Beaucoup de vérités mais aussi d’idées reçues circulent sur les produits bio. À l’occasion de la tenue d’Artemisia, le plus grand salon du bio et du bien-être en PACA, du 20 au 22 octobre prochain au Parc Chanot (8e), nous avons rencontré Marie Maurage, agricultrice et fromagère dans les quartiers Nord de Marseille, qui est aussi présidente de la fédération des agriculteurs bio de PACA.
Aujourd’hui, le bio est de plus en plus plébiscité par les Français. D’après le Baromètre 2016 de l’agence BIO / CSA, presque 7 Français sur 10 (69%) consomment régulièrement bio, c’est-à-dire au moins une fois par semaine. Seul 11% des Français affirme ne pas avoir mangé au moins une fois bio au cours de l’année 2016, contre 46% en 2003.
Pour autant, les Français et les Marseillais savent-ils vraiment ce qu’est l’agriculture biologique, communément appelée « la bio » ? Entre vérités et idées reçues, Marie Maurage répond.
L’apport nutritionnel des aliments bio est supérieur à celui des aliments non bio
Vrai
De nombreuses études le prouvent, les produits bio sont nettement plus riches d’un point de vue nutritionnel : d’avantage de matière sèche, de vitamine C, d’antioxydants dans les fruits et légumes, meilleure composition des acides gras dans les produits animaux et également moins d’additifs dans les produits transformés.
L’étude BioNutrinet montre d’ailleurs que les consommateurs de produits bio, pour des apports journaliers en énergie identiques, bénéficient d’apports en vitamines, minéraux, acides gras Oméga 3 et fibres supérieurs. « Et puisque les produits bio ne sont pas traités, il n’est pas nécessaire de les éplucher contrairement aux produits non bio dont la peau contient des pesticides ou des fongicides par exemple. Or beaucoup d’éléments nutritifs se trouvent dans la peau des fruits et légumes », ajoute Marie Maurage.
Les produits bio s’abîment plus vite que les autres
Vrai
Si cela peut s’expliquer par le fait que les produits bio sont bien couvent cueillis plus mûrs que les produits conventionnels, la raison se trouve surtout ailleurs pour Marie Maurage. « Si les produits de l’agriculture conventionnelle se conservent mieux, c’est parce qu’ils sont traités pour être conservés plus longtemps, contrairement aux produits bio qui ne sont pas traités. La question se pose aussi de savoir si les consommateurs n’achètent pas plus que ce dont ils ont besoin et se retrouvent ensuite avec des pertes ».
Les produits bio coûtent plus cher que les produits « standards »
Vrai
« Oui, ça coûte effectivement plus cher. Mais derrière, des tas de choses ne sont pas prises en compte dans le prix de l’agriculture conventionnelle : les coûts supportés par les contribuables pour traiter l’eau, fortement polluée par les nitrates et les pesticides de l’agriculture conventionnelle, l’impact environnemental global suite à l’utilisation de pesticides, l’impact pour la santé, les subventions versées aux agriculteurs pour garantir leur compétitivité sur le marché. Lorsque le consommateur achète des produits de l’agriculture conventionnelle qui sont moins cher, ils ne payent pas directement tout ça, mais cela se retrouve ensuite dans les impôts », met en avant Marie Maurage.
Pour l’agricultrice, la différence de prix s’explique aussi par le fait que produire en bio coûte plus cher aux producteurs du fait des contrôles, des semences bio, de l’alimentation des animaux et de l’apport en matière organique. « Un produit bio coûte plus cher car c’est le prix juste pour une rémunération équitable des producteurs bio. Cela crée de l’emploi en milieu rural et de bonnes conditions de travail et de vie. Produire et manger bio répond à un objectif global de développer un nouveau modèle agroalimentaire plus durable, plus viable, plus équitable », souligne la fédération des agriculteurs bio de PACA.
