Dans le nord de Marseille, le village des Crottes s’apprête à entamer sa mue à travers la requalification des espaces publics. Une nouvelle place va voir le jour.
Situé en bordure de friches industrielles en pleine révolution urbaine, le quartier des Crottes a des allures de petite enclave villageoise avec ses trois fenêtres marseillais.
Niché dans le périmètre d’intervention de l’aménageur Euroméditérrannée, entre Gèze et Bougainville, le mal nommé voit s’ériger peu à peu autour de lui de nombreuses opérations immobilières, mêlant logements, entreprises et pôles de formation. S’il semblait jusqu’à présent figé dans le temps, il est sur le point d’entamer sa mue à son tour.
Lancement des travaux à la fin de l’année
Et le changement semble imminent. L’établissement public d’aménagement nous indique que les travaux de voirie « démarreront d’ici la fin de l’année pour des premières livraisons avant fin 2026 ».
Porté par le groupement Suez Consulting, In Situ, Sols Paysage et Eclectic Expérience, le projet « vise à opérer une requalifcation qualitative complète des espaces publics ainsi qu’à créer de nouveaux lieux de vie pour les habitants du secteur, tout en conservant le patrimoine bâti ».
Les aménagements prévus « répondront aux demandes exprimées lors de la concertation publique », fait savoir Euroméditerranée. Au cours des ateliers et réunions publiques menés entre 2017 et 2023, certains habitants avaient exprimé leurs craintes concernant la hausse des prix de l’immobilier et une potentielle gentrification de ce quartier historiquement populaire.
Mais ils avaient aussi formulé leurs attentes : donner plus de place aux piétons, réduire la circulation, créer une véritable place de village ou bien encore végétaliser le quartier, tout en conservant une offre de stationnement.
Deux places de village au cœur du quartier
Le réaménagement du quartier devrait s'opérer autour de ces axes jugés prioritaires, avec la création de larges trottoirs, la mise en place d’une nouvelle trame circulatoire pour réduire la vitesse des véhicules et la plantation de 200 arbres et arbustes.
Devant l’église du quartier, la place Emmanuelli, déjà existante, va être entièrement rénovée et agrandie. Elle bénéficiera d'un nouveau revêtement, de mobiliers d'assise et de l'installation d'une fontaine. Une requête faite dans le cadre des ateliers citoyens.
Une seconde place, dite « Moncada », dotée d'une aire de jeux pour les enfants, va également être créée par Euroméditerranée face à l’ancienne savonnerie La Tulipe, elle-même réhabilitée (voir plus bas).
En tout, 25 000 m2 de voirie vont être requalifiés pour un coût total de 10 millions d'euros, dont 1,5 million financé par le Fonds européen de développement régional.
Un patrimoine industriel réhabilité
La transformation de l'espace public des Crottes doit permettre d'accompagner d'autres projets d'envergure, en cours et à venir, au cœur du petit noyau villageois. Autour de la future place Moncada, des friches industrielles datant de la fin du 19e siècle sont sur le point d'être reconverties sous l'impulsion de l'agence d'architecture Monchecourt & Co, de la société Histoire & Patrimoine et de Maquis’Art.
Les travaux ont déjà débuté dans l'ancienne manufacture Moncada, vouée à devenir « Le Hameau de la Tulipe ». 40 logements, du studio au T4 en duplex, vont s'imbriquer dans l'édifice abandonné. Juste à côté, c'est l'immense savonnerie qui va être réhabilitée pour se transformer en un espace culturel comprenant un musée du street-art, des ateliers de créateurs et une école de hip-hop.
Enfin, de l'autre côté de la place, on devrait retrouver un concept d'hôtel « écologique, économique et convivial » de la chaîne hôtelière low-cost Eklo. Elle proposera 97 chambres standards, familiales et en dortoirs. Une guinguette et un bar-restaurant donnant sur l'extérieur sont également annoncés.
C'est donc tout un quartier qui est appelé à se réinventer, en tentant de conserver son âme et son histoire. La première étape de ce grand bouleversement devrait intervenir dès la fin de l'année quand le tramway circulera sur la rue de Lyon, juste à l'entrée du « village ».
