En attendant d’intégrer la Cité du cinéma au Dock des Suds en 2029, la Cinéfabrique cherche des locaux pour s’agrandir. Le directeur lorgne sur le projet de tiers-lieu au sein de la Caserne du Muy.

Une centaine de curieux se massent dans les locaux de la Cinéfabrique, au pôle média de la Belle de Mai rue Guibal (3e). Ils sont venus écouter la présentation du projet de tiers-lieu sur la Caserne du Muy. « On s’attendait à voir moins de monde. On voit que ça intéresse », sourit le directeur de l’école de cinéma, Claude Mouriéras.

Ce projet d’occupation temporaire [détails ici], impulsé par la fondation Abbé Pierre et Yes We Camp, l’intéresse. Le cinéaste projette d’y installer ses étudiants des 2e et 3e années dans 1000 m2. « Le site de la Caserne du Muy nous permettrait de créer une continuité avec le pôle média », explique, ce 11 avril, le directeur de la Cinéfabrique, qui a rejoint le projet.

La Cinéfabrique, une école de cinéma gratuite pour les 18-25 ans, est née à Marseille en 2022, sous l’impulsion du Centre national du cinéma (CNC) dans le cadre du plan Marseille en Grand. La ministre de la culture de l’époque, Rima Abdul Malak, avait visité les locaux l’année suivante pour annoncer un investissement de 15 millions afin de pérenniser son installation.

Depuis, l’État a investi 1,2 million pour la rénovation du bâtiment de 1200 m2 du pôle média. L’école a recruté 68 élèves : 19 dans la « Classe d’Orientation et de Préparation » (COP) et 49 en première année.

Une école inclusive et collaborative

D’ici la rentrée 2025, l’école comptera trois promotions et une COP. Les effectifs devraient ainsi tripler pour atteindre 170 étudiants, comme sa grande sœur lyonnaise fondée en 2015.

Outre ce besoin de s’étendre et la proximité géographique avec la caserne militaire, le directeur y voit un bénéfice social pour ses étudiants : « Notre école est très collaborative, c’est son ADN. Les élèves épluchent leurs légumes, ils font la plonge, ils nettoient eux-mêmes leurs salles de cours. Intégrer un tiers-lieu comme celui-ci est une aubaine pour eux. Ils vont s’enrichir grâce à la proximité avec les entreprises, les associations, les hébergements sociaux, les habitants…».

Le réalisateur a créé cette formation pour « favoriser la mixité dans les métiers du cinéma ». En effet, les écoles de ce type coûtent cher puisqu’elles sont presque toutes privées. Pour prendre le contre-pied, l’établissement compte 60% d’élèves boursiers, recrute sans exigence de diplôme, et propose la troisième année en alternance.

Des partenariats avec les plateformes Disney+ et Netflix ont été signés avec Lyon, dont les étudiants de Marseille devraient également profiter en 2025. Actuellement, des stages et projets sont réalisés avec Newen Studios, qui tourne la série Plus belle la vie, encore plus belle, reprise par TF1 au pôle média Belle de Mai, ou avec Provence Studios à Martigues.

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Portrait de Claude Mouriéras, le directeur et fondateur de la Cinéfabrique © Margot Geay

La cité régionale et méditerranéenne du cinéma en 2029

Claude Mouriéras veut également apprendre à ses étudiants à transmettre le flambeau. Toute cette semaine, les cinéastes en herbe réaliseront des courts-métrages avec des classes de l’école Ahmed Litim, située juste en face de la Caserne du Muy.

Pour lui, l’énergie créative doit circuler et Marseille est un creuset idéal pour le faire. C’est d’ailleurs pour cette raison qu’il souhaitait ouvrir la première antenne de la Cinéfabrique dans la cité phocéenne il y a 10 ans. « Mais la Région de l’époque n’a pas voulu nous suivre », admet-il.

En septembre 2021, le président de la République, Emmanuel Macron, présentait les grands projets du plan « Marseille en Grand », parmi lesquels la création de grands Studios de la Méditerranée. La Région Provence-Alpes-Côte d’Azur a décidé d’être « chef de file pour créer à Marseille la Cité régionale et méditerranéenne du cinéma ». 

Son actuel président, Renaud Muselier, a alors œuvré pour faire émerger le projet au Dock des Suds afin d’y installer la Cinéfabrique sur 10 000 m2 et une antenne de la cinémathèque française. L’élu avait insisté pour l’intégrer au plan Marseille en Grand en septembre 2021.

Les collectivités s’acheminent vers un accord

Deux ans plus tard, en juin 2023, les élus régionaux ont ainsi voté le lancement de ce projet estimé à 55 millions d’euros. L’achat du foncier auprès de l’aménageur Euroméditerranée représente six millions d’euros, la création d’espaces événementiels 12,8 millions d’euros et l’investissement pour rénover les locaux plus de 42,3 millions.

Si la Région Sud est la tête de pont de ce projet, les différentes collectivités devaient trouver un accord depuis un an pour cofinancer les coûts d’investissement et de fonctionnement de cette cité. Et il semblerait qu’une nouvelle étape puisse être franchie le 19 avril au conseil municipal de Marseille.

Dans les délibérations, la Ville de Marseille présente un plan de financement entre l’État, la Région Sud et la Métropole Aix-Marseille-Provence sur le volet investissement (42,3M) et fonctionnement (3M par an). « Nous nous acheminons vers un accord formel », nous assure une source proche du dossier, optimiste depuis la naissance du projet. La Cinéfabrique devrait intégrer les locaux pour la rentrée de 2029.

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