La grotte Cosquer, trésor archéologique qui abrite plus de 500 œuvres d’art préhistoriques dans les calanques, sera reproduite dans la Villa Méditerranée. Le bâtiment situé à côté du Mucem deviendra en 2021 un musée consacré au site paléolithique. Parmi les équipes ayant répondu à l’appel à candidature lancé par la région Sud, deux architectes marseillais sont en concurrence.

Difficile d’en savoir plus sur la nature des projets présentés à la Région Sud pour l’appel à candidature lancé afin de transformer la Villa Méditerranée en musée de la grotte Cosquer. Le projet de cette délégation de service public pour la réalisation et l’exploitation pendant 25 ans du fac-similé de la grotte sera voté en assemblée plénière de la région Sud – Provence-Alpes-Côte d’Azur, vendredi 29 juin.

Le musée sera livré selon Renaud Muselier, président de la région Sud – Provence-Alpes-Côte d’Azur, en septembre 2021. Il s’agira d’ici-là de choisir entre les deux équipes en concurrence lors de l’assemblée plénière de la région d’avril 2019.

Qui sont les deux équipes en concurrence ?

La candidature de Culturespaces, filiale de Engie, semble sur de bons rails puisqu’elle s’est associée à l’architecte marseillais reconnu André Stern. Ce dernier s’est déjà illustré sur des projets muséographiques du territoire tels que le Mémorial de la Marseillaise et le château de la Buzine. Il a montré depuis longtemps une passion inébranlable pour la grotte Cosquer et nous a confié que « pour un architecte d’un certain âge tel que moi, qui fait partie de cette aventure depuis plus de quinze ans, ce serait une jolie sortie ».

Culturespaces, qui gère déjà les arènes de Nîmes, les Carrières de lumières et le château des Baux, le théâtre antique d’Orange et l’Hôtel de Caumont à Aix, a fait appel a lui ainsi qu’aux experts ayant réalisé la réplique de la grotte de Lascaux. En plus de sa réputation, la passion d’André Stern pour la grotte Cosquer pèsera sûrement dans le choix de l’équipe retenue qui devrait être donné en 2019. « Avec Chauvet et Lascaux 4, Cosquer fait partie des trois éléments les plus extraordinaires au monde qu’on retrouve chez nous, un triangle indéformable. C’est extraordinaire, des gens nous ont laissé un message il y a presque 20 000 ans : “on a existé, vous êtes issus de ça”. C’est nos racines, un monument historique majeur, une cathédrale inversée » explique André Stern.

, Le musée de la grotte Cosquer ouvrira en 2021, deux architectes marseillais se disputent la réalisation, Made in Marseille

« Cathédrale inversée », le terme fait également écho au projet architectural, puisqu’il semble que la reproduction de la grotte Cosquer se tiendra dans la partie souterraine et immergée de la Villa Méditerranée. C’est ce que laisse entendre Corinne Vezzoni. L’architecte marseillaise qui a dessiné les archives départementales de la Joliette et The Camp à Aix, fait partie de l’équipe formée par la société Kléber Rossillon. « Ce qui m’a convaincue, c’est que la Villa Méditerranée comprend un grand espace sous le niveau de la mer où la réplique de la Grotte pourra se tenir », explique-t-elle, « j’aime aussi l’idée de trouver un nouvel usage à un bâtiment. La réhabilitation de l’existant au lieu de l’expansion des villes, c’est un combat que je porte. Mettre en lumière la pré-histoire dans un bâtiment contemporain est un joli défi ». La société Kléber Rossillon qui gère de nombreux sites culturels en France dont la réplique de la grotte Chauvet en Ardèche, est candidate aux côtés du groupe Eiffage Provence et de la société Arc-en-Scène.

Selon Corinne Vezzoni, la partie haute de la Villa Méditerranée, en porte-à-faux, ne semble pas concernée par le projet muséal de la grotte Cosquer, et son usage futur demeure une inconnue.

Une reproduction quasi-totale de la grotte Cosquer

Le projet lancé par Chritian Estrosi en mars 2017 prévoit une reproduction de 90% de la grotte Cosquer dans l’actuel sous-sol de la Villa Méditerranée, pour une plongée à l’intérieur de la cavité « comme si l’on y était », avec des projections de films sur la découverte de la grotte et son histoire. Au rez-de-chaussée un espace libraire et une boutique devrait prendre place.

