L’usine Alteo de Gardanne, qui rejetait jusqu’au 31 décembre 2015 les boues rouges dans les eaux turquoise des calanques, a dévoilé ce jeudi 15 mars une solution innovante pour réduire encore la pollution issue de la production d’alumine. Une nouvelle station de traitement au CO2 des eaux résiduelles diminuera dès 2019 les rejets de métaux lourds.
Après les boues rouges, des eaux résiduelles rejetées en mer
Voilà deux ans que les boues rouges ne sont plus rejetées en mer du côté des calanques de Cassis. Mais des eaux résiduelles polluées continuent d’être déversées. Frédéric Ramé, président d’Alteo a dévoilé ce jeudi sa solution “unique au monde” de traitement des eaux résiduelles, afin de les débarrasser presque entièrement des métaux polluants. Un investissement de six millions d’euros après plus de deux années de recherches.
Cette station de traitement des eaux résiduelles prendra place au cœur de l’usine de Gardanne et sera opérationnelle au début 2019. Son principe ? Injecter du gaz carbonique dans l’eau pour réduire le PH et augmenter l’acidité. Résultat : les métaux dissous deviennent solides et sont facilement récupérables.
Selon le directeur des opérations d’Alteo, Éric Duchenne, les eaux rejetées en mer “seront totalement conformes à la réglementation nationale sur les rejets des installations classées pour l’environnement”. Les seuils autorisés de PH, et de teneur en aluminium ou en métaux lourds polluants comme l’arsenic seront alors respectés. Toujours selon Éric Duchenne, “il reste deux paramètres qui sont encore en dérogation : la demande chimique et biologique en oxygène, qui n’ont pas vraiment d’importance au niveau du rejet en mer. C’est un milieu ouvert sans problème d’oxygénation“.
Depuis 2016, en arrêtant de rejeter des boues rouges dans la mer, Alteo avait déjà réduit “de plus de 99,95% le rejet de matières solides et de plus de 99% le rejet de métaux“, précise le président d’Alteo Frédéric Ramé.
Que deviennent les résidus ?
L’eau rejetée en mer devrait donc respecter un seuil de pollution “acceptable”. Alteo prévoit d’atteindre dès 2019 les normes de qualité concernant le PH et les concentrations métalliques fixées pour le 31 décembre 2021. Mais que deviennent les résidus polluants récupérés ?
La mise en place des “filtres-presses” en 2016 avait permis de mettre fin aux rejets des “boues rouges” en les déshydratant pour récupérer un “déchet sec”. Celui-ci est traité de trois manières différentes.
Une partie est stockée à Bouc-Bel-Air, sur la commune de Mange Garri. Recouverts de végétation, ou d’une “croûte”, ils sont censés être contenus. Malgré ces précautions et un système d’arrosage, associations et riverains sont inquiets des poussières que le vent peut répandre.
Une autre partie de ces déchets est valorisée. Soit comme matériaux de construction (expansion de béton par exemple) ou… comme dépolluant ! Car l’oxyde de fer (qui donne la couleur rouge aux boues) permet de piéger de nombreux métaux lourds.
Pour les déchets polluants récoltés par la future station de traitement des eaux résiduelles (aluminium, arsenic, et autres métaux lourds) la question reste encore ouverte.
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