Avant de devenir cette brasserie emblématique à l’angle du Vieux Port et de la rue de la République, la Samaritaine a été pendant quelques années… Un magasin de lingerie ! Devenu brasserie depuis 1910, l’établissement a su résister au temps.
L’histoire de la Samaritaine débute avec la création de l’actuelle rue de la République, dans les années 1860. Son but ? Relier l’ancien et le nouveau port, respectivement le Vieux-Port et le port de la Joliette, pour faciliter la circulation entre les deux. Pour cela, il a été nécessaire de percer des collines, les buttes des Carmes et des Moulins, pour donner naissance à celle qui se fait alors baptisée rue Impériale. Dès son inauguration en 1864, de nombreux commerces s’y installent.
De la lingerie à la brasserie
Parmi eux, un grand magasin de lingerie : La Samaritaine, créé dès le lancement de la rue Impériale, en 1860. À cette époque, Marseille est en pleine expansion économique. Cependant, dès le début du 20e siècle, en raison de la crise économique qui commence à frapper l’Europe et la France, le grand magasin de lingerie connaît des difficultés et doit fermer ses portes.
En 1910, trois associés rachètent les actions de la Samaritaine. Déjà propriétaires de cafés à Marseille, ils décident d’en faire une brasserie. C’est donc à cette date que démarre vraiment l’histoire de La Samaritaine telle qu’on la connaît actuellement.
Parmi les trois associés initiaux, se trouve un certain monsieur Zutta. Cet immigré italien, qui a fui la misère de son pays à l’âge de 16 ans, s’est installé à Marseille et y a exercé divers petits boulots, souvent fastidieux, avant d’investir ses économies dans des cafés. Dès 1927, il se retrouve seul à la barre de La Samaritaine et mène sa brasserie aux côtés de sa famille. C’est d’ailleurs son fils, Pierre, qui prendra la relève par la suite puis, à la mort de ce dernier, son petit-fils, Ernest.
Une brasserie qui a su résister aux aléas
Au début du 20e siècle, La Samaritaine fait le bonheur du milieu marin. De nombreux armateurs tels que la Compagnie Charles Le Borgne, Paquet, CGM ou encore Freyssinet s’installent dans les alentours du Vieux-Port et de la brasserie. Leurs employés fréquentent alors régulièrement l’établissement, qu’ils soient armateurs, capitaines ou seulement marins ou employés.
Si les compagnies ont disparu au fil du temps, La Samaritaine est, elle, bien restée en place. Et ce malgré un incendie vers les dernières heures de l’occupation allemande qui a entraîné la fermeture de la brasserie qui n’a pu rouvrir qu’en 1948. Aujourd’hui, La Samaritaine est un établissement qui ne passe pas inaperçu sur le Vieux-Port et qui attire de nombreux touristes. Il faut dire que son emplacement est idéal, surtout sa terrasse, dès les beaux jours notamment, pour déguster un bon café avec vue imprenable sur la Bonne Mère.
Pourquoi un tel nom ?
Jusqu’en 2005, il existait également à Paris un autre grand magasin baptisé lui aussi La Samaritaine et créé en 1870. Si les deux établissements étaient complètement indépendants l’un de l’autre, leur nom, lui, a la même origine.
Cette dernière se trouve dans la bible. La Samaritaine y est une femme d’une région appelée la Samarie, qui rencontra Jésus près d’une source et lui donna à boire, alors que pourtant les Samaritains étaient rejetés par les Juifs. D’où l’expression « être un bon samaritain ».
À Paris comme à Marseille, les deux établissements ont été installés près d’une source d’eau : une « pompe à eau » pour le premier et une source avec une grande fontaine pour le second. Bien que transformé en brasserie en 1910, l’établissement marseillais a gardé son nom initial, qu’il conserve d’ailleurs encore aujourd’hui.
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Par Agathe Perrier