Amateurs de photographie, d’art, d’architecture ou de tout à la fois ? Voilà une exposition en libre accès faite pour vous. En effet, pendant un an, le photographe Jérôme Cabanel expose ses photos de chantier dans la rue au pied de la future grande tour La Marseillaise des Quais d’Arenc, que nous vous avions présenté lors d’un reportage à consulter ici. Cette exposition nommée « Les hommes et les femmes de La Marseillaise » nous emmène dans l’univers de la construction, avec des machines toujours plus impressionnantes et une très jolie sensibilité.
L’exposition se situe boulevard de Paris dans le 2e arrondissement, devant la terminus de la station de tramway Arenc le Silo. Les photographies ont été imprimées sur une bâche microperforée mesurant 50 mètres de long et 2 mètres de haut, autour de la base de vie du chantier de la tour La Marseillaise, future 2e plus grande tour de la ville derrière sa voisine la tour CMA-CGM, et dessinée par le plus grand architecte français et l’un des plus connus au monde Jean Nouvel.
Made in Marseille vous propose de découvrir quelques unes des photos exposées et de mieux comprendre ce projet avec une interview exclusive de Jérôme Cabanel.
Tout d’abord, comment est venue cette idée de réaliser une exposition dans la rue ? Et pourquoi ?
J’ai proposé une idée d’exposition généraliste à Vinci, car j’apprécie l’idée de faire descendre la photo dans la rue et de ne pas l’enfermer dans des salles d’exposition ou des galeries (j’avais réalisé il y a 10 ans avec le groupe Vinci une exposition “Les Bâtisseurs” sur les palissades d’un chantier le Carré St Ginier avenue du Prado). Vinci a accepté la proposition en fixant la thématique de l’exposition : montrer ceux qui construisent la tour La Marseillaise – portée par le groupe immobilier Constructa – sur le terrain et dans les bureaux.
Exposer dans la rue représente plusieurs avantages, d’une part les images sont dans des formats plus importants, l’exposition a plus de visibilité, et est visible par tous. D’autre part, cela met à l’honneur tous ces travailleurs de l’ombre.
Les photos ont toutes été prises au début du chantier de la tour ?
Oui. La quasi totalité des images ont été réalisées mi-avril lors de la mise en place des premiers pieux de 1,5 mètres de diamètre et descendant à 30 mètres sous terre. Il y en aura 85 en tout.
Il est prévu deux autres expositions à l’issue de celle ci, seront-elles organisées exactement sur le même procédé ? C’est à dire au même endroit avec simplement des photos actualisées ?
C’est une question à étudier avec Vinci et Constructa dans un peu moins d’un an, mais pour ma part j’aimerais faire évoluer le concept. Nous disposerons d’une quantité beaucoup plus importante d’images, avec des reportages photographiques que je vais réaliser tous les mois sur le site jusqu’à la fin de l’opération en 2018. D’autres possibilités de présentation s’offriront à nous. Peut-être concevoir quelque chose de plus didactique avec des commentaires sous les visuels ?
Comment avez-vous choisi ces 63 photos parmi surement beaucoup d’autres ? Quel est message artistique ?
Le chantier n’étant qu’à ces débuts, je n’ai réalisé que deux reportages sur le site, ainsi je ne disposais pas d’un choix d’images si important que cela sachant qu’au final l’exposition comprend 63 prises de vues, ce qui est beaucoup.
Pour ma part, dans l’organisation des photographies, j’ai donné la priorité en terme d’espace à celles qui ont été réalisées sur le terrain plutôt que dans les bureaux car elles sont à mes yeux plus fortes de par l’effort des compagnons, le contact avec la matière et la dynamique des couleurs. Si on ajoute à cela la composition, nous obtenons les 4 critères principaux qui me guident dans le choix final de ce type de photographies. En effet, il est à mes yeux plus difficile de traduire par un visuel attractif le travail d’un ingénieur dans un bureau que celui d’un ouvrier sur le chantier.
Pour créer des “respirations” à l’intérieur de l’exposition -qui est assez dense dans sa présentation- j’ai opté pour le parti pris d’introduire des images de matière (boue, ferraille, carrosserie d’engins…) traitées en noir et blanc. Enfin, je n’ai pas voulu cliver d’un coté les hommes du terrain et de l’autre ceux des bureaux, c’est pourquoi tout est mélangé (les visuels des bureaux, du terrain et de matière).