C’est le débat du jour sur internet, pour ou contre la délocalisation de l’Assemblée Nationale ? Quelques heures après les déclarations du député En Marche, Adrien Taquet, l’idée ne devrait pas faire grand chemin, mais elle a le mérite de mettre en avant les limites du Parlement actuel.
On le sait, le président Emmanuel Macron est un fervent admirateur de la cité phocéenne, il est d’ailleurs venu passer ses vacances à Marseille quelques semaines après son élection. Mais, de là à installer son Parlement hors les murs, loin du mythique Palais Bourbon, il y a un fossé.
Dans une déclaration un peu provocatrice faite sur le site de la Fondation Jean Jaurès et qui a pour principal objectif de faire réfléchir sur les outils démocratiques, Adrien Taquet, député La République en Marche des Hauts-de-Seine, se demande s’il faut raser le Palais Bourbon, qu’il juge inadapté à l’usage actuel des élus, et déménager l’Assemblée Nationale à Marseille.
Et si on délocalisait l’@AssembleeNat à #Marseille ?
Ma contribution, légèrement provocatrice et résolument prospective, à la modernisation de nos institutions. Quoique. @j_jaures @LeHuffPostBlog @finchelstein @Jeremie_Peltier https://t.co/e7UEnTe5Rs— Adrien Taquet (@AdrienTaquet) 13 novembre 2017
Ses arguments sont explicites « S’avouer ensuite que le Palais Bourbon est une hérésie architecturale au regard des standards contemporains du bien-être et de l’efficacité au travail. Le confort remonte au XIXesiècle, la connectivité au XXe : sous les toits, des cages à lapin pour bureaux, dont le seul charme est de nous rappeler la chambre d’étudiant de nos 20 ans ; des espaces dédiés au travail collectif peu nombreux, qui favorisent davantage la déprime que le partage ; un hémicycle fortement déconseillé à toute personne mesurant plus d’un mètre soixante-quinze (ne parlons pas des personnes en situation de handicap) ; un amour, inassouvi semble-t-il, du papier ; un réseau sur courant alternatif, qui nous rappelle lui aussi nos 20 ans et notre modem 56K. Réjouissons-nous d’être une vieille démocratie, mais admettons avoir perdu au change en termes d’efficacité si l’on se compare à Berlin ou à Riga. »
Il va encore plus loin en proposant « À l’image de ce qui se fit de façon très éphémère pour le Conseil des ministres, pourquoi ne pas imaginer siéger une fois par mois loin de Paris ? Symbolique diront certains, mais cela mettra une région à l’honneur tout en rapprochant les citoyens de leurs représentants. »
Et poursuit « Que faire du Palais Bourbon dès lors ? Une maison de la démocratie, vivante et ouverte à tous, qui ne se contente pas de sacraliser notre histoire mais offre des espaces d’échanges et de débats pour les autres acteurs de la démocratie que sont les associations. Le siège du nouveau Parlement des enfants aussi, que l’on créerait à cette occasion pour qu’ils nous saisissent sur les sujets d’avenir qui les préoccupent. »
Ce que l’histoire du député LREM ne dit pas, c’est bien où délocaliser l’Assemblée à Marseille ? Si la ville compte de nombreux hémicycles (hôtel de ville de Marseille, hôtel du département des Bouches du Rhône, hôtel de région Provence Alpes Côte d’Azur), aucun n’ont la capacité d’accueillir plus de 300 personnes.
De son côté, Dominique Tian, 1er adjoint à la mairie de Marseille et ex-député, a réagit ce matin sur France Bleu Provence « Je crois que c’est un fada. C’est une proposition un peu bizarre. Adrien Taquet n’en mesure peut-être pas les conséquences. On ne va pas rejouer la scission, l’exemple catalan. Le pouvoir est à Paris, c’est une évidence. Marseille est une capitale régionale et c’est déjà pas mal. Et même décentraliser certaines sessions, ça coûterait de l’argent. »