De nombreuses communes de France ont mis en place une initiative un peu particulière pour réduire la production de déchets, mais très efficace : aider des foyers à adopter des poules. Car en plus de leurs œufs frais, ces gallinacés représentent une vraie alternative écologique pour réduire la quantité de ses déchets alimentaires. A Marseille, c’est dans le 3e arrondissement que l’on retrouve le premier dispositif. Reportage.

Pour recycler ses déchets organiques et ainsi les réduire, tout le monde connaît le compost. Avec trois kilos de biodéchets, on obtient environ un kilo de compost qui peut ensuite être utilisé pour son potager ou son jardin et même pour produire du chauffage et du biogaz. Dans la même lignée que le compost, il est aussi possible de faire appel à des poules pour diminuer la quantité de ses déchets biodégradables qui se retrouvent aux ordures.

En moyenne, une poule mange chaque année 150 kg de biodéchets. L’avantage de ces gallinacés est en plus qu’ils sont omnivores, c’est-à-dire qu’ils mangent de tout ! Des fruits, des légumes, des épluchures, des céréales, du pain et même les restes de viande ou de poisson. Lorsque l’on sait qu’une personne produit 79 kilogrammes de déchets alimentaires par an, posséder au moins une poule par famille s’avère donc une bonne initiative pour réduire sa poubelle.

poules, A Félix Pyat, des Marseillais adoptent des poules pour réduire les déchets !, Made in Marseille
En un an, une poule mange environ 150 kg de biodéchets

Quand les communes françaises incitent à l’adoption de poules

Face à ce constat, de nombreuses communes et même grandes villes françaises ont pris les devants en offrant ou en louant des poules à plusieurs de leurs habitants. Tout près de chez nous à Vence (Alpes-Maritimes), la municipalité a lancé deux opérations « Poules rousses » en juin et septembre 2013. Respectivement 50 et 100 familles ont été dotées gratuitement d’un poulailler et de deux volailles.

Idem du côté de Colmar Agglomération (Haut-Rhin) qui propose gratuitement aux foyers disposant d’un poulailler et d’un espace extérieur un couple de poules pondeuses. En 2015, 215 familles portées volontaires ont ainsi adopté chacune deux gallinacés. Le dispositif a été reconduit pour cette année et même étendu à d’autres communes de l’agglomération.

Les communes de Montereau-Fault-Yonne (Île-de-France) et Chatillon (Hauts-de-Seine) ont également lancé ce type d’opération en 2014, ainsi que les municipalités de Bordeaux et Roubaix en 2015 pour ne citer qu’elles. En plus de réduire les déchets, les poules permettent de fournir aux foyers des œufs frais et « bio » puisque chaque animal en produit entre 150 et 250 par an ! L’occasion de réduire de quelques euros son budget course et surtout de favoriser le circuit court. Les poules s’avèrent être aussi un bon moyen de lutte contre les nuisibles tels que les limaces, vers et autres escargots ainsi qu’un « insecticide » puissant et écologique puisqu’elles se nourrissent notamment des œufs, des larves et même des chenilles adultes.

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En plus de réduire les déchets alimentaires, une poule est un bon moyen de lutte contre les nuisibles.

Des conditions à remplir

Si les municipalités ne le fournissent pas forcément, il est impératif pour accueillir les volailles de disposer d’un poulailler. Cet espace constituera le refuge des poules une fois la nuit tombée et sera également leur lieu de ponte. Son emplacement doit être choisi avec soin car ces animaux craignent la chaleur, l’humidité et les courants d’air !

Le seul poulailler n’est pas suffisant pour obtenir l’adoption du couple de poules. Les municipalités exigent également des foyers qu’ils disposent d’un espace extérieur pour que les animaux puissent se balader. Si l’agglomération de Colmar impose une surface avec poulailler compris de minimum 8m², la commune de Vence va encore plus loin en demandant 20m², soit 10 m² par poule !

Chaque foyer devra ensuite s’occuper des poules comme il s’occuperait de n’importe quel animal domestique et ainsi le nourrir, lui donner à boire, nettoyer son poulailler, etc. Que la famille soit composée d’un couple avec ou sans enfants, le nombre de poules à adopter reste le même car ces gallinacés aiment la compagnie. L’agglomération de Colmar a par exemple mentionné dans le règlement de participation au projet que, en cas de décès d’une des deux poules, les membres du foyer devaient en racheter une au plus tard dans un délai de 15 jours.

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Idée d’aménagement de son jardin pour accueillir un poulailler et des poules © Communauté de Communes de l’Île d’Oléron

Et à Marseille ?

Si la Ville de Marseille n’a pas instauré de dispositif d’adoption de poules pour le moment, des initiatives individuelles se sont elles mises en place. La Fondation Armée du Salut a ainsi équipé un des espaces de la résidence William Booth (3ème arr) d’un poulailler. « Le Hameau fonctionne comme un village pérenne avec des modalités écologiques. C’est la vingtaine de résidents qui y vivent qui s’occupent du poulailler mais aussi du composteur et du potager », explique Éric Bréchon, référent bien-être de l’établissement.

Trois poules partagent leur poulailler avec quelques pigeons et recyclent les déchets alimentaires des résidents. Puisqu’elles ne peuvent tout éliminer, un compost a aussi été installé et permet d’apporter du terreau au potager commun et également au potager personnel de l’un des habitants. Bientôt, un autre poulailler et un autre composteur seront également installés, cette fois pour le bien-être des résidents du centre d’hébergement et de réinsertion sociale.

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Le hameau

En attendant ces arrivées, l’établissement a développé un autre projet écologique puisque depuis avril, trois ruches ont été installés sur les toits. Un projet mené en collaboration avec l’apicultrice Agnès Verdelet à qui l’on doit notamment les ruches du Castorama Saint-Loup (10ème arrondissement). « Comme pour les abeilles des ruches du Castorama, j’avais des interrogations sur le fait qu’elles puissent trouver à proximité de la résidence des plantes à butiner. Mais finalement, comme souvent pour les abeilles de centre-ville, elles ont produit très vite ! », se réjouit l’apicultrice.

50 kg de miel ont déjà été récoltés au début du mois de juillet et mis en pot dans la foulée, soit l’équivalent d’environ 250 pots. Et ce n’est pas tout puisqu’une autre récolte devrait avoir lieu à la fin de l’été. L’ensemble des pots sont ensuite remis aux résidents et au personnel de la résidence William Booth, pour le plus grand bonheur de tous.


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Par Agathe Perrier

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