L’installation de la Cité régionale et méditerranéenne du cinéma au Dock des Suds est enterrée. Les élus cherchent à réécrire le scénario en composant avec une période d’austérité budgétaire.
« No culture, No futur ! », pouvait-on lire en-dessous des lettres rouges du Dock des Suds. Cet immense hangar, qui a longtemps hébergé la Fiesta des Suds, était promis à un nouvel avenir culturel en 2029. Celui de la future Cité régionale et méditerranéenne du cinéma.
Ce projet phare du volet culturel du plan Marseille en Grand, porté par la Région Sud, devait regrouper l’école La Cinéfabrique, temporairement installée au pôle média de la Belle de Mai, et la future antenne de la Cinémathèque.
Mais selon une information de La Marseillaise, que nous avons pu confirmer, son implantation au Dock des Suds est abandonnée. La Région Sud en a fait l’annonce lors d’un comité de pilotage réunissant tous les partenaires (État, Région, Département, Métropole et Ville) le 7 octobre dernier.
Des joutes politiques
« On ne s’y attendait pas », nous confie une source proche du dossier, présente sur place. Celle-ci relate des échanges « sereins » et « cordiaux » tout au long du rendez-vous. La Région « ne remettant à aucun moment » la faute sur l’un des partenaires.
Dix jours plus tard, l’entourage de Renaud Muselier a changé de braquet. Elle attribue ce « grand gâchis » à la Ville de Marseille : « Il y a un an et demi, les robinets de l’État étaient ouverts. On avait des garanties solides de la Métropole. Mais si la Ville s’était engagée plus rapidement en 2023, ça ne se serait pas passé comme ça ».
Pourtant, la municipalité assure « avoir confirmé ses engagements dès l’automne 2023 avant qu’ils soient officialisés pendant le comité de pilotage du 31 janvier ». La Ville est notamment la première collectivité à avoir délibéré lors de son conseil municipal le 19 avril dernier.
Le cinéma coupé par l’austérité budgétaire
La mairie avait engagé un investissement de 6,4 millions d’euros pour réhabiliter le Dock des Suds et 350 000 euros par an de budget de fonctionnement pour l’école et la cinémathèque. « Dès 2022, nous avons permis l’installation de la Cinéfabrique en mettant à disposition un foncier municipal par le biais d’un bail de 11 ans assorti d’un loyer réduit », ajoute-t-elle.
Lors de cette réunion, la Région a surtout évoqué les besoins d’économies pour faire face au contexte d’austérité budgétaire de l’État et des collectivités locales. « Nous devons faire 100 millions d’euros d’économie de fonctionnement », assure un proche du président Renaud Muselier.
Les investissements pour l’organisation des Jeux olympiques d’hiver en 2030 entrent aussi en compte. D’autant que Michel Barnier a signé le 2 octobre la lettre de garantie. Validant ainsi définitivement la candidature des Alpes françaises, portée par la Région Sud et la Région Auvergne Rhône-Alpes.
« Les deux structures vont continuer à avancer »
Le budget de l’État de 22,5 millions d’euros est, quant à lui, sanctuarisé dans le protocole d’accord signé par l’ancienne ministre de la Culture, Rima Abdul Malak, en janvier 2023. Le plan Marseille en Grand a d’ailleurs déjà mis sur pied la Cinémabase, une plateforme logistique de 5000 m2 pour le cinéma.
Seuls les budgets des collectivités seront revus à la baisse, en particulier sur le volet investissement (42 millions). Sans pour autant être abandonnés. « Le projet doit être réinventé, assure-t-on à la Région. Les deux structures vont continuer à avancer ».
Il est donc très probable que la Cinémathèque et la Cinéfabrique soient réparties sur deux sites. Mais, exit le lieu totem au Dock des Suds pour chapeauter la Cité du cinéma.
Deux installations temporaires en vue
À partir de 2026, la cinémathèque devrait s’installer temporairement dans les locaux du futur campus de l’école du numérique La Plateforme dans le quartier des Crottes (15e), non loin de Cinémabase.
La classe de 3e année de la Cinéfabrique, à l’étroit au pôle média de la Belle de Mai (3e), pourrait aussi prendre ses quartiers dans la Caserne du Muy. Comme l’envisageait le directeur général, Claude Mouriéras, il y a quelques mois. La Friche la Belle de Mai est aussi une option sérieuse pour le déménagement de l’école.
« Rien n’est acté, ce ne sont que des axes de travail », répète-t-on. Un comité est prévu en fin d’année 2024 ou début 2025 après les votes des différents budgets. Afin d’assembler le puzzle en mille pièces de la « grande cité méditerranéenne du cinéma ».