La Métropole, soutenue par la Région et la Ville, tente de sauver l’institut national de plongée professionnelle (INPP). Une somme de professionnels s’activent aussi en coulisse pour faire émerger un « centre de plongée de référence » à la Pointe-Rouge.

Aux confins du petit port de la Pointe-Rouge, le Thazard arbore encore fièrement son nom. Et pourtant, cette vedette en aluminium de scaphandriers, grignotée par la rouille, s’ennuie. Son propriétaire, l’Institut national de plongée professionnelle (INPP), liquidé le 18 juin dernier, vient de le céder à une ancienne élève et défenseuse de la mer, Marion Moriceau.

Sa carcasse est témoin du déclin de ce haut lieu de la plongée sous-marine à Marseille, fondé en 1982 par la Compagnie maritime d’expertises (Comex). Sa fermeture a suscité l’émoi en premier lieu chez les plongeurs amateurs et professionnels. Car ici, les scaphandriers, pompiers et démineurs du monde entier venaient se former.

L’INPP a commencé à sombrer en 2012, lorsque l’État a mis fin « à son monopole sur les agréments de formation », retrace Didier Réault, vice-président de la Métropole chargé de la mer et du littoral. D’autres structures les ont remportés, comme l’École nationale des scaphandriers de Fréjus.

« Ils se sont reposés sur leur expérience, leur image… sans se moderniser », analyse l’élu métropolitain qui en a longtemps été administrateur. La fin de l’agrément a ainsi entraîné une perte de chiffre d’affaires considérable, puis un manque d’investissement. « Les équipements étaient très vieillissants, voire dangereux », précise Didier Réault.

plongée, Un projet pour créer un « centre de référence de la plongée » émerge à la Pointe-Rouge, Made in Marseille
Le Thazard amarré sur le quai de l’INPP à la Pointe rouge.

Le long naufrage de l’INPP

Coup de massue avec la Loi littoral en 2017 quand la Métropole « a remis de l’ordre » sur le domaine public maritime. « Le loyer versé par l’INPP à l’époque était très en deçà des prix pratiqués », reprend l’élu. La Métropole a donc annoncé le réajustement des tarifs courant 2024.

« Cette hausse n’a pas entraîné la chute de l’INPP. Les problèmes de gestion étaient là depuis bien longtemps. Ils étaient en plan de sauvegarde depuis 2018 », rappelle Jean-Jacques Grenaud, responsable du centre national de plongée (CNP) de l’Entente Valabre, locataire depuis 30 ans sur le site de la Pointe Rouge.

Le formateur de la sécurité civile a vu l’INPP lentement décrépir sous son regard bleu azur. La peinture des bâtiments se délaver sous le soleil. Les murs se vider un à un. Sauf la cantine de Lily, le restaurant à l’entrée qui nourrit encore les travailleurs du coin.

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Bâtiment INPP.

Une nouvelle bouffée d’oxygène ?

Depuis la liquidation judiciaire, la Métropole a nettoyé le site et lancé une expertise sur le bâtiment de 8 500 m2. « Il n’y aura pas de gros travaux à faire, un peu d’électricité et de peinture mais ça devrait aller relativement vite », assure Jean-Jacques.

Les derniers locataires, installés dans des préfabriqués, font de la résistance. Septentrion, un centre de biologie sous-marine et Moultiploufs, un club de plongée associatif pour les personnes en situation de handicap, comme le CNP, espèrent intégrer le nouveau projet.

La Métropole, la Région et la Ville, travaillent ainsi de concert avec ces entités pour leur redonner une bouffée d’oxygène. Les Autorisations d’occupation temporaire (AOT) seront lancées d’ici début 2026 pour « passer d’un bouiboui à un projet structuré », assure Didier Réault.

« Refaire de Marseille la capitale de la plongée »

L’élu garde, en lame de fond, l’ambition que cette friche « redevienne un centre de référence international de la plongée ». Le ton est donné. Selon nos informations, l’équipementier marseillais Beuchat est volontaire pour y déménager des bureaux sur 2 000 m2. L’entreprise quitterait l’anse du Pharo où le projet de la Soleam s’enlise.

Le CNP aimerait aussi installer Phymarex, institut de médecine et de physiologie en milieu maritime et en environnement extrême, dans l’ancien cabinet médical de l’INPP. Pour Jean-Jacques « l’idée c’est d’être tous complémentaires ». Le retour d’un laboratoire de recherche de l’hyperbare serait également le bienvenu.

Le ministère du Travail a d’ailleurs choisi le plongeur pour développer un Centre national d’expertise hyperbare (CNEH) en France. Et Jean-Jacques rêve tout haut de l’installer à la Pointe-Rouge pour « refaire de Marseille la capitale de la plongée ».

Pour Christophe Madrolle, conseiller régional au littoral : « l’État doit nous appuyer pour sauver l’INPP ». Mais au cours de la dernière réunion en janvier, le préfet avait plutôt suggéré une implantation au nord de Marseille, sur le port. Reste maintenant aux acteurs de prouver que la Pointe-Rouge est bien l’emplacement idéal, capable de remonter les paliers.

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