Avec le Brexit, de plus en plus de start-up misent sur la France et sur la métropole Aix-Marseille Provence pour leur développement international. C’est le cas de Netwookie, qui a créé une application destinée au marché africain et s’attaque au fléau de l’économie informelle. On vous dit tout !
Il est Allemand, mais c’est en Grande-Bretagne que Maximilian Bock, développe « Netwookie » en 2015, « une plateforme permettant de recourir à des prestataires de services et des professionnels de confiance dans les pays émergents ». Avec son associé, Fabien Fischer, ils mettent au point des algorithmes « de confiance », qui sont au cœur de la technologie de Netwookie.
C’est à Nairobi, au Kenya, que les deux trentenaires lancent leur application. Un pays que le Dr Bock connaît bien, pour y avoir été consultant auprès des Nations-Unies pendant sa carrière postdoctorale à l’Université de Cambridge. « Notre solution permet de trouver des professionnels sérieux à Nairobi, et de les mettre en relation. Des chauffeurs, plombiers, jardiniers, couturiers, des consultants en informatique… », explique Maximilian. Nous avons 600 clients actifs et créé une base ressources de 136 000 personnes. L’entreprise prélève une petite cotisation par des paiements mobiles de la part de professionnels pour être répertoriés sur la plateforme ». Une manière pour la start-up de s’attaquer au fléau de l’économie informelle qui touche 650 millions de personnes en Afrique chaque jour.
En quête de talents
Reste qu’à Cambridge, le duo se retrouve au point-mort. « Cambridge est plutôt performant dans les secteurs de la médecine. L’Université était fière de notre projet mais n’était pas en mesure d’accompagner l’entreprise dans les prochaines étapes », explique le Dr Bock. Les deux acolytes se mettent alors en quête d’une nouvelle destination : la France, avec en compétition Grenoble, Paris et Marseille, car « nous voulions rester en Europe. Nous étions aussi en quête de talents africains, au fait des problématiques de leur territoire», reprend le chef d’entreprise, convaincu des effets néfastes du Brexit sur les activités internationales. « Nous sommes d’abord allés à Grenoble, plutôt bien positionnée dans le domaine des micro-technologies, mais moins dans le domaine des plateformes comme la nôtre, ce n’était donc pas adapté à notre développement. »
Aix-Marseille Provence, pôle stratégique du développement africain
Si Paris s’impose comme la place forte pour les investissements « elle n’avait pas ce focus sur l’Afrique. L’écosystème de start-up parisien développe surtout des solutions qui peuvent aider la France ». La cité phocéenne apparaît donc comme la meilleure opportunité, de par son positionnement comme porte d’entrée du sud de l’Europe et de passerelle naturelle vers la Méditerranée. Puis par sa stratégie d’ouverture vers les pays d’Afrique, qui se concrétise notamment avec Africalink, lancé par la CCI Marseille Provence il y a deux ans, et soutenu par la Métropole Aix-Marseille Provence. Netwookie est l’une des premières start-up à avoir rejoint ce réseau d’entrepreneurs.
Maximilain Bock y est même devenu ambassadeur. Il intervient souvent pour partager ses expériences. Il apporte aussi des éclairages sur l’économie informelle, lors de congrès et colloques, à l’image du Salon des Entrepreneurs ou encore Emerging Valley, lancé par Samir Abdelkrim, fondateur de Startup-Brics. Organisé à thecamp, l’événement est depuis 2018, officiellement labellisé par l’initiative présidentielle « Digital Africa » ; dispositif de soutien aux start-up africaines pour soutenir la dynamique entrepreneuriale sur le continent africain. « C’était finalement naturel pour nous de venir ici. Nous avons échangé avec les experts de Provence Promotion, découvert l’écosystème, notamment thecamp qui sélectionne pour son programme d’accélération des start-up avec un impact social, on a trouvé ça exceptionnel. C’était merveilleux. Et puis Aix-Marseille dispose des meilleurs talents africains en France. A nous de détecter ceux qui sont désireux de transformer l’économie de leur pays d’origine ».
Des atouts majeurs pour la start-up qui connaît pourtant des débuts difficiles, en septembre 2017. La recherche de financement français pour l’Afrique fait du sur-place. « Malheureusement, on est retourné chez nous et on a travaillé sur l’application », jusqu’à ce qu’au début de l’année suivante, Netwookie intègre le programme d’incubation de thecamp Le Village by Crédit Agricole Alpes-Provence : « C’est à ce moment-là que ça s’est vraiment stabilisé. On a travaillé durant quatre mois, avec des stagiaires d’Amu, notamment une étudiante américaine à la fois anthropologue et data-scientiste (travail des données). »
Ouverture d’une antenne au Maroc
Actuellement, l’entreprise est accélérée à Zebox, au cœur de la Cité de l’innovation et des savoirs (Cisam). Le succès de la solution à Nairobi et l’implantation sur le territoire métropolitain lui a permis d’ouvrir quelques portes. Lors de la mission Maroc de la Métropole Aix-Marseille Provence, du 7 au 11 avril, Maximilian Bock a pu concrétiser son projet à Casablanca : créer une équipe de management sur place de cinq personnes. « C’est pour nous le bon moment pour entrer dans un marché francophone », assure le chef d’entreprise.
A Marseille, Netwookie emploie quatre personnes travaillant sur le développement de produit et le marketing numérique. « Nous croyons beaucoup à la synergie entre la France et l’Afrique. Chaque année, en Afrique, ce sont 27 billions qui ne sont pas réalisés parce qu’il manque cette connexion », souligne le Dr Bock, qui espère, quant à lui, réaliser un chiffre d’affaires de 2,4 millions d’euros en 2020.