Une réunion informelle du conseil municipal consacré à l’emploi s’est tenue lundi 13 juin à la mairie de Marseille. Elle a réuni tous les acteurs publics et privés de l’économie et de l’emploi, afin de présenter des propositions concrètes pour la création d’emplois. Ainsi, les élus de tous bords politiques, de gauche à droite, ont réussi à s’entendre sur 18 propositions à mettre en place dans les mois et années à venir.
Deux constats majeur se dégagent : le manque d’efficacité des transports collectifs est la difficulté majeure des entreprises qui recrutent pour faire venir les employés sur leur lieu de travail, mais il y a aussi la problématique de l’inadéquation entre les offres d’emploi disponibles et l’absence de qualification pour ces offres.
Par exemple, 35% des chômeurs marseillais n’ont pas le permis de conduire. Il faut donc que les collectivités s’engagent à rapprocher les implantations d’entreprises des réseaux de transport en commun et des pôles résidentiels. Il faudra pour cela mener à bien les projets d’extension des lignes de transports en commun qui tardent à voir le jour. Mais, cela représente bien évidemment des investissements énormes pour les collectivités.
Et d’autre part, pour certains secteurs très porteurs à Marseille comme la réparation navale, les élus expliquent que parfois les employeurs sont obligés d’aller chercher la main d’oeuvre à l’étranger, en Italie notamment.
L’ensemble des acteurs du territoire concernés par l’emploi
Comme la ville n’a pas la compétence de l’emploi, elle avait regroupé l’ensemble des collectivités locales concernées. Etaient donc présents Martine Vassal, présidente du Conseil départemental des Bouches du Rhône qui a en charge les problématiques d’insertion, Renaud Muselier, Président délégué de la Région Provence-Alpes-Côte d’Azur en charge de la coordination des politiques régionales et des fonds européens représentant Christian Estosi, Jean-Claude Gaudin, Maire de Marseille et Président de la métropole Aix-Marseille-Provence qui a aussi la compétence de l’économie et Dominique Tian, Délégué à la politique municipale en faveur de l’Emploi, aux Déplacements et aux Transports urbains.
Cette réunion informelle du conseil municipal sur l’emploi avait un double objectif :
- établir un diagnostic partagé sur l’évolution économique de la ville de Marseille,
- débattre autour de nouvelles propositions pour renforcer l’engagement municipal pour les entreprises et l’emploi.
Et pour une fois, il semble qu’il y ait eu consensus. En effet, comme nous l’explique Didier Parakian, adjoint au maire à l’économie « il y aura un avant et un après » ce conseil municipal sur l’emploi. « Pour une fois, tous les partis, opposition comprise, étaient plutôt d’accord sur les actions à mettre en place. D’ailleurs, nous avons repris certaines propositions de l’opposition dans les 18 concernées« .
Des emplois disponibles, qui peinent à trouver preneurs
Dominique Tian a reçu pendant plusieurs semaines 50 grandes entreprises du territoire et les élus de l’opposition afin que tous puissent exposer les freins face aux problématiques de recrutement. Car, il faut savoir qu’il y aurait au total environ 15 000 emplois (25 000 en Paca) non pourvus sur le territoire de la métropole marseillaise, selon des chiffres de la Chambre des métiers, contre environ 126 000 demandeurs d’emplois sans activité fin 2015, selon les chiffres de Pôle Emploi Paca.
L’Agam (Agence d’urbanisme de la région marseillaise) a mené une étude assez complète sur le sujet de l’emploi sur Marseille et notamment les métiers qui vont embaucher dans les années à venir et les principales zones où se situe l’activité économique. Et tout n’est pas négatif, loin de là. En effet, l’emploi progresse à Marseille malgré la crise, et la ville rattrape progressivement son retard par rapport à la moyenne nationale. Des résultats encourageants qui doivent servir de levier pour continuer dans le bon sens.
Les 18 propositions pour booster l’emploi
Ce conseil municipal extraordinaire sur la question de l’emploi a vu se dégager 18 propositions présentées ci-dessous, mais dans ce lot, plusieurs ont été pointées du doigt par les élus comme étant prioritaires, notamment : la création d’un lycée international et d’un 2e pole média sur le secteur d’Euromed 2, l’amélioration du réseau de transports en commun, la création d’un guichet unique pour les entreprises et le développement d’un marketing territorial efficace qui permette d’identifier la métropole comme un bloc commun et attractif lors de grands salons internationaux, comme c’est le cas pour Lyon avec son « OnlyLyon » ou Amsterdam avec « Iamsterdam ». Une dimension indissociable à la réussite d’un territoire selon les élus de la majorité municipale.
