme, plus que dans le Rassemblement national, le vrai danger. « C’est ce qui fait monter le populisme.»
De retour sur le ring politique, Sarah Soilihi sait que les offensives seront nombreuses, mais la jeune femme qui vient de se mettre au MMA est prête à rendre coup pour coup. Et même si avec LFI l’histoire est finie, Sarah Soilihi, elle, se revendiquera toujours comme « insoumise depuis ma naissance et je le resterai jusqu’à ma mort ».