S’il est bien un produit auquel les Marseillais sont attachés, c’est à leur savon. Aujourd’hui, quatre savonneries continuent de confectionner ces petits cubes emblématiques de Marseille. Parmi elles, celle du « Fer à Cheval » qui se révèle la plus ancienne, du haut de ses 160 bougies qu’elle fête cette année.
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Les années se sont suivies pour la savonnerie du Fer à Cheval mais ne se sont pas toutes ressemblées en plus d’un siècle et demi d’existence. Créée en 1856 chemin de Sainte-Marthe (14ème arrondissement), l’usine aujourd’hui entièrement dédiée au savon de Marseille était à la base une fabrique de bougies. À cette époque, Marseille compte des dizaines et des dizaines de savonneries qui confectionnent les petits cubes par centaines de milliers de tonnes. Une industrie qui s’essouffle dès la moitié du 20ème siècle avec l’arrivée des détergents de synthèse.
La savonnerie du Fer à Cheval perdure malgré tout, bien que rachetée de nombreuses fois par divers propriétaires. Jusqu’en 2012 où l’histoire aurait pu s’arrêter là, lorsque l’entreprise est placée en redressement judiciaire. Elle est alors rachetée en 2013 par la Nouvelle Compagnie des Détergents et du Savon de Marseille (NCDSM) qui compte alors quatre marques. Depuis, des changements ont eu lieu pour la savonnerie, bien que l’authenticité du savon de Marseille ait été conservée.
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Mêler tradition et modernité
Depuis trois ans, Raphaël Seghin, Président de la NCDSM, et son frère Yannick Seghin, vice-président, se sont lancés un challenge : garder le savoir-faire et l’authenticité de la savonnerie du Fer à Cheval tout en innovant. Pour se faire, ils ont gardé la technique dite du « procédé Marseillais » pour la confection du savon à savoir la recette au chaudron. Pour autant, exit les fours au charbon, bien trop polluants, remplacés par une technique plus moderne et qualitative grâce à la vapeur.
« Parmi nos priorités, nous avions aussi pour objectif de former un nouveau maître savonnier pour assurer une nouvelle génération. Car aujourd’hui, il ne reste en France plus que quatre maîtres savonniers », explique Raphaël Seghin. Depuis bientôt trois ans, Michel Bianconi, maître savonnier depuis une vingtaine d’années au Fer à Cheval, transmet ainsi ses techniques et son savoir-faire. Une transmission qui nécessite entre cinq et six ans pour être aboutie et dont il n’existe aucune formation scolaire actuellement.
En termes de nouveautés, la NCDSM a revu toute l’organisation commerciale, production et logistique de la savonnerie. Elle a également, et depuis mars 2016, lancé deux nouvelles gammes dont une spécialement dédiée à la maison. L’entreprise compte même sortir une gamme cosmétique d’ici à la fin de l’année. De quoi redynamiser et moderniser l’image du savon de Marseille qui est loin de n’être utile que pour l’hygiène corporelle ou le lavage des textiles.
L’usine du Fer à Cheval en images
Si la savonnerie du Fer à Cheval est la plus ancienne de Marseille, c’est aussi la plus importante. L’usine ne compte pas moins de sept chaudrons, dont six sont encore en activité. En 2015, 542 000 cubes de 300g et 100 000 de 600g ont ainsi été produits.
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Par Agathe Perrier