Les 18 propositions ont été validées par :
– Les Républicains (majorité municipale)
– Groupe Socialiste et apparentés
– Front National Bleu Marine
– Front de Gauche
– Europe Ecologie les Verts
Jean-Marc Coppola, président du Front de Gauche au conseil municipal marseillais, et à l’origine de ce processus de travail inédit, a tenu à nous expliquer son intérêt pour un retour du port de Marseille au premier plan en matière de création d’emploi industriel, notamment en créant une plateforme logistique qui permettrait à des entreprises de transformer des produits avant de les faire transiter en France et en Europe, sans nuire à la qualité de vie des quartiers alentours (15e et 16e arrondissements). Quant à la problématique des transports, c’est selon lui le cheval de bataille de ces prochaines années et cela aurait du l’être depuis longtemps déjà.
I – RAPPROCHER L’OFFRE ET LA DEMANDE D’EMPLOI
Action 1 – CRÉER UN GUICHET UNIQUE POUR L’EMPLOI
Dans l’esprit des Terrasses de l’Emploi, dispositif initié par les Terrasses du Port de Marseille pour remplir une offre de 2 000 emplois, la ville de Marseille propose la création d’un guichet unique pour l’emploi. L’objectif de la Ville est de rassembler en amont de chaque projet et autour de son concepteur (investisseur, chef d’entreprise, directeurs des ressources humaines de l’entreprise…) l’ensemble des acteurs publics et privés de l’emploi concernés pour répondre aux besoins de recrutement nécessaires. La désignation d’un interlocuteur unique ainsi que d’une équipe publique et privée permettra aux entreprises et aux demandeurs d’emplois de jouer gagnant-gagnant. Au-delà des projets, ce dispositif s’appliquera également dans les filières d’activités en demande constante de recrutement : tourisme, numérique, services à la personne, sécurité, ou dans des secteurs avec de nouvelles opportunités d’emplois, comme la réparation navale avec l’ouverture de la Forme 10.
Le guichet unique pour l’emploi est une déclinaison opérationnelle de l’engagement municipal pour l’entreprise et l’emploi adopté en séance du Conseil municipal en juin 2015. Il sera géré par le service emploi de la ville de Marseille qui fédérera les acteurs de l’emploi dans ce dispositif.
Échéance : en cours
Action à court terme : recrutements centre commercial Prado.
Action 2 – DÉMULTIPLIER LES CLAUSES SOCIALES DANS UN OBJECTIF MÉTROPOLITAIN
Il s’agit de réserver dans un marché au moins 5% du volume d’heures travaillées à des publics rencontrant des difficultés sociales ou professionnelles particulières. Déjà mises en place dans les marchés de la ville de Marseille, l’objectif est de généraliser l’utilisation des clauses sociales et d’en faire un réflexe des acheteurs publics de la métropole afin d’atteindre un volume de 100 000 heures clausées.
Échéance : en cours
Action à court terme : délibération à voter par le Conseil de la Métropole.
Action 3 – CRÉER UN PÔLE DE FORMATION AU NUMÉRIQUE
La ville de Marseille renforcera ses moyens pour offrir des formations innovantes et intensives vers les métiers du numérique, et notamment des développeurs qui demeurent des métiers accessibles. Projets à qualifier et à mettre en place avec le Conseil régional et des partenaires de la formation. Exemples : SIMPLonMARS, Ecole de la 3è chance de Jaguar Network…
Échéance : en cours
Action à court terme : accompagnement aux montages de projets innovants.
Action 4 – CANDIDATER AU PROJET « TERRITOIRES ZÉRO CHÔMEUR DE LONGUE DURÉE »
Participation de la ville de Marseille à ce dispositif national et expérimental qui consiste à mettre en relation des chômeurs de longue durée et des besoins de services non couverts par le secteur marchand pour endiguer le chômage de longue durée.