, Le musée de la grotte Cosquer ouvrira en 2021, deux architectes marseillais se disputent la réalisation, Made in Marseille
Crédit photo : Claude Almodovar

L’AViTeM, l’Agence des Villes et Territoires Méditerranéens Durables qui a en charge la gestion de la Villa depuis le 1er janvier 2015, sera relogée. « Le personnel en charge du bâtiment pourrait tout à fait être repris par le groupement privé en charge de l’exploitation de la reproduction de la grotte Cosquer », ajoutait Christian Estrosi.

Une transformation estimée à 20 millions d’euros

Au cours de son mandat à la présidence de la région entre décembre 2015 et mai 2017, Christian Estrosi n’a pas caché sa volonté de se séparer de la Villa en raison de ses coûts de fonctionnement trop élevés pour la région, à hauteur de 4,5 millions d’euros par an. Même si, avec ce projet de reproduction de la Grotte Cosquer, l’établissement reste propriété de la région, son fonctionnement ne « coûtera plus un centime à l’institution ». « Ce projet respecte la vocation méditerranéenne que Michel Vauzelle a toujours voulu lui donner. C’est en plus le seul, sur tous ceux proposés, qui supporte l’ensemble des coûts de fonctionnement aujourd’hui supportés par la Région », soulignait Christian Estrosi.

Le futur musée devrait être géré dans son intégralité par un acteur privé en délégation de service public. En 2017, la Région expliquait que les coûts de transformation de la structure, estimés à 20 millions d’euros, seraient répartis à 50% pour cet acteur privé et 50% pour la Région, à partager avec les autres collectivités publiques qui s’impliqueront dans le projet. Martine Vassal avait notamment annoncé que le Département des Bouches-du-Rhône dont elle est présidente « soutiendra le projet ». Une somme que la Région récupérera ensuite sous forme de loyer.

400 000 visiteurs attendus par an

Concernant le nombre de personnes attendues chaque année, la région a misé sur 400 000 visiteurs pour la première année. L’équivalent de la fréquentation actuelle de la Caverne du Pont d’Arc, la réplique de la Grotte Chauvet, ouverte en 2015 en Ardèche. « Étant donné le nombre de touristes qui viennent chaque année à Marseille, ce n’est pas ambitieux », estimait Christian Estrosi. La Région tablait en effet pour les années future sur une fréquentation annuelle s’approchant des 500 000 visiteurs.

Côté tarifs, l’ancien président de la région avançait un prix d’environ 12€, soit l’équivalent à ceux appliqués à ce type de visite et inspirés de ceux mis en place pour la visite de la réplique de la Grotte Chauvet. À ce jour, ces derniers sont de 6,50€ pour les enfants et 13€ pour les adultes.

Un casino à sous ? Un parlement méditerranéen ? Non, un musée !

De nombreux projets de reconversion ont été évoqués pour la Villa Méditerranée. Après l’idée de Jean-Claude Gaudin, maire Les Républicains (LR) de la ville de Marseille, d’en faire un casino, et celle de Michel Vauzelle, ex Président (PS) du Conseil régional Provence-Alpes-Côte d’Azur, d’y installer l’Assemblée parlementaire de la Méditerranée, Christian Estrosi a fini par trancher en faveur d’un musée pour ce bâtiment jugé bien trop coûteux par sa majorité.

La grotte Cosquer

C’est donc à la Grotte Cosquer, située près du Cap Morgiou, que ce futur musée sera consacré. Officiellement déclarée en 1991, cette cavité doit son nom au scaphandrier professionnel cassiden Henri Cosquer qui connaissant son existence depuis 1985. Accessible par un tunnel long de 175 mètres dont l’entrée est à 37 mètres de profondeur, la grotte est aujourd’hui interdite au public.

Si aujourd’hui la Grotte Cosquer est en partie immergée, ce n’était pas le cas dans le passé. Différentes études ont d’ailleurs prouvé qu’elle a été fréquentée par l’homme au cours de deux périodes, il y a 27 000 et 19 000 ans avant JC. Et ce dernier y a laissé de nombreuses traces de ses passages.

Au total, la cavité  se compose de près de 500 représentations peintes et gravées par la main de l’homme. La moitié représente des dessins d’animaux tels que des chevaux, des bisons, des cerfs et même des pingouins. À leurs côtés, plus de 200 signes géométriques dont le sens reste encore aujourd’hui un mystère.

Par Agathe Perrier et Lois Elzière

Un commentaire

  1. La photo de la grotte est inversée, pas légendée et surtout pas créditée. Aucune autorisation ne m’a été demandée. Quel manque de respect pour les gens qui y travaillent dans des conditions difficiles . Arrêtez de piller le matériel des chercheurs !
    Luc Vanrell

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

Bouton retour en haut de la page

NEWSLETTER

Recevez le meilleur de l'actualité de la semaine gratuitement !