Installation de jardinière et pots de fleurs, arbres plantés, création de jardins partagés… La nature s’invite progressivement dans le centre-ville de Marseille. Une végétalisation insufflée bien souvent par les habitants et même plus récemment par les commerçants. Tous à la recherche de plus de verdure dans leur quartier.

Noailles, Cours Julien, le Panier… Ces quartiers emblématiques de Marseille ont tous au moins un trait commun : la végétalisation de certaines de leurs rues. Depuis la semaine dernière, celui autour de la rue Sainte (7e) va pouvoir s’ajouter à la liste de ces quartiers où fleurs et plantes côtoient le bitume. Samedi 14 avril dernier, les premiers pots et jardinières ont été installés. D’autres vont suivre pour arriver au total de 56 implantations sur une vingtaine de spots répartis le long de la rue Sainte et de la rue Neuve Sainte-Catherine.

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Les lieux d’implantation des 56 premiers pots du quartier autour de la rue Sainte.

« C’est une étape nouvelle dans la reconfiguration de la rue Sainte qui aujourd’hui a repris une nouvelle dynamique à travers l’installation de commerces qui présentent un certain cachet et où les entrepreneurs ont eu à cœur de soigner leur concept », met en avant Sabine Bernasconi, maire des 1er et 7e arrondissements de Marseille. Car l’idée de végétaliser le quartier est ici partie d’une association de commerçants qui a eu l’envie de rendre la rue plus attractive.

Chaque commerçant a ainsi signé une charte avec la mairie du 1er secteur s’engageant , À Marseille : habitants, assos et élus se lancent dans la végétalisation du centre-ville, Made in Marseille à « adopter un pot ». « Ce sont eux qui vont, individuellement, s’occuper de l’entretien des pots. Poser des pots est bien joli, mais il faut aussi anticiper l’entretien », précise la maire. Rentrer les pots le soir, s’assurer qu’aucun déchet n’a été jeté dedans, que les plantes vont bien… Les commerçants ont donc en charge le ou les pots et jardinières installés devant leur boutique.

« Le souhait est ensuite que les habitants participent eux aussi à la végétalisation. Car chacun peut à titre individuel faire la demande d’un « Visa Vert » auprès de la mairie pour installer un pot devant chez lui », explique Isabelle Deiber-Gentet, présidente du C.I.Q Rive-Neuve.

Le Visa Vert, le laisser passer pour la végétalisation des rues à Marseille

Face à l’engouement du retour , À Marseille : habitants, assos et élus se lancent dans la végétalisation du centre-ville, Made in Marseille de la nature en ville, la ville de Marseille a adopté en octobre 2015 le « Visa Vert ». En d’autres termes, une charte de végétalisation de l’espace public. Son but ? Accompagner et soutenir les initiatives de verdissement des rues et promouvoir les actions collectives qui contribuent à embellir le cadre de vie.

Un peu plus de deux ans après sa mise en service, 35 projets déposés ont été validés. Ils émanent de particuliers, d’associations, de centres sociaux, d’écoles ou encore d’associations de commerçants. « On est là pour aider et empêcher tout problème. On essaye d’être accélérateur tout en disant « Ça vous ne pouvez pas le faire car vous mettez en danger autrui » », explique Monique Cordier, adjointe au maire en charge des espaces naturels, des parcs et jardins.

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Pour l’élue, le Visa Vert est indispensable au bon fonctionnement de la végétalisation des rues. « On vérifie que les projets respectent toutes les normes. Par exemple, qu’ils n’empêchent pas la visibilité des passages protégés, qu’ils permettent le passage des personnes handicapées ou des poussettes, que les branches ne sont pas à hauteur des yeux… Il y a des points auxquels les gens ne pensent pas forcément et on est là pour y penser », précise Monique Cordier.

L’ajout d’une étape administrative n’a-t-elle pas aussi eu pour effet de freiner l’engouement des habitants ou des commerçants pour la végétalisation ? L’avis diverge sur la question. « Qu’est-ce que cela a vraiment permis en termes de végétalisation ? », questionne sceptiquement Mathieu Trigon, membre du Collectif Noailles. « Il est très facile de végétaliser sa rue si on le veut, malgré ce côté administratif », tempère de son côté Philippe Cahn, membre du collectif « Les Incroyables Comestibles », à l’origine de la création de potagers dans une rue du 7e arrondissement.

