En février, le port de Marseille a lancé un appel à projets pour réfléchir à l’avenir du quai de la Lave, situé à l’Estaque (16e) entre l’Espace Mistral et le port de Corbières, un secteur aujourd’hui laissé de côté. Entre l’extension économique du port de Corbières ou l’aménagement d’espaces publics, les intérêts divergent sur ce petit bout de littoral marseillais.
Bien loin de l’agitation du centre-ville, le quai de la Lave, à l’Estaque, appartient au secteur Nord de Marseille. C’est un quai à valoriser, puisqu’il n’est actuellement utilisé que pour la mise à l’eau de bateaux de plaisance, et aux loisirs de pêche pour quelques riverains. L’état des lieux est également à déplorer, en effet le quai est jonché de nids de poules et de détritus sauvages. L’appel à manifestation lancé par le Grand Port Maritime de Marseille (GPMM) pourrait donc permettre un nouvel d’espace public de qualité en bord de quai, comme le désirent certains habitants, ou bien le développement de l’activité économique portuaire, comme le stipule l’appel à projets.
Une valorisation de l’espace vert cohérente voulue par les habitants
Pour les Marseillais interrogés et le Comité d’Intérêt de Quartier (CIQ), la priorité devrait être la prolongation de l’Espace Mistral. Le quai de la Lave serait alors transformé en un espace vert, avec « un accès à l’eau, des payottes et pourquoi pas un terrain de boules » comme nous le confie un habitant rencontré sur place.
Le CIQ a décidé de répondre à l’appel à projets du GPMM et a réalisé un projet d’aménagement qui sera déposé avec ceux des industriels. André Rieusset, vice-président du CIQ de l’Estaque, met en avant le souhait du Comité d’avoir un « contact avec l’eau ». « Nous, ce que nous aimerions, c’est faire comme l’Espace Mistral, avec une promenade supplémentaire pour les Estaquéens, les Marseillais et les touristes. En ce moment c’est la période des navettes maritimes. Les gens qui viennent pourraient apprécier un peu plus l’Estaque que ce qu’ils l’apprécient aujourd’hui. » Les plans et schémas réalisés sont dessinés, mais le CIQ se dit « réaliste ». « Notre idée ne correspondra jamais avec celui du port, on ne se fait pas d’illusion, même si c’est un projet qui tient la route. »
Les éléments forts du projet voulu par les habitants :
« Pas d’activité industrielle
L’accès à la mer sur l’ensemble du Littoral Nord pour les habitants,
L’aménagement d’Espaces Publics privilégiant les activités de loisirs pour tous.
Un projet en cohérence avec l’aménagement de la RD 568 piloté par le Conseil Départemental 13.
Des parkings publics favorisant l’accès et l’utilisation des transports collectifs
La circulation de la Navette Maritime et du bus 35 jusqu’à Corbières toute l’année. »
D’ailleurs, leur candidature peut s’appuyer fermement sur la Charte Ville-Port signée en 2012 entre la mairie et le GPMM, qui identifie le secteur Nord comme un pôle d’attractivité pour la plaisance et le tourisme. La reconversion du site prévoyait même une extension des plages de Corbières, pour un port de grande plaisance.
L‘ambition économique du GPMM pour booster son activité
D’un autre côté, selon l’appel à la manifestation d’intérêt, la parcelle de 13 700m² devrait être valorisée « à travers des projets économiquement cohérents, porteurs d’innovation et de valorisation de la façade maritime de la ville. » Le GPMM a la volonté de créer une zone tertiaire, scientifique et industrielle dédiée aux acteurs de la filière maritimo-portuaire, ainsi qu’un pôle de services. Toujours selon le GPMM, cette zone a vocation à accueillir, entre autres, des activités économiques liées à la robotique de surface et sous-marine, les nouvelles technologies, l’environnement et l’économie bleue (une économie circulaire fondée sur les ressources locales).
Le quai de la Lave pourrait donc être valorisé économiquement par l’arrivée d’investisseurs. Il pourrait devenir un espace supplémentaire dédié aux innovations technologiques, aux activités de formation et de recherche. Il pourrait également redynamiser l’Estaque et créer de nouveaux emplois en rapprochant ce bout de Marseille un peu plus près de l’activité portuaire.
D’autant que si le GPMM est contraint par la Charte Ville-Port, il également demeure le propriétaire foncier des lieux. Il déterminera quel projet lui semble le plus pertinent et solide économiquement. Pour les Estaquéens, la réponse du port de Marseille est d’ailleurs toute trouvée « Si j’étais le propriétaire du port, je voudrais qu’il soit rentable. », souligne un riverain. Le GPMM appréciera donc seul quel candidat apportera la meilleure solution sur ce bout de Marseille protégé du Mistral. L’appel à projets prenant fin le 31 mai 2018, le GPMM devrait se prononcer dans les prochaines semaines.