Le département des Bouches du Rhône vient de dévoiler son nouveau projet culturel qui va rythmer tout l’été et qui se nomme l’Appel du Large. Huit expositions autour du voyage par la mer sont proposées dans les principaux musées de Provence.
« Berçant notre infini sur le fini des mers » écrivait Charles Baudelaire dans un poème éponyme. L’Appel du Large rassemble 8 expositions autour de 7 parcours dans 4 villes (Martigues, Marseille, Arles et Aubagne) pour sa première année.
14 partenaires dont des musées, des offices de tourisme et des institutionnels sont réunis autour d’un fil rouge : le voyage maritime. « On incite les touristes et les locaux à se plonger ou replonger dans de l’authenticité », explique Danielle Milon, Vice-présidente du Département des Bouches-du-Rhône et de la Métropole Aix-Marseille Provence déléguée au tourisme, Présidente de Bouches-du-Rhône Tourisme et Maire de Cassis. L’événement s’inscrit dans une dynamique post MP2013 et intervient à l’aube de MP2018.
« La Provence ce n’est pas seulement une histoire tournée vers le terroir, les cigales et la pétanque », relève Gilbert Buti, professeur émérite à l’Université Aix-Marseille spécialiste des économies maritimes et société littorales en Méditerranée. Au contraire, ces évènements tendent à montrer que le département est une fenêtre sur la Méditerranée et ce depuis des siècles. « Cette Méditerranée est notre foyer et notre culture, ce regard qui part sur la mer c’est l’ouverture aux autres », déclare Danielle Milon.
7 parcours transporteront les visiteurs jusqu’en janvier 2018
Exposition « Martigues, terre d’ailleurs – De Ziem à Camoin » au musée Ziem à Martigues
Du 17 mai au 17 septembre 2017
Au bord de l’étang de Berre, la « petite mer » comme beaucoup aiment la nommer, Martigues inspire les artistes depuis la seconde moitié du XIXe siècle. Des peintres venus d’ailleurs viennent trouver l’inspiration et côtoient des locaux comme Chabaud, Seyssaud et Camoin. Parmi Renoir, Picabia, Dufy, Derain, ce sera surtout Félix Ziem qui marquera sa « Venise provençale ». De passage à 18 ans, il y retournera en 1860 pour installer son atelier. « Il avait besoin de la lumière du midi », raconte Lucienne Del’Furia, conservatrice du musée Ziem « Il retrouvait ici un peu de Venise mais aussi de Constantinople ».
Plus de 90 œuvres sont à découvrir, et tournent autour de deux questions : qu’étaient-ils venus chercher et qu’est-ce qui les inspiraient ?
Des ateliers jeunesses et des déjeuners au musée seront organisés pendant toute la durée de l’exposition.
Exposition « Aventurier des mers, Méditerranée – Océan indien, VIIe – XVIIe siècle » au Mucem à Marseille
Du 7 juin au 9 octobre 2017
Qui de mieux que le Mucem pour accueillir une exposition qui rend compte de l’ouverture vers la Méditerranée et le monde. En partenariat avec l’Institut du monde arabe, l’évènement couvre une période de 10 siècles, du 7ème avec les Omeyyades au 17ème siècle. « Cette exposition c’est 1000 ans résumés dans 1000m2 », résume Cécile Dumoulin, responsable du département des publics du Mucem. Au total, plus de 200 œuvres venues de musées et d’institutions du monde entier sont séparées en trois parties qui articulent la visite. La première traite de la peur du large, avec notamment un fossile de requin préhistorique qui alimentait les craintes des navigateurs. Puis le visiteur entrera dans la découverte du monde avec des cartes, dont une attribuée à Christophe Colomb. Le parcours se clora sur un cabinet de curiosités faisant état des échanges de marchandises, ce qui a motivé l’Homme à prendre la mer.
Exposition « Escales méditerranéennes » au musée Regards de Provence à Marseille
Du 17 juin 2017 au 7 janvier 2018
Située à côté de l’exposition précédente, « Escales méditerranéennes » propose au visiteur un parcours pictural découpé en dix escales. Ainsi, 80 toiles du XIXe au XXe siècle font voyager de ports en ports, de calanques en criques allant de Collioure à Alger en passant par Toulon, Menton et Naples. Et comme si le dépaysement n’était pas garanti, les artistes sont aussi issus de différents horizons et de différents courants, mêlant ainsi romantisme et pointillisme en un même lieu.
