La Ville de Marseille a sélectionné le lauréat de son appel à projets lancé en 2016 pour trouver un nouveau locataire à la Villa Valmer. Il s’agira d’un hôtel de luxe avec notamment 39 chambres, piscine, brasserie et spa. Le parc public devrait quant à lui rester « à 90% accessible aux Marseillais » d’après les élus. Seule la partie bétonnée autour des bâtiments sera privatisée pour l’hôtel.
Le projet sélectionné par le jury municipal est porté par l’agence d’architecture marseillaise « 331 Corniche » pilotée par les architectes Vincent D’Ortoli et Philippe Puvieux. « [Le] groupement a proposé le projet d’un hôtel indépendant 5 étoiles, avec une
affiliation prestigieuse de type Leading Hôtels of the World ou Small Luxury Hotels de 39 chambres, avec une brasserie, une salle de sport, un petit spa, une salle de séminaire, une piscine extérieure et un parking souterrain de 15 places. Cet hôtel pourra également être complété par un projet culturel à développer en lien avec le parc public », met en avant le rapport de la Ville de Marseille adopté ce 9 avril 2018 lors du Conseil municipal. L’investissement global du promoteur est de 13,9 millions d’euros pour réaliser les travaux.
Concernant la gestion du futur hôtel, il s’agit d’une occupation par un bail emphytéotique d’une durée de 60 ans, pour un loyer annuel de 300 000 euros versé à la ville.
La mairie a dévoilé ces deux visuels du projet pour la Villa Valmer, précisant toutefois qu’il s’agit « d’images d’avant-projet » et de « documents non contractuels ».
Pourquoi le choix d’un hôtel 5 étoiles ?
Au total, la ville a reçu six candidatures à son appel à projets pour la Villa Valmer : quatre d’hôtels, une école internationale et un centre d’affaires culturelles. Pourquoi avoir choisi le projet d’hôtel ? « Les détails qui ont conduit le jury à choisir cet hôtel font partie des secrets de la délibération », explique Yves Moraine. Le bail avec le groupement est fixé pour une durée de 60 ans. Le loyer est, lui, de 300 000€ minimum par an auquel s’ajoutera une part variable, sans plus de précision à ce sujet.
Pour la Ville de Marseille, l’objectif avec le projet d’hôtel choisi est de favoriser la dynamique économique et touristique de Marseille et « passer d’un bâtiment qui coûte et se dégrade a un bâtiment qui rapporte ». « On compte 8 000 chambres à Marseille et la demande est forte. Et pour attirer de grands congrès et de grands événements, il faut de grands hôtels », ajoute Jean-Claude Gondard, directeur général des services, pour justifier la pertinence d’un hôtel 5 étoiles.
De son côté, l’opposition socialiste avec à sa tête son président, Benoît Payan, aurait souhaité voir se réaliser un tout autre projet à la Villa Valmer : une résidence d’artistes. « J’aurais essayé de ne pas privatiser. Mais comme c’est dur de faire quelque chose en maîtrise d’ouvrage public complète, on peut essayer de faire quelque chose de partagé comme une résidence d’artistes à l’instar de la Villa Médicis sans tomber dans le même élitisme. Ça aurait du sens à cet endroit-là car on n’en a pas en Méditerranée et on en aurait besoin, et ça aurait du sens pour la ville », explique-t-il.
Un hôtel de luxe avec accès direct à la mer ?
Après l’hôtel Intercontinental qui a investi l’ancien Hôtel Dieu derrière la mairie, le Sofitel qui trône sous le palais du Pharo, le Petit Nice sur la Corniche et le très nouveau tendance hôtel C2 proche du Palais de Justice, Marseille accueille donc un nouvel hôtel cinq étoiles.
Selon une enquête de Marsactu en date de novembre 2017, qui a eu accès à une plaquette présentant l’avant-projet, le projet prévoit un restaurant gastronomique qui serait tenu par Jean-Marc Banzo, ancien chef étoilé du Clos de la Violette à Aix-en-Provence et à la Villa Madie à Cassis.
