Comme toutes les grandes villes françaises, les Marseillais font face à un air pollué dû aux gaz d’échappement. Mais à Marseille, le port autonome est un problème supplémentaire car les bateaux polluent énormément lors de leur passage à quai et la nuisance a un impact significatif de la Joliette aux quartiers Nord. Pour combattre ce problème récurrent, le port s’est associé à Air Paca. 

Christine Cabau Woehrel, présidente du directoire du port de Marseille Fos et Dominique Robin, directeur général d’Air Paca, une assurance de surveillance de qualité de l’air, ont fait ce vendredi le point sur la qualité de l’air du port et sur les solutions envisagées pour l’améliorer. Une question qui intéresse de plus en plus de Marseillais.

« La population est plus sensible à cette question du quotidien depuis ces 5 dernières années », déclare Dominique Robin. Dans le partenariat avec le port depuis 2004, l’organisme indépendant Air Paca mesure et modélise l’impact des activités maritimes sur la ville de Marseille et tente de trouver des solutions.

Les rejets maritimes, une composante de la pollution marseillaise en baisse

Selon une de leurs études de 2015, 33% des émissions d’oxyde d’azote et 13% des émissions de particules (PM10) proviennent des réseaux non routiers à Marseille. « Les navires sont largement majoritaires, face au ferroviaire non électrique et à l’aérien », explique Dominique Robin « Les ferries et les rouliers sont les bateaux les plus émetteurs en particules fines [à hauteur de 55%] donc c’est vers eux principalement que vont se tourner les solutions ».

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Étude d’Air Paca sur les navires qui émettent le plus de particules (PM10)

Cette pollution se fait aussi ressentir à l’intérieur de la ville. Une étude réalisée par deux organismes scientifiques, CHIMER et CAMx, montre que le maritime contribue à près de 5% de l’émission des particules fines dans le quartier des Cinq Avenues. « C’est moindre par rapport à l’industriel mais c’est tout de même un axe sur lequel il faut travailler », déclare Dominique Robin. De même pour les émissions de dioxyde de soufre principalement émises par les navires, ou Marseille Fos n’atteint que 1 à 4mg quand le seuil européen est de 50mg.

Pour cela, la réglementation de la teneur en soufre des carburants est constamment revue à la baisse depuis 2010. De 4,5 % avant 2012, elle est aujourd’hui de 3,5% mais ne devra pas dépasser 0,5% à partir de 2020. Pour les navires qui restent à quai plus de 2h, la tolérance est quasi nulle avec moins de 0,1%. Ces mesures ont porté leurs fruits puisque les émissions de soufre ont diminué de 40% au port Marseille Fos depuis 2010.

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Des mesures pour aujourd’hui et demain

Outre les limites imposées dans la composition du fioul, Air Paca et le port de Marseille Fos
planchent sur plusieurs projets. Des branchements à quai ont d’ailleurs déjà été mis en place pour trois navires de La Méridionale début 2017. Il s’agit de brancher électriquement le navire à une borne électrique pour l’alimenter pendant son séjour. Le travail de 4,4 millions d’euros est en partie financé par l’Etat et la Région PACA mais aussi par la compagnie elle-même. « L’équivalent de 3000 véhicules par jour pour les émissions de PM10 et de CO2 et 65 000 pour celles d’ox , Quelles solutions pour diminuer la pollution des bateaux du port de Marseille-Fos ?, Made in Marseille ydes d’azote ont ainsi été éliminés », se félicite Christine Cabau Woehrel. A l’avenir, le port travaille sur un même principe avec la partie réparation navale industrielle. Les résultats sont attendus à l’automne 2017.

Une autre solution, le « scrubber fixe » est lui plus utilisé dans le monde entier, avec 15% de la flotte équipée et un objectif de 50% fixé pour 2022. Le système de filtre à fumée posé dans les cheminées des bateaux séduit beaucoup. « La plupart des navires qui sortent de fabrication en seront équipés, après il s’agit de faire de même pour les anciens », déclare la présidente du directoire du port de Marseille Fos. Un projet de « scrubber mobile » qui se fixent à quai est quant à lui à l’étude.

En matière de carburant, Air Paca mise sur le Gaz naturel liquides (GNL). « Il a peu d’impact sur l’ozone puisqu’il ne rejette pas de soufre et quasiment aucune particule », loue Dominique Robin. Pour le démocratiser, deux solutions se présentent : une motorisation dédiée ou des moteurs auxiliaires fonctionnant au GNL une fois branchés à quai. Marseille Fos dispose déjà de deux terminaux qui dispensent ce type de carburant. « On se positionne pour être prêts à répondre à la demande de ravitaillement future », déclare Christine Cabou Woehrel. Quatre navires Costa et deux MSC avec moteurs au GNL ont aussi été commandés au chantier naval de STX à Marseille et sortiront en 2019.

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Terminaux de GNL de Fos Cavaou

Et si tous les bateaux de Méditerranée passaient au GNL ? (Simulation d’Air Paca)

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Le bleu montre un impact positif, le rouge un impact négatif

Pour encourager la transition, le port instaurera le « Word Ports Climate Initiative » en juillet prochain. Le but, récompenser les navires dont les performances environnementales vont au-delà de la réglementation. La prime sera sous forme de bonus financier et concernera les porte-conteneurs et les croisières pour commencer, dont leur consommation est au moins 35% plus basse que la réglementation ne l’exige. « 236 navires seront concernés, 139 porte-conteneurs et 97 croisières », explique la présidente « Ils recevront une réduction des droits de port jusqu’à 10% ». Avant d’ajouter : « L’idée c’est de passer de 35 à 40 puis 45 pour être toujours vertueux envers cette démarche ».

Mais les deux partenaires tiennent à rappeler qu’il n’y pas de meilleure solution. « C’est les armateurs qui doivent décider d’un mode de fonction de leur flotte, on n’impose pas un modèle », tient à préciser la présidente du directoire du port.

De plus, les branchements à quais posent un autre problème quant à la provenance de l’électricité qu’elles distribuent, à 10-12 mégawatts.

En attendant, la carte modélisant la qualité de l’air de Marseille est consultable sur le site d’Air Paca et sur celui du port Marseille Fos. « On ira faire des mesures complémentaires et on fera en sorte que tous les acteurs soient présents autour de la table », conclue le directeur général d’Air Paca.

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