Bienvenue dans la fabrique de la boule bleue, la plus vielle au monde, et la dernière en Provence. L’arrière-petit-fils du créateur de la marque nous a ouvert les portes de l’atelier où sont conçues ces boules très prisées des amateurs de pétanque.
En 1904, Félix Rofritsch, capitaine au long cours, pose ses valises à Marseille pour éviter de rentrer dans son Alsace natale redevenue allemande. Dans sa boutique d’articles, il se met alors à fabriquer des boules en bois clouté. Il en produit deux par jour. 114 ans plus tard, son arrière-petit-fils, Hervé Rofritsch, et ses dix employés produisent et vendent 15 000 triplettes des mythiques boules bleues. Il est à la tête de la plus vielle fabrique de boules au monde, « et la seule et dernière en Provence, à Marseille, berceau de la pétanque » explique-t-il non sans fierté.
Découvrez les secrets de la fabrication des boules bleues en vidéo :
Pourquoi la « boule bleue » ?
À partir de 1925, les boules recouvertes de clous telles les écailles de poisson, laissent la place aux boules en bronze et en laiton. Plus de 20 ans plus tard, le grand-père et le grand-oncle de Hervé Rofritsch créent les premières boules en acier trempé suédois. « Il s’agissait d’un alliage au carbone qui prenait des reflets bleutés lors du traitement thermique », raconte leur descendant. Car les boules sont chauffées à très haute température avant d’être refroidies brutalement par « trempage ».
« Ce sont les joueurs eux-mêmes qui ont donné les ont baptisé « boules bleues » » précise Hervé. La Maison Rofritsch décide d’adopter officiellement ce nom.
Un savoir-faire historique pour des boules haut de gamme
Le savoir-faire et le processus de fabrication en font des boules de grande qualité prisées par les joueurs de compétition. « La renommée est due au sur-mesure, la personnalisation grâce à la gravure du nom et des striages, la qualité, et la performance de nos boules, garanties cinq ans », explique le directeur de la boule bleue, « et puis leur authenticité : c’est la vraie boule de Marseille depuis 1904. Ça ne s’invente pas ! »
Lorsqu’elles arrivent à l’atelier de Saint-Menet (11e arrondissement), les boules ne sont que deux coquilles d’acier carbone ou inox, soudées et tournées. Elles sont alors personnalisées tant qu’elles sont tendres selon les demandes des clients : « Cela va du nom ou des initiales, aux phrases les plus farfelues » raconte Hervé. Les clients décident également de la présence ou noms des stries, et de leur nombre et forme. « Le striage permet à la boule de plus accrocher à la main et au sol ».
Une fois l’aspect travaillé, elles subissent un traitement thermique méticuleux. Avec un premier passage au four à 850 ou 960 degrés selon l’acier. Un refroidissement soudain par trempage dans de l’eau puis de l’acide va donner la qualité de l’acier. Un nouveau passage au four à température plus basse leur donnera la dureté souhaitée. Tendre, demi-tendre, très tendre, « plus une boule est tendre, plus elle est performante, car elle amortit les chocs avec le sol et les autres boules », explique le directeur de la boule bleue, « Les boules tendres favorisent les carreaux sur place. Encore faut-il savoir tirer !…»
La maison de la boule, boutique-musée dans le quartier du panier, permet de découvrir l’histoire de la boule et d’acheter les boules bleues.