Comptant plus de moutons que d’habitants, l’archipel des îles Féroé, baignant au large des côtes danoises, déroule d’incroyables paysages façonnés par les caprices d’une météo au caractère souvent bien trempé. Un dépaysement total à moins de trois heures de vol de la France.
Devant nous, en plein cœur de l’Atlantique Nord, entre l’Écosse, la Norvège et l’Islande, se dressent 18 cailloux, jetés en pâture aux éléments qui prennent régulièrement un malin plaisir à se déchaîner. Bienvenue aux îles Féroé !
Un archipel à la notoriété parmi les plus discrètes du Vieux Continent, mais aussi assurément l’un des plus préservés de la planète. Et sachez qu’il faut avoir un amour immodéré pour la nature tout comme apprécier la solitude pour vivre au cœur de ces confins, que les circuits touristiques ne balaient qu’avec parcimonie.
Des deux côtés des ponts et tunnels sous-marins qui permettent de jouer à saute-mouton entre les îles, les fjords succèdent aux falaises au profil pour le moins fantaisistes mais aussi à quelque 340 sommets qui se perdent dans les nuages ou encore à des cascades sorties de nulle part qui déboulent vers un littoral écorché par une météo gironde jusqu’au vertige.
De quoi assouvir la soif des aventuriers de tout poil, les fans de randonnée et autres contemplatifs en quête de nature à l’état pur et animés par une furieuse envie de déconnexion. Si par certaines facettes, le territoire révèle des airs d’Islande et même de l’Écosse, dont il est le plus proche, c’est au Royaume danois qu’il est rattaché. Avec un gros bémol toutefois : une vraie autonomie qui lui a d’ailleurs permis de refuser l’adhésion à l’Union Européenne, de frapper sa monnaie locale et même de répondre aux lois de son propre parlement.
Une singularité qui interpelle, révélatrice en fait du caractère et de l’identité qui habitent des Féringiens. Mais pas que ! Ici, la simplicité rime avec authenticité. Allez vous perdre dans les ruelles de la « capitale » Tórshavn et notamment dans le Vieux Quartier, avec ses maisonnettes aux toits végétalisés, ses « hjallurs » où fermentent poissons et moutons sans parler de ses « ministères » derrière des façades traditionnelles de couleur rouge… vous en serez convaincus.
Kirkjubour, un détour incontournable
À quelques encablures de là – une vingtaine de minutes en voiture ou deux heures de marche -, vous serez tout aussi surpris par la découverte de Kirkjubour, délicieux site où les Vikings féringiens établirent leur siège épiscopal au début du XIIe siècle et par conséquent le plus ancien centre culturel de l’île.
Au-delà de la cathédrale étêtée et la campagnarde église au blanc tranchant face à l’océan, Roykstovan peut toujours s’enorgueillir d’être une ferme d’autant plus historique qu’elle abrite aujourd’hui la 17e génération des propriétaires. Et son musée permet de se familiariser avec l’habitat traditionnel.
Múlafossur, des chutes à couper le souffle
Pour des paysages à couper le souffle et réunissant en quelques kilomètres ce que les îles offrent de plus dément, pour ne pas écrire surréaliste, filez sur l’île de Vagar, celle-là même où se trouve l’aéroport. Ses pentes douces tapissées d’herbes, qui font le bonheur des stars locales, à savoir les moutons que l’on croise partout, partout, partout – on en recense 80 000 contre « seulement » 54 300 habitants- ne laissent nullement imaginer qu’après une petite heure de marche le lac Sorvagsvatn offrira un tel show en se déversant en cascade le long de la falaise ; ou qu’encore, à l’extrémité Sud, Gasadalur s’imposera comme un spot mémorable avec la chute de Múlafossur.
Difficile d’en détacher son regard même si les Féroé savent multiplier les surprises. On pense à l’île de Mykines, accessible en bateau depuis Sorvagur, et dont le ciel se couvre d’oiseaux marins qui font la joie des ornithologues. On pense aussi, au nord du territoire, à la magnifique cascade de Fossa qui se dévoile au détour d’une route sillonnant entre les prairies détrempées d’où les seules notes colorées sont apportées par les maisons et une côte incroyable engendrée par la magie de la nature. Of course !
Par Sandra Basso
QUAND Y ALLER ? De mai à octobre… mais sachez que, quelle que soit la période, vous aurez plus de chance de balader sous la pluie que de voir le soleil percer les nuages. Et la température affiche en moyenne 13°C.
COMMENT Y ALLER ? Atlantic Airlines assure jusqu’au 21 octobre trois rotations hebdomadaires les lundis, mercredis et vendredis en codeshare avec Air France-KLM au départ de Paris-CDG vers Vagar. La durée de vol est de 2h40 (à partir de 380 €, atlanticairways.com)
OÙ SE RESSOURCER ? Situé sur les hauteurs de Tórshavn, l’Hilton Garden Inn figure parmi les établissements à privilégier du pays. Les chambres sont confortables, fonctionnelles et la déco des espaces communs particulièrement soignée (à partir de 150 €, hilton.com)
OÙ SE RESTAURER ? Déjeuner et dîner au restaurant est récent dans les us et coutumes féringiens. Il n’empêche, de jolies adresses se sont multipliées à travers le pays et invitent à découvrir des mets fermentés, à base de mouton ou encore de poisson.
– Le Raest à Tórshavn. Cette table gastronomique vous entraîne dans un voyage que vous n’êtes pas prêt d’oublier au rythme de 14 plats aux saveurs souvent surprenantes (raest.fo).
– Le Gjaargardur Guesthouse. Dans ce petit village aux airs de bout du monde avec vue sur l’océan, l’établissement sert notamment un plat de poissons (langoustines, moules, bars…) qui ne manquent pas de marquer les esprits. Divin !
– « Heimablídni », le repas à la ferme à Æðuvík. Harriet (une des rares bergères du pays) et John proposent, dans leur salon, des dîners typiques à base des produits de l’exploitation. L’agneau est un pur délice.
UNE IDÉE CADEAU ? La laine est bien sûr le produit local par excellence. Sissal Kristiansen a choisi de la tricoter de façon artisanale alors que Guðrun & Guðrun (des noms des deux créatrices) proposent des pulls, vestes, pantalons certes traditionnels mais au design revisité. À découvrir dans leur boutique respective à Tórshavn.