Si le projet tel qu’exposé dans la plaquette se concrétise, l’hôtel bénéficierait d’un accès privé à une petite crique en contre bas sur la Corniche. Il devrait donc vite faire des envieux auprès des concurrents. Aujourd’hui, seul l’hôtel C2 propose à ses clients de profiter de sa petite plage privée sur l’îlot Degaby, quand d’autres doivent se partager des bouts de plages privées du côté du parc balnéaire du Prado.
Notre croquis pour vous expliquer la situation :
- En orange, la zone « bétonnée » occupée par la Villa Valmer, les bâtiments autour, l’accès voiture et son parvis, sera privatisée et occupée par les futurs locataires
- La zone en vert est l’espace naturel en zone tampon, non privatisée et non occupée, mais entretenue par les futurs locataires. La ville nous avait expliqué « Cette zone tampon n’a pas vocation à être occupée par le futur locataire, mais dont l’entretien et notamment l’élagage sera à sa charge«
- Le reste du parc (zone UV2) devrait rester en accès libre et public
La privatisation représenterait selon la ville 90% de la zone du parc accessible au public. Nous avons repris l’emprise de la zone orange et supprimé la partie déjà inaccessible au public des bâtiments récents qui jouxtent la Villa, pour créer une nouvelle zone rouge qui correspond à la future zone privatisée pour l’hôtel.
Les opposants déjà sur le pont
La grande interrogation porte sur l’accès de la population au parc. D’après la mairie, il restera 90% du parc accessible au public et 100% de la partie boisée. « Le parc fait deux hectares et demi et l’objectif du bail porte uniquement sur la partie construite et la terrasse, soit des espaces qui n’étaient déjà pas utilisés par la population », met en avant Yves Moraine.
L’opposition reste toutefois sceptique face à cette affirmation, jugeant que la partie concernant l’accès à la mer et au jardin reste floue. « Je n’ai pas l’intention de rester les bras ballants face à cette décision de la mairie. Ils nous auront sur leur chemin », met en garde Benoît Payan.
Le lancement de l’appel à projets avait suscité la polémique fin 2016 et la création d’une pétition signée par plus de 15 00 personnes, ces dernières informations ne manqueront pas de raviver la flamme pour tenter d’empêcher notamment la privatisation d’une partie du jardin public. Lire notre reportage ici.
Hervé Menchon, élu écologiste et fer de lance de l’opposition sur ce projet s’était d’ailleurs déjà exprimé publiquement sur le sujet.
Publié le 10 novembre 2017, mis à jour le 10 avril 2018
Marre de cette » gentrification » de Marseille : marre de ces 5 étoiles , de ces restaurants gastronomiques ,
de ces plages privées… A quand les énormes yatchs qui , comme à St Tropez ou à Antibes empêchent de
voir les maisons du port ? Marseille n’est pas Cannes ou Nice et ne doit pas chercher à les imiter .
Marseille a une toute autre personnalité , bon enfant , populaire et mélangée. C’est la Marseille que j’aime ;
dans la nouvelle que l’on veut « monter en gamme « , je ne m’y sentirai pas à l’aise et… je n’ai pas les moyens !
C’est ainsi que les marseillais sont dépossédés de leur ville pour attirer des gens qui ne font qu’y passer .
Ils s’entassent sur les plages publiques et l’on parle de privatiser une calanque ( et le respect de la loi
littoral que devient-il dans ce cas ? )
On avance toujours les retombées économiques de ce tourisme de luxe mais certains des quartiers de
Marseille sont parmi les plus pauvres de France , voire d’Europe et n’en voient jamais la couleur …
Je trouve que ce projet est scandaleux! Il y a toute une vie de quartier qui se passe autour du Théatre Sylvain, du pont de la Fausse Monnaie….allez voir en toutes saisons les promeneurs, les amateurs de bain en pleine mer..Ils snt heureux …et ne dérangent personne!Déjà Passedat est un gros obstacle…fréquenté par une toute autre faune…laissez donc, Monsieur le Maire,les petites gens d’Endoume profiter en paix de leur accès à la mer…Imaginez qu’on vous colle un établissement 5 étoiles à Sormiou ?
Une ancienne du quartier, exilée à Mazargues…qui voit se réduire les espaces publics en bord de mer!!!
Passedat n’est pas un gros obstacle. Ce restaurant existait déjà il y a de nombreuses années, époque où Marseille était détestait par la France entière.