D’après une étude scientifique, le recours à une agriculture entièrement biologique permettrait, dès 2050, de nourrir plus de 9 milliards d’individus. Pour se faire, deux conditions doivent obligatoirement être tenues : réduire le gaspillage alimentaire et la consommation de produits d’origine animale.
Cette nouvelle étude a été révélée par la revue scientifique Nature Communications et s’avère être l’enquête la plus aboutie sur ce sujet. Les chercheurs européens qui ont travaillé sur cette question affirment ainsi qu’il sera possible de nourrir plus de 9 milliards de personnes en 2050 grâce à une agriculture 100% biologique.
Une bonne nouvelle qui ne tombera toutefois pas du ciel. Pour atteindre ce résultat, des efforts vont devoir être faits en matière de gaspillage alimentaire, de consommation de protéines animales et d’émissions de gaz à effet de serre. Il faudra aussi convertir les surfaces agricoles au bio : actuellement, le bio ne représente que 6% des terrains agricoles en France et 1% dans le monde. Et favoriser la production de proximité, les circuits courts, pour limiter la pollution dans les transports et mieux maitriser la traçabilité.
À lire aussi
Quels impacts d’un passage au 100% bio seul ?
Pour réaliser cette étude, les chercheurs européens se sont basés sur, d’un côté, une population de plus de 9 milliards d’êtres humains en 2050 et, d’un autre côté, une augmentation nécessaire de 50% de la production agricole pour nourrir la planète à cette date.
Pour augmenter la production agricole et passer au 100% bio sans rien changer à notre comportement alimentaire actuel, l’étude révèle qu’il faudrait mettre en culture 16% à 33% de terres en plus dans le monde. Contre seulement 6% en restant en agriculture conventionnelle, ce qui s’explique par le fait que les rendements du bio sont plus faibles.
Une augmentation de la surface agricole qui aurait différents effets, positifs et négatifs : une réduction de la pollution due aux pesticides et aux engrais de synthèse mais aussi une hausse de la déforestation de 8% à 15%. Les chercheurs concluent donc qu’un passage uniquement au 100% bio ne serait pas viable dans le temps.
L’hypothèse la plus viable : moins de viande et de gaspillage
Les chercheurs ont alors imaginé plus de 160 scénarios possibles pour réussir à passer au 100% bio sans augmenter la surface des terres agricoles. Et c’est en introduisant deux changements majeurs : la réduction du gaspillage alimentaire et de la consommation de protéines animales.
Aujourd’hui dans le monde, un tiers des terres cultivables est occupé pour faire pousser des végétaux comme du soja, du maïs ou du blé destinés à nourrir les animaux de bétail. Cette production pourrait être détournée vers l’alimentation humaine bio, ce qui entraînerait par conséquent une baisse de l’élevage et une réduction des produits d’origine animale tels que la viande ou les produits laitiers par exemple.
Une combinaison alliant du bio, peu de viande et moins de gaspillage est-il donc l’avenir pour la planète ? Les chercheurs ne se positionnent pas sur les solutions à adopter et laissent le choix aux politiques. D’autres chercheurs émettent quant à eux des doutes face aux résultats de l’étude, notamment sur le choix des hypothèses.
Pour aller plus loin
Par Agathe Perrier