À lire aussi
Un produit bio n’est contaminé par aucune pollution
Faux
Même si un producteur bio ne traite pas ses cultures, ces dernières peuvent se retrouver polluer contre son gré. D’une part via la pollution atmosphérique, si le champ se trouve par exemple près d’une autoroute ou si des nuages pollués passent au-dessus de lui. « Cette pollution est infime par rapport à ce qu’on absorber avec des produits qui ont été traités », précise Marie Maurage.
Autre problématique de pollution : si le champ se trouve près d’un autre champ qui, lui, est traité. Aucune réglementation n’impose aux agriculteurs conventionnels de se donner les moyens d’éviter la contamination des plantations bio voisines, hormis l’interdiction de traitement lorsque le vent est supérieur à 19km/h. C’est à l’agriculteur bio de protéger ses cultures pour éviter toute pollution. Si une contamination est avérée, les produits bio sont « déclassés » par les organismes certificateurs et non vendus en bio.
Produire bio a moins d’impacts négatifs sur la planète
Vrai
Quelques exemples non-exhaustifs : pour fertiliser les sols, les agriculteurs biologiques utilisent par exemple fumier, compost, engrais organiques ; pour protéger les cultures, ils ont recours à des variétés naturellement résistantes, aux rotations des cultures, au désherbage mécanique ; pour limiter l’usage d’antibiotiques, les éleveurs bio privilégient l’utilisation de plantes, d’oligoéléments et de l’homéopathie. « L’ensemble de ces pratiques préserve la biodiversité, la fertilité des sols ainsi que la qualité de l’air et de l’eau », met en avant la fédération des agriculteurs bio de PACA.
La fédération régionale encourage également, depuis une quinzaine d’années, les agriculteurs à changer leurs pratiques afin qu’elles soient meilleures pour l’environnement. « Cela passe par des actions sur les consommations d’énergie ou d’électricité, l’utilisation des engins agricoles… Les agriculteurs ont eux-mêmes envie d’améliorer leurs pratiques. La bio ne doit pas être vue comme une fin en soi, mais au contraire être toujours en progrès », ajoute Marie Maurage.
Bio rime forcément avec local
Faux
Le « bio » et le « local » sont des notions différentes, et non opposables. Le « bio » fait référence à un mode de production, contrôlé dans un cadre rigoureux et reconnu en tant que signe de qualité officiel. La mention « local » renvoie à une notion de proximité entre le lieu de production et le lieu de consommation. Un produit bio, comme un produit conventionnel, peut donc être local… ou non !
Consommer à la fois bio et local est l’idéal pour Marie Maurage car, dans ce cas, les impacts environnementaux et liés au transport sont moindres. L’agence bio rappelle aussi que près de 80% des produits bio sur le marché français sont d’origine française et 50 % d’origine régionale, il est donc loin d’être impossible de combiner les deux facteurs.
Produire en bio crée plus d’emplois locaux que produire en conventionnel
Vrai
Les exigences particulières du cahier des charges de l’agriculture biologique engendrent un besoin de main d’œuvre plus élevé dans les fermes bio (surveillance accrue des troupeaux et des cultures, désherbage mécanique, travail du sol, etc.). C’est pourquoi, les paysans bio créent et maintiennent plus d’emplois en milieu rural. À surface égale, une ferme bio emploie ainsi davantage de personnes qu’une ferme conventionnelle : en moyenne + 0,6 emplois, selon le recensement général agricole de 2010.
Obtenir la certification bio est une procédure fastidieuse pour les producteurs
Faux
« Dès qu’un producteur veut passer en agriculture bio, il est accompagné et nous sommes toujours prêt à le faire à la fédération régionale. Ce n’est pas fastidieux car, quand on a pris la décision de la transition vers le bio et qu’on est prêt à le faire, c’est parce que cela correspond à une démarche et un engagement de proposer des produits de qualité et bon pour la santé et l’environnement. On n’envisage pas de s’installer autrement une fois que l’on est dans cet état d’esprit », conclut Marie Maurage.
Pour aller plus loin : découvrez des producteurs bio en PACA
Par Agathe Perrier
J’ai trouvé de délicieuses tomates bio sur le marché @ Réformés-Canebière, moins chères que celles vendues au supermarché.