Un parterre d’élus et de professionnels de santé a inauguré la Maison des femmes, rue Saint-Pierre à Marseille. Une concrétisation notable malgré des besoins de postes qui augmentent.
Il semble loin, le temps où la Maison des femmes Marseille-Provence se cachait sous l’hôpital de la Conception. Depuis septembre, l’équipe de huit soignantes a migré dans une vraie bâtisse de 460 m2 située à quelques mètres, rue Saint-Pierre, mise à disposition par le Département.
« Un sanctuaire pour les femmes victimes de violences », décrit Michèle Rubirola (PM), adjointe à la Santé de la mairie de Marseille. Elle accompagne ce projet depuis 2022 avec le Dr. Florence Bretelle. L’obstétricienne se réjouit, ce 24 janvier, d’avoir enfin accouché ce gros bébé avec l’aide de toutes les collectivités.
« Tous ont mis dans le panier de la princesse », sourit Dr. Bretelle. La Région Sud a engagé 390 000 euros, quand le Département et la Ville ont abondé de 150 000 euros chacun. L’Agence régionale de santé (ARS) débloque 90 000 euros et l’État 350 000 euros par ans pour contribuer à la Mission d’intérêt général (MIG). « Mais ce n’est pas encore suffisant, il nous faudrait le double », estime la gynécologue.
De meilleures conditions de travail
Car ici, le temps du soin est long pour réparer les profonds traumatismes. Alors que, depuis son ouverture, le lieu fait face à « une montée en puissance » de l’accueil des femmes. Il manquerait, à ce stade, trois emplois à temps plein : une sage-femme, une aide soignante et une psychologue.
Malgré les tensions sur les postes, les soignantes croisées dans les bureaux estiment être mieux loties dans cette grande maison. Les murs ont été repeints, les espaces bien agencés et la décoration soignée. La statuette d’une Nana multicolore de Niki de Saint Phalle trône toujours à l’entrée, comme pour donner un peu d’espoir aux patientes.
Une femme tombe sous les coups de son conjoint tous les trois jours
Car les chiffres des violences faites aux femmes ne faiblissent pas. En 2024, une femme est tombée sous les coups de son conjoint ou ex-conjoint, tous les trois jours, en France.
« Le placement des enfants dans les familles avec violences a augmenté de 30% depuis le Covid », rappelle également la présidente du Département, Martine Vassal (DVD). L’élue souligne la venue du procureur de la République de Marseille, Nicolas Bessone, marquant ainsi le soutien de la Justice envers les victimes.
Bientôt 12 Maisons des femmes en région
Sans s’attarder sur la Maison des femmes marseillaise, le nouveau ministre de la Santé, Yannick Neuder (LR), présente sa vision politique pour son premier déplacement dans le sud. Le cardiologue annonce vouloir « former beaucoup plus de soignants notamment dans le paramédical » en partenariat avec les Régions et « territorialiser les actions ».
La Maison des femmes illustre bien cette décentralisation de la santé, en proximité. Rien que la Région Sud en compte 11. Une à Toulon, Draguignan, Avignon, Carpentras, Istres… et bientôt une douzième dans les Alpes du Sud.
Sans compter les innombrables associations qui complètent les soins de l’hôpital public, du déménagement en urgence aux résidences refuges, pour aider ces femmes à remarcher la tête haute et le cœur apaisé.