Le président de la Région Sud, Renaud Muselier, a annoncé l’ouverture à la concurrence des lignes TER. Il s’est voulu rassurant sur la qualité de service et le maintien des tarifs. Des nouveaux trains d’opérateurs privés pourraient circuler dès 2022.
Le président de la Région Sud, Renaud Muselier (LR) a officialisé ce mardi l’ouverture à la concurrence des lignes TER du territoire. Elle sera la première région française à le faire. Elle a engagé une procédure d’appel d’offres européen dans ce sens. Le premier lot sera clôturé en février 2020 pour une signature en 2021.
Ainsi, en décembre 2022, la mise en circulation de trains gérés par nouvel opérateur (la SNCF peut également répondre à l’appel d’offres) sera effective sur la ligne Marseille-Toulon-Nice. « À terme, toutes les lignes TER de la région seront ouvertes à la concurrence », ajoute Renaud Muselier.
« Il ne s’agit pas de privatisation », a appuyé le président de la Région Sud, avant que son vice-président aux transports, Philippe Tabarot, précise : « Nous sommes, et restons, l’autorité organisatrice des transports (TER, ndlr). Nous fixons dans le cahier des charges, la qualité de service, et les tarifs ».
🚉 Première région de France à ouvrir son réseau ferroviaire à la concurrence, @MaRegionSud va lancer des appels d’offres pour toutes ses lignes de #TER. « Les nouveaux opérateurs circuleront à partir de 2022 sur la ligne Marseille-Toulon-Nice » selon Renaud Muselier. pic.twitter.com/ldAGGeSKfd
— made in marseille (@MadeMarseille) 19 février 2019
« Pas de hausse des tarifs, aucune ligne ni gare fermée, un service modernisé »
Les mots « privatisation » et « ouverture à la concurrence » inspirent des craintes concernant les tarifs, la qualité du service et l’emprise du réseau ferroviaire. L’exemple du rail anglais est souvent cité (voir plus bas).
La Région Sud compte déterminer le cahier des charges auquel devront se soumettre les nouveaux opérateurs autour de grands principes : « Pas de hausse des tarifs, pas de gare ni de ligne fermée, une facture transparente et claire des opérateurs à la Région, et une modernisation des trains et de services ».
Renaud Muselier assure notamment que l’électricité et le wifi seront disponibles gratuitement à bord des nouveaux TER. Un service de restauration devrait également voir le jour.
Exit la SNCF ?
La convention qui lie la Région Sud (financement et définition de l’offre) avec la SNCF (opérateur) sera ainsi rompue avec l’ouverture à la concurrence. Mais la société nationale peut répondre à l’appel d’offres, et le remporter.
C’est ce que pense d’ailleurs Renaud Muselier. Il espère que l’ouverture à la concurrence pousse la Société nationale des chemins de fer français « à se moderniser et à être plus performante ».
Dans le cas où la SNCF ne serait pas choisie, « elle transférera le matériel, les infrastructures et le personnel aux nouveaux opérateurs », explique Philippe Tabarot.
Éviter l’exemple anglais, suivre celui de l’Allemagne
L’exemple anglais est dans toutes les bouches quand il s’agit d’ouvrir aux sociétés privées le transport ferroviaire. Après l’échec reconnu de la privatisation totale de son réseau dans les années 1990, le gouvernement britannique a repris la main tout en continuant à déléguer à des opérateurs privés. Début 2017, un rapport parlementaire pointait les faiblesses de ce système de concessions, avec l’augmentation des prix et la baisse des performances. Dans un récent sondage, les Britanniques se disent à 75 % en faveur d’une renationalisation de l’exploitation des trains.
Mais c’est l’exemple allemand que le président de la Région Sud entend suivre. Comme le relatait France Culture, l’ouverture à la concurrence semble avoir eu un impact positif sur le transport ferroviaire outre-Rhin, le plus important d’Europe. Les indicateurs semblent au vert sur la qualité de service, le volume de passagers transportés et les bénéfices et emplois créés. Cet impact positif semble encore plus visible dans le transport régional géré par les Länder .
« On profite du recul qu’on a sur l’Angleterre et l’Allemagne pour faire ce qui marche et éviter ce qui ne marche pas », a lancé Renaud Muselier.
Plus de 10 opérateurs européens déjà intéressés
En mars 2018, la Région Sud avait déjà lancé un appel à manifestation d’intérêts pour l’ouverture son réseau ferroviaire à la concurrence. Entreprises publiques, privées, françaises, étrangères… Une dizaine d’opérateurs dans le domaine du ferroviaire ont répondu d’après la Région qui en a nommé certaines :
En France, Transdev (filiale de la Caisse des Dépôts et de Veolia) a déposé un dossier ainsi qu’un opérateur plus connu dans le domaine des transports en commun RATP Dev. La société Regiorail, le Canadien (implanté en France) Bombardier et le groupe luxembourgeois Alpha Trains se sont également positionnés. Trenitalia, société publique italienne de transport ferroviaire aurait également postulé.
En mars 2018, le magasine spécialisé Ville, Rail & Transports, évoquait des noms supplémentaires : Arriva (filiale de la Deutsche Bahn allemande), Keolis (filiale de la SNCF), le hongkongais MTR associé à un partenaire britannique, la RDT 13 (la Régie départementale des Bouches-du-Rhône, opérateur de fret), et Thello (filiale française de la compagnie italienne Trenitalia).
En plus de ces 11 opérateurs intéressés par la gestion du transport ferroviaire de la Région Sud, il faudra, selon Renaud Muselier, compter également sur la SNCF.