Des initiatives citoyennes qui peinent à se développer

En 2015, une petite portion de la rue Samatan (7e), a été investie de plusieurs pots. De fleurs, mais aussi de différents petits comestibles, comme nous vous en parlions déjà à l’époque ici. Un mouvement spontané des habitants de l’un des immeubles et à destination de tous. Car chacun – habitant, voisin, touriste – peut mettre la main à la terre et s’occuper des plantations.

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Trois ans après ses débuts, le mouvement semble un peu s’essouffler. « Le projet n’a pas beaucoup évolué, mais il n’est pas mort ! », tient tout de même à préciser Philippe Cahn. « Personne ne s’en est trop occupé cet hiver, mais avec le printemps, c’est reparti, toujours de façon spontanée », ajoute-t-il.

Malgré tout l’enthousiasme des porteurs du projet, cette première graine semée n’a pas réussi à contaminer le reste du quartier. « C’est un quartier avec beaucoup de petites maisons qui ont leur propre jardin. Les gens ne sont donc peut-être pas en manque de vert ou de potager et ne ressentent pas le besoin d’en installer dans la rue », explique-t-il simplement.

Du côté du centre-ville plus urbain comme à Noailles, où la végétalisation là aussi est apparue à l’initiative des habitants dès le début des années 2010, l’engouement ne s’est pourtant pas beaucoup répandu non plus. « La semi-piétonnisation ou la piétonnisation totale des rues est un préalable pour que les habitants puissent les réinvestir. C’est d’ailleurs ce qu’il s’est passé dans les rues qui ont été réaménagées », souligne Mathieu Trigon.

Le meilleur exemple est celui de la rue de l’Arc où quasiment chaque centimètre de trottoir a été investi par une plante. La rue a été rendue piétonne en 2013 et les travaux ont intégré des espaces au sol afin d’y planter directement des végétaux. « Quand les pouvoirs publics s’occupent de la végétalisation, ça marche bien. Ce qui serait bien, c’est qu’à l’avenir, la métropole intègre dès le départ des projets la plantation d’arbres lorsque c’est possible et l’installation de pots et jardinières », souhaite Mathieu Trigon.

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La rue de l’Arc est le meilleur exemple de la végétalisation du quartier Noailles grâce à la piétonnisation de la rue © AP
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Les jardins partagés aussi ont la côte

Du côté des 2e et 3e arrondissements de Marseille, la végétalisation passe davantage par la création de jardin que d’installations de pots dans les rues. « Il y a très peu de jardins, si ce n’est le jardin Vaudoyer près de la mairie, dans les 2e et 3e arrondissements. On a multiplié dans le secteur les espaces consacrés à un jardin pédagogique ou un jardin partagé pour que les habitants puissent avoir le plaisir de venir toucher la terre ou faire pousser des arbres ou des plantes », résume Lisette Narducci, maire (LR) de ce secteur.

Les habitants se sont regroupés en collectif et travaillent sur des espaces mis à la disposition par la municipalité. Différents jardins partagés sont ainsi sortis de terre : le jardin Spinelly, le jardin de Gibraltar ou encore le jardin de Ruffi.

Il y en a un, par contre, qui se fait attendre depuis de nombreuses années. « Il est attendu comme le Messi », des dires mêmes de Lisette Narducci : le jardin de la place du Refuge. L’espace est en friche depuis 2006 après l’effondrement du bâtiment qui s’y trouvait, comme nous vous en parlions déjà ici. 10 ans plus tard, la maire présentait un projet pour y installer un jardin partagé. Aujourd’hui, le projet retenu est celui mêlant jardin public et espace potager. Les travaux peinent toutefois à démarrer et accusent déjà plus d’un an de retard.

En attendant sa sortie de terre, les habitants peuvent se rabattre sur les nombreuses plantes qui fleurissent un peu partout dans les rues du Panier. Un quartier précurseur en matière de végétalisation et dont la présence de plantes ne se réduit pas malgré le temps qui passe. L’explication réside peut-être dans le fait qu’il combine à la fois des habitants investis et des rues pour la plupart piétonnes.

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Par Agathe Perrier

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