Restos, bars, plages privées… L’avenir des commerçants de l’Escale Borély est en réflexion dans le cadre du grand projet de réaménagement du littoral Sud. Ces derniers lancent une pétition pour soutenir leur maintien au bord des plages.
« On ne sait pas si on sera encore là dans deux ans ». C’est ainsi que le président de l’association des commerçants de l’Escale Borély, Henri Tulimiero, résume le problème. Il faisait partie « des premiers, en 1992, à intégrer ce site, quand Vigouroux l’a inauguré, se rappelle-t-il. Après plus de 30 ans d’activité non stop, je n’ai aucune idée de mon avenir à court terme ».
Bars, restos, glaciers, location de transats et plages privées… Aujourd’hui, 22 exploitants sont installés dans ce complexe commercial balnéaire d’environ 25 000 m². Le témoin d’une époque où l’approche dans l’urbanisation du littoral était bien différente.
« C’est un peu vieillissant, certes, dans l’esthétique et les matériaux, reconnaît le patron du resto Les Mouettes. Il faut le repenser. Une réactualisation en accord avec son temps. Les gens ont de nouveaux besoins sur le littoral ».
« Une situation d’extrême urgence »
Repenser l’Escale, oui, « mais vite, et avec les commerçants ». Dans les faits, cette grande remise à jour est en réflexion du côté de la Mairie. L’équipe municipale a acté le lancement des études en octobre dernier pour élaborer un grand projet de « réaménagement et de développement durable » du littoral Sud.
Le périmètre de réflexion va de la base nautique du Roucas-Blanc à la Pointe-Rouge en passant par le parc Borély et les plages du Prado. Et donc l’Escale, dont l’avenir n’est pas encore écrit. « Cette incertitude nous met dans une situation d’extrême urgence », clame le président des commerçants.
Son vice-président, Alain Michaud Bonnet, tenancier du Sport Beach, poursuit : « Comment on convainc un banquier d’investir si on n’a pas de vision à plus de deux ans ? Pourquoi je ferais des travaux de modernisation si je ne suis pas sûr de rester ? Et quand je signe un CDI, c’est en fait un CDD ? ».
Le mille-feuille administratif du littoral
Pourquoi deux ans ? D’un point de vue administratif, l’Escale Borély, située dans le domaine public maritime, est sous contrôle de l’État. Celui-ci délègue temporairement la gestion de l’espace balnéaire du Prado à la Ville, qui délègue elle-même la gestion de l’Escale à la Sogima (société d’économie mixte dont la municipalité est actionnaire).
Ce jeu de délégation, maintes fois renouvelé, doit prendre fin en 2026. L’État reprendra-t-il la main ? C’est l’enjeu que résume l’adjoint marseillais au Littoral, Hervé Menchon : « L’État nous concèdera la gestion de l’espace balnéaire à condition d’avoir un projet ambitieux avant fin 2026. Nous y travaillons, ça avance. Les consultations des acteurs, des citoyens et des commerçants vont bientôt démarrer », assure-t-il.
« On attend qu’on nous appelle », s’impatiente Alain Michaud Bonnet. Il admet que, jusqu’ici, « le dialogue avec la Ville est de qualité. Mais on n’a toujours pas d’élément pour se projeter dans l’avenir ». D’autant que les commerçants craignent que la campagne des prochaines municipales de 2026 s’intensifie, et que la situation s’enlise.
Une pétition pour préserver les commerces de l’Escale
Les commerçants veulent avancer vite. Pour mettre la pression et faire valoir leur poids, ils lancent une pétition en ligne. « On veut le soutien du peuple marseillais. Ils sont ravis de profiter de l’Escale et ses commerces, mais ne connaissent pas notre situation », poursuit le président de l’association Henri Tulimiero.
Et ils sont confiants dans l’appui du grand public au maintien des commerces. Les exploitants de l’Escale s’adjugent la troisième place des sites les plus fréquentés de la ville, après la Bonne Mère et le Vélodrome. Ils revendiquent en effet « plus de 3,5 millions de visiteurs par an ». Autant de signatures sur la pétition pourraient faire pencher la balance.