Parcours « Bateaux et merveilles » au musée d’Histoire de Marseille mais aussi au musée des Docks Romains à Marseille
Du 1er juillet au 30 septembre 2017
Comment aborder le milieu maritime sans aborder les bateaux. Placé sur le site archéologique du port antique de Marseille, le musée d’Histoire retrace l’histoire entre Marseille et la mer depuis sa fondation par les Phocéens. En pièces maîtresses, pas moins de 6 épaves de navires gréco-romains entourés d’autres objets sélectionnés, dont une Mourre de Pouar (« museau de cochon » en provençal), un ancien bateau marseillais, pour une balade à travers l’Histoire d’il y a 2600 ans.
Pour compléter, le musée des Docks romains proposera une sélection d’objets en lien avec le voyage maritime.
Parcours « Navires et navigations à l’époque romaine » au musée départemental Arles Antique à Arles
Du 1er juillet au 30 septembre 2017
Pour en apprendre encore plus sur le domaine naval romain, Arles dédie entièrement une aile de son musée antique aux activités portuaires, fluviales et maritimes du port de la ville. De quoi cette fois-ci prendre le large plus loin dans les terres, à 30km de la mer. « Arles est un grand port fluviomaritime, à l’époque romaine comme aujourd’hui, c’est tout naturellement que l’on s’inscrit dans cette thématique », explique Sabrina Marlier-Sabourant, membre du musée. Près de 500 objets découverts dans des fouilles archéologiques réalisées dans le delta du Rhône, en Méditerranée et dans le sous-sol arlésien sont exposés. En prime, le Arles-Rhône 3, un chaland gallo-romain, plus grande épave de l’époque visible aujourd’hui se trouve dans les 800m2 de galeries. Des bornes multimédia ont été ajoutées pour l’occasion et présentent des pièces restées en réserve, avec des explications, des dessins et des photos pour une meilleure compréhension de l’exposition.
Exposition « Jack London dans les mers du sud » au centre de la Vieille Charité – musée d’Arts africains, océaniens, amérindiens à Marseille
Du 8 septembre 2017 au 7 janvier 2018
Le musée de la Vielle Charité propose de suivre le voyage d’un homme aux 1000 vies, Jack London. Pas seulement écrivain, on retiendra ici son tour du monde en bateau à bord du Snark. Il ne parcourra l’océan Pacifique pendant 2 ans et tombera malade en Australie, ce qui l’obligera à faire demi-tour. Mais son parcours fut riche, entre la Polynésie et les îles Salomon ou Vanuatu. « On va suivre Jack London dans ses découvertes mais aussi dans ces déceptions », raconte Marianne Sourrieu, Directrice du musée d’Arts africains, océaniens et amérindiens de la Vieille Charité « Il est nourri d’œuvres littéraires et va sur les pas de Melville aux îles marquises et avec la colonisation tout a changé ». L’homme va partager ses constats sur l’impact de la colonisation sur les populations et porte un regard assez critique et poétique à travers des photos et des témoignages.
Exposition « Entre terre et mer, l’aventure de la légion étrangère dans l’Océan Indien » au musée de la légion étrangère à Aubagne
Du 21 septembre 2017 au 15 janvier 2018
La Légion étrangère et Aubagne sont indissociables, tout comme la Légion étrangère et la mer. A travers cette exposition, ce sont tous les voyages des légionnaires dans l’Océan Indien qui sont contés, à une époque où l’Europe, l’Asie et le Moyen-Orient en avait fait un lieu privilégié pour le commerce. « On veut aussi montrer que le légionnaire à un lien puissant avec le maritime contrairement à ce qu’on pense », ajoute le capitaine Géraud Seznec. De Madagascar à Djibouti, on part pour les mers du Sud grâce à des représentations du quotidien des légionnaires de l’époque, des carnets de voyage et divers objets exotiques.
L’évènement veut aussi faire écho à l’exposition « Aventurier des mers, Méditerranée – Océan indien, VIIe – XVIIe siècle » au Mucem. « On reprend la continuité de l’histoire, en commençant fin XIXe jusqu’à nos jours », précise Géraud Seznec.