Le collectif REVEEAL, déjà connu pour sa production de spiritueux à base d’agaves Josiane, lance un nouveau projet de « cuvée sacrée », réalisée à partir des plantes récoltées sur les collines de la Bonne Mère. Une partie des bénéfices sera reversée pour la restauration de la basilique.
Alors que la saison des vendanges touche à sa fin dans les vignobles, une autre récolte bien différente s’est déroulée à Marseille en fin de semaine dernière. L’association REVEEAL, déjà connue pour son spiritueux d’agave baptisé « Josiane », a encore frappé. Cette fois, le collectif d’artistes se lance dans la production d’une « cuvée sacrée » à partir des agaves arrachés sur les collines au pied de Notre-Dame de la Garde.
L’objectif : revaloriser cette espèce exotique, considérée comme envahissante, en la transformant en eau-de-vie artisanale similaire au mezcal mexicain. Cette démarche originale et écologique s’inscrit dans la lignée des premières récoltes réalisées en 2020 sur les îles du Frioul. Ou encore le long des chemins de fer de la Côte bleue en 2021.
Sous le regard de la Bonne Mère, à flanc de colline, des bénévoles se sont mobilisés pour effeuiller, puis extraire la trentaine de pieds d’agave americana présents sur cette zone emblématique. Car, comme pour les vignes, « la fin de l’été est la période où le taux de sucre est le plus élevé. C’est donc le moment idéal pour les arracher de terre », explique Axel Schindlbeck, designer à l’origine du projet.
Un projet écologique et artisanal
Du pain bénit pour le diocèse de Marseille qui « souhaitait depuis longtemps entretenir le parc en dessous de la basilique. C’était une démarche qui avait du sens pour eux comme pour nous. Le fait que l’association propose de le faire gratuitement était un atout », poursuit Axel Schindlbeck. Et d’ajouter avec humour : « Ils étaient d’accord, à condition de pouvoir goûter ».
Quelques heures et glissades plus tard, la fin de l’arrachage a été arrosée à l’atelier de Guillaume Ferroni, près du Vieux-Port. Là-bas, 50 bouteilles de Josiane ont déjà été vieillies dans des barriques en fût de chêne pendant 12 mois. Le résultat : un distillat d’agaves « añejo », à 45 % d’alcool et aux notes fumées et herbacées.
Concernant la récolte du jour, les 1,6 tonne de cœurs d’agaves fraîchement arrachés se dirigent près de Béziers. Là-bas, ils seront cuits à la vapeur « dans une sorte de sauna » puis mis à fermenter. Avant d’être distillés et mis en bouteille. Ce procédé artisanal et lent, confié à l’Atelier du bouilleur, est essentiel pour obtenir un alcool de qualité.
Un geste pour la Bonne Mère
Ce projet « est le fruit d’une rencontre entre deux mondes un peu due au hasard », résume le designer. Une partie des bénéfices de la vente de cette « cuvée sacrée » sera reversée à la restauration de Notre-Dame de la Garde. Le diocèse a lancé cette année une campagne de financement participatif pour rénover les dorures et la structure du monument. Elle a déjà permis de collecter plus de 80 000 euros sur les 2,4 millions nécessaires.
Les amateurs de spiritueux devront patienter six mois avant de pouvoir déguster ce nouveau millésime de Josiane. Le tout en contribuant à la rénovation du patrimoine marseillais. Une raison de plus de lever son verre à la santé de la Bonne Mère ! Avec modération, bien sûr.
L’abus d’alcool est dangereux pour la santé.
Photo de Une : © Victoire Eouzan