Un mois après la grande audience qui s’est tenue au tribunal administratif de Marseille, le verdict vient de tomber : il reste un peu plus d’un an à l’usine Alteo de Gardanne pour stopper la pollution dans l’affaire des rejets des Calanques, dits « des boues rouges ». La date est limite de cette dérogation est fixée au 31 décembre 2019 au lieu de fin 2021, une petite victoire pour les associations écologistes.
Deux ans et demi après la fin des rejets de boues rouges au cœur du site protégé des Calanques, l’usine Alteo continue de rejeter en mer, un liquide incolore polluant comportant entre autres de l’arsenic, de l’aluminium et du fer, et qui dépasse les seuils autorisés. Fin 2015, le Préfet avait accordé une dérogation jusqu’en 2021 pour trouver une solution et maintenir l’activité de l’usine de Gardanne et les emplois, avant aujourd’hui que le tribunal administratif ne tranche pour un raccourcissement de ce délai, face à la pression des opposants.
« Cette annonce, bien que représentant un pas en avant pour le combat et l’environnement, reste insuffisante et bien en deçà des attentes de l’ONG. Surfrider Foundation Europe réitère la nécessité d’une réelle prise de mesures face à l’urgence de la préservation de la mer Méditerranée et de l’océan. L’ONG souligne aujourd’hui une victoire en demi-teinte sur cette affaire et reste attentive au suites concrètes qui lui seront données » précise l’association Surfrider Foundation Europe.
Pour justifier sa décision, le tribunal met notamment en avant dans un communiqué « l’existence d’incertitudes techniques résiduelles quant à l’impact environnemental et sanitaire à long terme de substances rejetées dans la mer Méditerranée pour lesquelles la dérogation a été accordée« . En revanche, le tribunal administratif n’a pas annulé l’arrêté préfectoral qui accordait une concession d’utilisation du domaine public maritime pour les canalisations permettant le rejet en mer des effluents liquides de l’usine d’alumine.
Le rapport souligne la nécessité de compléter l’étude d’impact pour connaitre les dangers environnementaux et sanitaires sur le site de « Mange-Garri » de Bouc-Bel-Air où sont stockés les résidus polluants, et à l’issue de cette étude, il demande la réalisation d’une consultation publique et le cas échéant, la publication d’un nouvel arrêté préfectoral comprenant des prescriptions complémentaires, le tout dans un délai de 6 mois.
Pour rappel, l’activité de l’usine Alteo est à l’origine de la fabrication des écrans plats ou de batteries, et aujourd’hui un maillon indispensable de l’industrie électronique. Alteo est d’ailleurs le leader mondial dans ce domaine.
Cette année, Alteo a investi 6 millions d’euros pour essayer de trouver la solution qui lui permettra de poursuivre son activité, qui emploi 450 personnes sur le site de Gardanne. Nous avions interviewé le directeur des opérations de l’usine au printemps, qui nous expliquait son projet « Une station de traitement des eaux résiduelles prendra place au cœur de l’usine de Gardanne et sera opérationnelle au début 2019. Les eaux rejetées en mer seront totalement conformes à la réglementation nationale sur les rejets des installations classées pour l’environnement. Les seuils autorisés de PH, et de teneur en aluminium ou en métaux lourds polluants comme l’arsenic seront alors respectés. Il reste deux paramètres qui sont encore en dérogation : la demande chimique et biologique en oxygène, qui n’ont pas vraiment d’importance au niveau du rejet en mer. C’est un milieu ouvert sans problème d’oxygénation“.