En réponse à la hausse des défaillances, un médiateur des entreprises sillonne la France dans chaque département. En étape à Marseille, il rappelle la marche à suivre pour éviter de mettre la clé sous la porte.
Retards de paiements, rupture d’un contrat, mauvaise entente avec un fournisseur… « Faites appel au médiateur des entreprises », insiste Pierre Pelouzet, en agitant son dossier bleu truffé de recommandations. Nommé médiateur des entreprises par Emmanuel Macron en 2016, il est de passage à la Préfecture des Bouches-du-Rhône ce 6 novembre.
Le haut fonctionnaire sillonne la France depuis début 2024 avec Frédéric Visnovsky, médiateur national du crédit, pour faire connaître « la riche » boîte à outils qu’un dirigeant peut utiliser pour sauver son entreprise. Les deux experts indiquent ainsi la marche à suivre.
En cas de problème, le patron doit se tourner « le plus tôt possible » vers ses relais naturels comme son expert-comptable et son banquier. Puis, il peut activer ses réseaux consulaires tels la Chambre de commerce et d’industries (CCI AMP) ou les syndicats patronaux l’UPE13 et la CPME 13.
En parallèle, chacun peut aussi contacter le médiateur des entreprises (ici) pour recevoir un accompagnement gratuit et confidentiel. « Quelqu’un rappellera dans les sept jours », promet Pierre Pelouzet.
« Plus de 70% des entreprises qui ouvrent une procédure amiable en sortent par le haut »
Selon Patrick Lesbros, président du Tribunal de commerce de Marseille depuis janvier dernier, les dirigeants oublient aussi trop souvent de demander l’ouverture d’une procédure amiable. Alors que ce dispositif de prévention semble fonctionner. « Plus de 70% des entreprises qui ouvrent une procédure amiable en sortent par le haut », observe l’expert.
Le message est passé. Et il est d’autant plus urgent que les défaillances ont atteint 63 000 entreprises au niveau national en 2024 à ce jour. Soit un retour « aux niveaux de 2016 », précise le Préfet de région, Christophe Mirmand.
En Provence-Alpes-Côte d’Azur, les chiffres de l’INSEE sont également peu rassurants. Au premier semestre de 2023, on comptait 2 918 défaillances d’entreprises, contre 3 523 sur la même période en 2024, soit une hausse de 20% en un an.
« On n’a jamais vu autant de créations d’entreprises »
Si 90% des défaillances concernent les très petites entreprises (moins de 10 salariés), un phénomène nouveau est à prendre en compte. « Le problème touche les entreprises plus importantes et donc un nombre d’emplois plus conséquent », soulève Frédéric Visnovsky, qui se veut vigilant.
Ce dernier illustre notamment son propos par le secteur du BTP, mais aussi l’automobile et la grande distribution, comme Auchan et Michelin qui viennent d’annoncer, le 5 novembre, des plans sociaux massifs pouvant entraîner 3 650 suppressions d’emplois en France.
Son collègue, Pierre Pelouzet, tempère toutefois : « On n’a jamais vu autant de créations d’entreprises. Nous sommes passés de 800 000 entreprises créées par an avant la crise sanitaire à plus d’un million aujourd’hui ».