Dans les Bouches-du-Rhône, le tri des emballages et papiers est en progression. L’entreprise Citeo veut renforcer cette dynamique.
En matière de tri des déchets, le département des Bouches-du-Rhône traîne une mauvaise réputation dont il aimerait se défaire. Si les derniers chiffres indiquent une légère amélioration, des efforts restent à faire. En 2021, ses habitants ont trié 38 kg d’emballages ménagers et papiers en moyenne. Des performances en hausse mais toujours en-dessous de la tendance nationale qui s’établit à 72 kg.
L’entreprise à but non lucratif Citeo agit sur tous les fronts en développant depuis plus de 30 ans des solutions de réduction, réemploi, tri et recyclage pour le secteur privé et les collectivités locales.
Combattre les fausses idées
Si le tri des emballages et papiers peine à décoller dans la région marseillaise, c’est que les légendes urbaines y ont encore la vie dure. Il se murmure en effet dans les rues de la cité phocéenne que ‘rien ne sert de trier, tout va au même endroit‘.
« C’est faux, réfute Christine Leuthy, directrice régionale Sud-Est chez Citeo. Les collectivités n’ont aucun intérêt à tout mélanger puisqu’elles revendent les matières recyclées. Les camions poubelles sont parfois équipés de deux compartiments et les habitants peuvent croire que les déchets sont amalgamés, mais ils sont bien séparés ».
Elle admet néanmoins que « les mélanges peuvent arriver de manière exceptionnelle quand les déchets s’entassent pendant une grève, car la priorité est donnée au ramassage des ordures ménagères pour des raisons sanitaires. Un bac peut aussi ne pas être collecté si le tri est mal fait, car il dégraderait le reste de la collecte sélective ».
D’autres idées reçues restent également à déconstruire. « Il est inutile de laver les emballages avant de les jeter dans les bacs, rappelle la directrice. On sait les traiter. Il ne faut pas non plus les imbriquer pour gagner de la place mais bien les déposer en vrac pour faciliter leur séparation dans les centres de tri ». Le guide du tri de Citeo, téléchargeable sur mobile, apporte des réponses à ces questions récurrentes.
Simplification du tri dans les bacs jaunes
La route est encore longue pour systématiser les bons gestes mais la simplification du tri en France a déjà permis d’augmenter significativement les volumes de collecte (3 kg d’emballages supplémentaires par habitant). Alors que le tri des emballages plastiques était limité aux bouteilles et certains flacons, depuis fin 2022 dans les Bouches-du-Rhône, capsules café, barquettes, tubes et autres sachets sont désormais acceptés.
« Les centres ont été modernisés, ce qui permet aujourd’hui d’accepter tous les emballages dans les bacs jaunes et de lever un frein. Quand on a dit aux gens ‘Tous les emballages se trient’, il y a eu un effet levier, constate Christine Leuthy ». Après la collecte des emballages triés, se pose alors la question de leur traitement.
Citeo indique qu’en France 65,5% des emballages sont recyclés. Le verre et l’acier ne constituent plus un défi mais les plastiques, oui. Seulement 65% d’entre eux sont recyclables, 15% disposent de filières de recyclage en développement et les 20% restant doivent faire l’objet d’une valorisation énergétique.
Mais l’horloge tourne. La loi anti-gaspillage votée en 2020 vise 100% de recyclage des emballages en plastique à usage unique dès 2025. « On fera un point l’année prochaine mais il faudra sans doute remplacer certains plastiques par d’autres matériaux », estime la directrice régionale.
Des emballages à réinventer
Pour faciliter le recyclage et tenir les objectifs fixés par le gouvernement, ce qui ne peut pas être trié en aval doit donc être changé en amont. C’est pourquoi les entreprises de la région sont accompagnées sur la voie de l’éco-conception.
« Nous aidons par exemple Heineken à alléger le poids de ses bouteilles en verre et de ses canettes en alu, détaille la représentante de Citeo. Et nous travaillons sur la réutilisation des plastiques avec Haribo. À chaque fois, nous menons une réflexion sur le ‘juste emballage’ car nous devons continuer à protéger les produits et à afficher la traçabilité ».
Le vrac et le réemploi se développent aussi en collaboration avec des enseignes locales, comme la Brasserie de la Plaine, Maison Bremond ou encore Le Roy René. Car l’objectif n’est pas seulement de trier, mais aussi de réduire le volume global de déchets. Citeo souhaite par ailleurs intensifier la lutte contre les déchets abandonnés qui « dégradent fortement les écosystèmes et la biodiversité ».
« On ne lâche rien ! », clame l’entreprise dans sa dernière campagne de communication. Elle rappelle que le recyclage en France, c’est l’équivalent chaque année, en tonnes de CO2 évitées, d’un million de voitures retirées de la circulation. Une bonne raison d’intensifier les efforts.