Marlène Schiappa, secrétaire d’Etat à l’égalité femme-homme a passé deux jours à Marseille. L’occasion d’assister à la formation des forces de l’ordre sur les violences sexistes et sexuelles, une première en France, et d’engager quelques rapprochements politiques, tout en mettant les choses au clair sur ses intentions en vue des municipales de 2020.
Longue robe de soie, chignon coiffé-décoiffé, un petit côté vintage assumé et surtout un franc-parler. C’est dans une brasserie du centre-ville de Marseille que Marlène Schiappa, secrétaire d’Etat à l’égalité entre les femmes et les hommes et à la lutte contre les discriminations, a donné rendez-vous à une poignée de journalistes provençaux. Cette Marseillaise de cœur est devenue l’une des figures les plus visibles du gouvernement. Elle, qui n’hésite pas dire qu’elle « trolle le système », friande de grosses audiences pour parler de l’égalité femmes-hommes, a profité de ce séjour dans la cité phocéenne pour mettre une fois de plus en lumière « cette grande cause du quinquennat Macron ».
Au programme : échanges avec l’association SOS Femmes, des mères isolées et familles monoparentales. Puis la formation des forces de l’ordre aux violences sexistes et sexuelles et harcèlement de rue, au lycée Saint-Exupéry, à Marseille. Une première en France, initiée par la préfecture de police des Bouches-du-Rhône, qui sera généralisée à l’échelle nationale dans les semaines à venir.
Depuis l’entrée en vigueur de la loi Schiappa en août 2018, un peu plus de 330 amendes ont été enregistrées pour outrage sexiste (six dans les Bouches-du-Rhône). « Les policiers ne sont pas du tout en opposition à cette loi », exprime la secrétaire d’Etat, « ils l’accueillent même de manière très positive. Jusqu’à présent il n’y avait que l’agression sexuelle ou l’injure publique. Ils disposent désormais d’un outil juridique et savent qu’ils ont les moyens d’intervenir pour mieux protéger les femmes. » Le préfet de police des Bouches-du-Rhône, Olivier de Mazières, qui s’est pleinement emparé de cette question, estime qu’il « est important de pouvoir clairement identifier ces infractions et de les rendre plus claires dans nos esprits ».
Clap ! Politique avec Marlène Schiappa
Marseille 2020 : des rencontres mais pas d’accord
Sur le plan politique, la visite de Marlène Schiappa à Marseille n’a pas manqué d’attirer l’attention. Son nom circule depuis quelques semaines déjà pour la course à la Mairie de Marseille en 2020. Ce qui la fait sourire : « Que ce soit à Lyon, Marseille, ou dans le village de ma sœur, on me demande chaque fois si je suis candidate à la mairie ! ». Mariée à un Marseillais, elle pose régulièrement ses valises dans la cité phocéenne. « Toute ma belle-famille habite à Marseille. Mon grand-père y est né, toutes mes tantes aussi. Je viens à Marseille depuis ma naissance. ».
Si elle reste « naturellement très intéressée par ce qu’il se passe dans cette ville, car il y a énormément de choses à faire », Marlène Schiappa affirme sans détour ne pas avoir « vocation à mener une liste à Marseille », évacuant ainsi la question de sa candidature aux prochaines municipales. « Ce qui m’intéresse d’abord c’est de rester au gouvernement et de poursuivre l’action que j’y mène. »
Dans la perspective du G7 2019, présidée par la France, où les questions de l’égalité femme-homme seront au cœur du travail législatif, elle préfère rester « mobilisée » sur sa « mission, tant que je ne suis pas remerciée par le président de la République et le premier Ministre. »
Ce qui ne l’empêche pas de prendre le thé avec la sénatrice Samia Ghali, sur une place bien en vue du Vieux-Port, ce vendredi matin. Une rencontre programmée de longue date assure le cercle rapproché de la membre du gouvernement. Reste qu’à l’heure où la sénatrice socialiste crée son micro-parti « Marseille avant tout », sans renouveler sa carte au PS, cette entrevue soulève des questions sur les possibles alliances pour 2020 dans la ville.
Alliance ou pas, la décision viendra d’en haut
Dans le clan départemental LREM, c’est pourtant la piste d’une liste autonome qui semble être privilégiée au premier tour, certains députés et personnalités de la société civile ayant quelques velléités pour briguer le fauteuil de Jean-Claude Gaudin. Et pourquoi pas une alliance au second. Sur ce point Marlène Schiappa est très claire : « C’est leur volonté, mais on est un mouvement. Il y a des instances qui doivent décider, il y a un délégué général, Stanislas Guérini, Pierre Person, le délégué général adjoint, qui gère les élections et un bureau exécutif. Ils vont étudier la situation pour savoir si on a une liste autonome, ou une alliance et avec qui. Pour des grandes villes comme Marseille, il y a un enjeu local et un enjeu politique national. C’est normal que cela nécessite une réflexion globale ».
Les instances nationales de La République en marche devraient trancher au mois de juin. Une échéance que la secrétaire d’Etat n’estime pas forcément « tardive » pour se lancer dans la course aux municipales, malgré les enjeux marseillais. Jusque-là les tractations restent ouvertes.