L’affaire des rejets de « boues rouges » de l’usine Alteo de Gardanne est de retour dans le débat médiatique. L’Europe demande des comptes à l’Etat sur les dernières autorisations accordées à l’industriel. Didier Réault, président (LR) du parc national des Calanques, répond à nos questions.
Suite à l’autorisation accordée par le gouvernement français à l’usine Alteo de Gardanne en décembre 2015, pour continuer de déverser des rejets liquides en Méditerranée pendant six ans, la Commission européenne vient de demander à l’État de s’expliquer sur ce sujet.
Pour aller plus loin sur le sujet des « boues rouges »
La direction générale de l’environnement de la Commission européenne écrit dans un courrier, en date du 24 janvier dernier : « L’activité de l’usine Alteo Gardanne est l’extraction d’alumine à partir de la bauxite. Les résidus de l’extraction, qu’ils soient liquides, solides ou boueux doivent donc être considérés comme des déchets ».
À l’intérieur de ce document, elle pose toute une série de questions au Gouvernement français, notamment sur la nature des déchets solides issus de l’extraction d’Alumine, si l’analyse de leur toxicité a été effectuée seulement par Alteo ou également par l’État ou des tiers, ou encore quels sont les résultats de ces analyses. La Commission européenne demande aussi des précisions sur « les mesures adoptées » pour prévenir ou réduire les conséquences des rejets sur l’environnement et la santé des habitants.
« La décision de l’Etat a été tellement improvisée, tardive et mal montée qu’il semble logique que la Commission européenne soit dans la demande de comptes », considère Didier Réault, président du parc national des Calanques et adjoint au maire (LR), délégué à la mer, au littoral, au nautisme et aux plages. Le gouvernement dispose de 10 semaines pour apporter les réponses demandées par l’instance européenne.
Des rejets améliorés ?
Aujourd’hui, l’usine Alteo ne déverse plus de rejets solides, les fameuses « boues rouges », mais des effluents liquides qui sont, d’après l’industriel, beaucoup moins polluants. « À la suite d’un comité de suivi de cycle qui a eu lieu la semaine dernière, ce que je sais c’est que les rejets s’améliorent. En un an, nous avons pu contraindre Alteo à se mettre aux normes », se félicite Didier Réault.
Le comité de surveillance, promis par le délégué à la mer, a bien été mis en place. « On a des débats qui tournent autour des analyses faites par Alteo et des résultats de la DREAL (la Direction régionale pour l’environnement, le logement, le développement et l’aménagement durables, l’instance chargée de mettre en œuvre les politiques de l’État, ndlr). Ces résultats sont d’ailleurs concordants », précise Didier Réault. En plus de ce travail scientifique, le comité a aussi un rôle prospectif notamment sur la qualité de l’eau et l’impact sur la biodiversité des rejets pour connaître les réparations à apporter. La question des pêcheurs devrait aussi être abordée pour savoir s’ils ont été impactés.
« Tous les outils mis en place fonctionnent et tout le monde est dans le rythme de travail pour avoir des analyses et un début de solution », assure Didier Réault. Y compris Alteo qui « répond à toutes les questions et fait des propositions » d’après le délégué à la mer. « Il faut maintenant que la ministre de l’Écologie (Ségolène Royal, ndlr) l’écoute et arrête de mettre systématiquement son veto sur les propositions pour que l’on puisse avancer », conclut le délégué à la mer.
Par Agathe Perrier