Échéance : 5 ans
Action à court terme : identifier un périmètre géographique et monter la candidature.
Action 5 – CRÉER UNE SECONDE ÉCOLE DE LA DEUXIÈME CHANCE
A l’Est de Marseille, située boulevard Romain Rolland et à proximité de la station de métro Dromel, elle permettra d’attirer 400 jeunes du centre-ville ou des quartiers Est. Elle complètera le dispositif existant du site Nord qui compte 800 stagiaires avec un taux de retour à l’emploi ou à la formation qualifiante avoisinant les 60%. L’E2C Marseille recherchera une synergie maximale entre les deux sites, en assurant une complémentarité entre les filières (filière restauration et infrastructures sportives sur le site Nord, équipements informatiques et numériques à Dromel).
Échéance : 2018
Action à court terme : rapport au conseil municipal en juin 2016 – autorisation de programme à hauteur de 2,8 millions d’euros. Le Conseil départemental a demandé à la Ville de Marseille de constituer sa demande de subvention d’investissement.
Action 6 – SOUTENIR L’INSERTION PROFESSIONNELLE DES ÉTUDIANTS
En lien avec l’Université et la Région, la ville de Marseille intensifiera son action dans différents dispositifs pour insérer les étudiants dans le monde du travail :
• Pôle Étudiant Pour l’Innovation, le Transfert et l’Entrepreneuriat. Cette action permet d’apporter à chaque étudiant portant un projet entrepreneurial, des outils, un suivi, un statut d’étudiant-entrepreneur et de bénéficier d’un ensemble de dispositifs et d’aides financières.
• «Les Entrepreneuriales»: dispositif d’accompagnement à l’insertion professionnelle reconnu par le ministère de l’Enseignement supérieur et de la Recherche (MESR),
• «Les Doctoriales»: pour préparer et favoriser l’insertion professionnelle des doctorants dans le tissu socio- économique (rencontre avec des acteurs socio-économiques).
Échéance : en cours
Action à court terme : poursuivre le soutien aux actions en cours (PEPITE, les Entrepreneuriales, les Doctoriales).
II – DÉVELOPPER LES FILIÈRES D’EMPLOIS
Action 7 – AMPLIFIER LA TRANSFORMATION DU GRAND CENTRE-VILLE
Le centre ville fera l’objet d’un plan global de redynamisation, afin de renforcer son attractivité et de favoriser l’implantation de nouvelles activités économiques, commerciales, culturelles, touristiques et de services, autant de segments générateurs d’emplois diversifiés. Ce plan sera prochainement soumis à la concertation des acteurs institutionnels et privés, afin qu’il soit partagé, et que les actions spécifiques de chacun soient pleinement cohérentes et efficaces.
Échéance : en cours
Action à court terme : lancement d’une concertation au dernier trimestre 2016
Action 8 – EXTENSION DE MARSEILLE IMMUNOPÔLE BIO PARK
L’objectif est de construire une offre immobilière adapté (30 000 m2 de surfaces de planchers) pour favoriser l’émergence d’une référence mondiale en immunothérapie, autour d’entreprises et de laboratoire de recherches d’envergure internationale.
Échéance : en cours
Action à court terme : cession des terrains par la ville de Marseille à la SOGIMA, pour la réalisation d’un premier bâtiment de 3 000 m2 dédié aux biotechnologies.
Action 9 – EXTENSION DU TECHNOPÔLE DE CHÂTEAU-GOMBERT
L’objectif est de positionner le technopôle de Château-Gombert sur l’industrie du futur. Au croisement de la recherche académique et du monde économique, le technopôle la ville de Marseille et la métropole Aix-Marseille- Provence vont développer sur 30 ha un projet urbain ambitieux qui proposera une offre immobilière de 40 000 m2 pour permettre le développement et l’accueil d’entreprises.
Échéance : en cours
Action à court terme : cession par la ville de Marseille à la SOGIMA de terrains pour y réaliser un hôtel de tourisme (indispensable pour le bon fonctionnement du technopôle).
Action 10 – CRÉATION D’UN PAVILLON DE L’INNOVATION
Créer un lieu totem en centre ville de Marseille, espace de coworking, fab lab, salles de conférence et d’exposition, vitrine de l’excellence du numérique… où tout sera mis en œuvre pour illustrer le potentiel d’innovation de notre territoire. Ce lieu connecté incarnera notre label French Tech dans le numérique.
