La rue de la République à Marseille, anciennement appelée rue Impériale, a été construite au milieu du 19e siècle, pour relier le Vieux-Port au « nouveau » port de commerce de la Joliette, en plein essor industriel. 

Si aujourd’hui tout le monde la connaît et la considère comme l’un des axes emblématiques de Marseille, la rue de la République, avant sa construction dans les années 1860, était un ensemble d’immeubles et de rues du vieux quartier de Marseille.

, L’histoire emblématique de la rue de la République à Marseille, Made in Marseille
La rue de la République connecte le Vieux-Port à la place de la Joliette et traverse les quartiers historiques et leurs rues entremêlées

Naissance d’une rue mythique

Avant la naissance de la rue de la République, pour rejoindre les nouveaux bassins commerciaux du port de la Joliette depuis le Vieux-Port, les charrettes et les Marseillais plus généralement devaient longer le Vieux-Port et passer notamment devant la Cathédrale de la Major. Ils empruntaient ainsi un chemin similaire aux navires qui, eux, voguaient sur le Canal Saint-Jean.

Un réel détour puisque, à vol d’oiseau, les deux ports peuvent être reliés plus rapidement. C’est ce qui amena la municipalité à envisager la construction d’une route en lieu et place de bâtiments et de rue situés sur des collines, notamment la butte des Carmes, entre le Vieux-Port et la Joliette.

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Faciliter le commerce mais pas seulement

C’est à Jules Mirès, homme d’affaires bordelais, que l’on doit le projet, en 1858, d’un percement d’une grande rue pour relier les deux ports de Marseille. En plus de faciliter le commerce, cette nouvelle voie permettrait, selon lui, de détruire la vieille ville dans son intégralité et trois buttes (des Carmes, des Moulins et de Saint-Laurent), zones pauvres et où les maladies proliféraient. Mais le projet du financier, estimé à 110 millions de francs et 10 ans de travaux, n’a pas séduit, tant pour des raisons pécuniaires qu’humaines et historiennes, puisqu’il induisait de déloger environ 50 000 Marseillais et de détruire une partie du passé le plus ancien de la ville.

Un autre projet, proposé par les ingénieurs Auguste Gassend et Étienne Delestrac, a finalement été retenu par le Conseil municipal de Marseille en novembre 1858. Élevé à « seulement » 40 millions de francs comparé au précédent, il consistait principalement au percement d’une grande artère entre la butte des Carmes et la butte des Moulins. Son nom : la rue impériale, car nous sommes à l’époque en plein cœur du Second Empire et du règne de l’empereur Napoléon III.

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Travaux de construction de la future rue impériale © Facebook Vieux Marseille
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L’église Saint-Cannat a été épargnée © Facebook Vieux Marseille

Des travaux d’une durée record

Le projet définitif, accepté par l’État qui assurait une partie de son financement, est signé en avril 1861. Il est alors prévu de percer les buttes des Carmes et des Moulins pour créer une rue de 25 mètres de large et plus d’un kilomètre de long entre le quai du Port et la place de la Joliette. Pour se faire, il a fallu détruire près d’un millier de maisons et 61 rues totalement ou partiellement, déplaçant ainsi 16 000 Marseillais.

© Facebook Vieux Marseille

Il a également été nécessaire de mettre de niveau les trois collines, créant au total plus d’un million de mètres cubes de déblais qui seront utilisés pour remblayer les quais d’Arenc et du Lazaret. Pour cela, la butte des Carmes a par exemple été creusée de 15 mètres à 25 mètres de profondeur. En témoigne le mur actuel de la place Sadi Carnot qui montre quelle hauteur la colline atteignait avant les travaux.

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Les travaux de la rue Impériale depuis la future place Sadi Carnot © Facebook Vieux Marseille
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Le mur visible depuis la place Sadi Carnot qui témoignent de la hauteur de la butte avant le percement de la rue de la République © AP
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Deux escaliers mènent à la rue des Belles Écuelles qui permet ensuite de rejoindre le quartier du Panier © AP
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Vue sur la place Sadi Carnot depuis le haut du mur © AP

Seulement deux ans et demi ont été nécessaires pour terminer le chantier, de février 1862 à août 1864 plus précisément, un réel record. Mais tout n’était pas encore vraiment fini pour la rue Impériale puisque la plupart des immeubles restaient à construire. Il aura fallu deux ans supplémentaires pour que l’essentiel des façades de l’artère soient ainsi réalisées.

Ce chantier gigantesque a pu être achevé grâce à des techniques d’ouvrage très modernes pour l’époque, comme par exemple l’utilisation d’une ligne de chemin de fer provisoire de 12 kilomètres, de grues roulantes de 35 mètres de hauts ou encore de machines à fabriquer le mortier.

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Les travaux de la rue de la République en contrebas de la rue Montbrillon © Facebook Vieux Marseille

Des expropriations et des nouveaux venus

Les 16 000 Marseillais délogés ont été indemnisés, bien que ces indemnisations aient fait l’objet de contestations de la part de certains habitants. C’est dans des quartiers en pleine évolution qu’ils ont alors trouvé refuge, du côté de Notre-Dame de la Garde, de la Belle de Mai ou encore d’Endoume. Quant aux 99 nouveaux immeubles de cinq étages de la rue Impériale, ils se sont peu à peu remplis par de nouveaux arrivants mais ont eu du mal à trouver preneur.

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Inauguration de la rue de la République © Facebook Vieux Marseille

L’objectif de la rue Impériale à cette époque est de ramener la classe bourgeoise dans le centre-ville de Marseille grâce à ses immeubles Haussmanniens qui rappellent la capitale française. Un but qui ne sera toutefois pas atteint. Les riches Marseillais lui préfèrent en effet le sud de la ville où ils peuvent trouver des jardins et ne pas être mêlés aux classes sociales inférieures.

En janvier 1871, après la chute du Second Empire et l’avènement de la troisième République, la rue Impériale devient, par arrêté préfectoral, la rue de la République. Un nom qu’elle a conservé jusqu’à maintenant.


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Par Agathe Perrier

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