Il y a 50 ans, à l’occasion de la construction du centre commercial « Centre Bourse », les premiers vestiges grecs hérités de l’histoire de Marseille sortent de terre. Une découverte qui a entraîné une adaptation des plans initiaux du bâtiment pour créer le musée d’Histoire de Marseille ainsi qu’un jardin des vestiges.

Avant de devenir un centre commercial, les terrains dits de « derrière la Bourse », car situés derrière le Palais de la Bourse de la Canebière (1er), forment un quartier multiculturel et assez pauvre de Marseille. C’est même l’une des zones les plus peuplées de la ville. Au début du 20e siècle, en raison de l’insalubrité et du manque d’hygiène dans le quartier, il est décidé tout bonnement de le détruire. C’est chose faite à partir de 1912.

Le début de la Première Guerre mondiale stoppe le chantier pendant un temps. Avant de reprendre entre 1922 et 1937, pour laisser place à un immense terrain vague. Ce dernier sera transformé d’abord en jardin, mais les destructions de la Seconde Guerre mondiale le laissent en friche. Dès lors, il est utilisé comme parking sauvage.

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Destruction des quartiers de derrière la Bourse © Vieux Marseille

Gaston Defferre, maire de Marseille à partir de mai 1953, souhaite alors redynamiser le quartier de derrière la Bourse. Un vaste projet qui comprend des logements, un parking de 2 000 places et un centre commercial est imaginé sur le terrain. Le chantier commence au début des années 1960 avec la construction des trois tours de logements appelées Tours Labourdette du côté du cours Belsunce. Début 1967, les travaux du centre commercial et du parking débutent afin de mettre un point final à ce projet.

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Les terrains de derrière la Bourse à l’époque du jardin © Vieux Marseille

La révélation des vestiges grecs

Dès le début du chantier, des vestiges sont découverts. Il s’agit de ceux d’une nécropole, de docks romains, d’installations portuaires et de bateaux. Gaston Defferre souhaite poursuivre la construction du centre commercial et du parking, quitte à déplacer les vestiges pour les intégrer dans le jardin prévu dans le projet, mais des archéologues et habitants montent au créneau. Ces derniers souhaitent le maintien des vestiges en lieu et place.

Il faudra attendre octobre 1967 et un arrêté d’André Malraux, alors ministre de la Culture, pour que le chantier soit stoppé et que les fouilles puissent démarrer. La municipalité accepte finalement la sauvegarde des vestiges sur le lieu de leur découverte et adapte le projet initial en fonction de leur présence.

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Plan du jardin des vestiges © Robert Valette | Légende : 1a- Corne du port, 1b- quai de pierre, 1c- plate-forme de décharge, 2a- Tracé des fortifications grecques de la deuxième moitié du iie siècle av. J.-C., – 2b- Mur de Crinas, 2c- Tour nord, 2d- Tour penchée, 2e- Courtine, 2f- Tour sud, 3- Avant-mur (ve siècle), 4- Bassin d’eau douce, 5- Terrasse funéraire à triglyphes bas, 6a- Puits disparu, 6b- Terrasse funéraire disparue, 7- Voie d’entrée (pavage), 8- Centre commercial

Quels sont les vestiges exposés ?

10 000 m² de vestiges sont finalement sauvegardés, correspondants aux remparts et au port antique, sur les 30 000 m² de la zone. Le Centre Bourse est inauguré 10 ans plus tard, en 1977. Après des fouilles de plus de 10 ans, le musée d’Histoire de Marseille est créé en 1983 et se trouve accolé au jardin des Vestiges. On y trouve :

  • Le port antique et les quais romains. Un bateau de 23 mètres de long datant du 3e siècle y a été retrouvé au cours des fouilles. Il est actuellement exposé au musée d’Histoire.
  • Des fortifications grecques : c’est la plus ancienne découverte qui a été faite lors des fouilles du Centre Bourse. Ces fortifications dateraient du 6e siècle avant Jésus-Christ.
  • Une voie composée de grandes dalles en pierre de Cassis.
  • Un bassin d’eau douce, à proximité de la galerie du Centre Bourse, de près de 500 m3. Il servait à l’alimentation en eau des bateaux.
  • Des enclos funéraires : au nombre de deux, l’un a été détruit pour laisser place au Centre Bourse.
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Le jardin des vestiges et au fond, deux des trois Tours Labourdette

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S’ils sont les premiers à avoir été découverts, les vestiges grecs du Centre Bourse ne sont pas les seuls à avoir été révélés au grand jour. Dernièrement, du côté de la Corderie (7e), des vestiges d’une ancienne carrière grecque de calcaire datant de – 500 avant Jésus-Christ ont été découverts sur un chantier destiné à accueillir un projet immobilier. Depuis, les habitants se sont mobilisés pour y aménager, comme derrière le Vieux-Port, un jardin des vestiges. Une histoire dont on a déjà parlé ici.

Pour aller plus loin

Par Agathe Perrier

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