Échéance : en cours
Action 11 – RÉALISER UN 2E PÔLE MÉDIA
Construire dans le cadre de l’opération « Quartiers Libres » un second bâtiment dédié aux entreprises de la filière image.
Échéance : en cours
Action à court terme : selon l’avancement du projet « Quartiers libres ». Dialogue compétitif en cours.
Action 12 – CRÉATION DU PÔLE L’ESTAQUE MARITIME
Aménager sur deux sites dans le GPMM (quai de la Lave et Saumaty Séon) une offre immobilière adaptée aux entreprises de la filière maritime.
Échéance : en cours
Action à court terme : réalisation d’une étude de programmation économique en cours.
III – DÉVELOPPER DES OUTILS COMMUNS À L’ÉCHELLE MÉTROPOLITAINE
Action 13 – CRÉATION D’UN LYCÉE INTERNATIONAL
Pour attirer des talents et permettre le développement des entreprises à rayonnement international, la ville de Marseille doit être dotée d’un équipement répondant aux standards internationaux pouvant accueillir les enfants de collaborateurs étrangers d’entreprises installées à Marseille. Avec l’intervention de la Région, il devrait voir le jour sur le périmètre d’Euroméditerranée, confortant ainsi sa position internationale.
Échéance : courrier de Laure-Agnès CARADEC, présidente d’Euroméditerranée à Christian ESTROSI, président de la Région PACA.
Action 14 – CRÉATION D’UN GUICHET D’ACCUEIL MÉTROPOLITAIN POUR LES ENTREPRISES
Les entreprises qui envisagent de s’installer ou de se développer sur le territoire métropolitain doivent pouvoir s’adresser à un interlocuteur unique. Le Guichet d’accueil métropolitain pour les entreprises va nécessiter l’agrément de différents partenaires. Le premier interlocuteur sera le Conseil régional par sa compétence propre. Le second sera la Métropole et enfin la ville de Marseille sera le 3ème interlocuteur si l’entreprise retient de s’y implanter.
Tous les dispositifs d’assistance aux entreprises seront mis à disposition dans un guichet unique d’accueil métropolitain.
La ville de Marseille propose également de développer un service de suivi des procédures d’autorisations d’urbanisme dédié aux chefs d’entreprises.
Échéance : d’ici à 2017
Action à court terme : vœu de la municipalité auprès de la Métropole.
Action 15 – FAVORISER L’ÉMERGENCE D’UN MARKETING TERRITORIAL CONCERTÉ
Pour positionner Marseille et la Métropole dans la compétition internationale, il est proposé de fédérer les objectifs et les ressources de notre territoire, pour assurer sa promotion et accroître sa lisibilité dans le jeu concurrentiel des grandes métropoles par la création d’un outil de marketing territorial.
Action à court terme : vœu de la municipalité auprès de la Métropole.
Action 16 – UNE STRATÉGIE DE PROMOTION ET DE COMMERCIALISATION UNIFIÉES
La mise en place de ces outils de promotion s’appuiera sur une stratégie de promotion et de commercialisation unifiées, de manière à disposer d’un argumentaire de vente sur l’offre immobilière et les grands projets et à faciliter la participation aux grands salons immobiliers nationaux et internationaux.
Action à court terme : vœu de la Municipalité auprès de la Métropole.
Action 17 – UN SCHÉMA DES TRANSPORTS MÉTROPOLITAINS
Une des premières conditions pour un développement économique équilibré de la métropole Aix-Marseille Provence est de pouvoir disposer d’un schéma global des transports, qui devra fixer les conditions du développement des grandes infrastructures liées aux déplacements.
Action à court terme : vœu de la municipalité auprès de la Métropole.
Action 18 – UN SCHÉMA DU DÉVELOPPEMENT ÉCONOMIQUE MÉTROPOLITAIN
Il est indispensable de disposer d’un schéma économique qui devra inclure la dimension emploi de manière à assurer le développement harmonieux de toutes les filières à potentiel, sans concurrence territoriale et en parfaite complémentarité. Il s’intégrera au Schéma régional de développement économique.
Action à court terme : vœu de la municipalité auprès de la Métropole.