Les permis de construire du projet immobilier de Constructa et Gingko qui doit pousser sur l’ancienne usine Legré-Mante, au sud de la ville, viennent d’être annulés par le tribunal administratif.
Dans le quartier de la Madrague de Montredon, l’usine chimique Legré-Mante a produit du plomb puis de l’acide tartrique depuis 1784. Le site industriel a cessé ses activités en 2009, laissant à l’abandon un immense terrain pollué de 8,5 hectares aux portes des Calanques (8e).
En 2017, le fonds d’investissement suisse Ginkgo, expert de la réhabilitation de friches polluées, a racheté l’ancienne usine. En s’associant avec le promoteur marseillais Constructa, l’entreprise a pris l’engagement de dépolluer 100% du site pour ériger « un village à la mer » de 330 logements, dont une résidence séniors et de tourisme. Nom de code : 195, La calanque.
D’abord revus en 2022 pour réduire le nombre de logements, les deux permis de construire ont finalement été accordés par la Ville de Marseille en janvier 2023. Mais trois associations environnementales, l’Association Santé Littoral Sud (ASLS), Union Calanques Littoral (UCL), et Fare Sud ont déposé des recours en juillet de cette même année.
Les causes de l’annulation
C’est donc un an plus tard que le tribunal administratif a tranché en leur faveur. Dans sa décision, la justice pointe le non-respect de la loi Littoral, qui vise à protéger la nature tout en développant de l’activité économique.
La partie du plan local d’urbanisme intercommunal (PLUi) de la Métropole concernant ce projet a également été annulée pour « incompatibilité » avec la charte du Parc national des Calanques et l’extension de l’urbanisme.
Le jugement insiste aussi sur le « défaut d’information du public durant l’enquête publique » organisée de septembre à octobre 2022. Le tribunal souligne notamment un dossier d’enquête « très lacunaire ».
Quel avenir pour ce site pollué à l’orée des Calanques ?
Sur ce point, le conseiller spécial à l’urbanisme de Marseille, Éric Mery, observe une « décision sévère » alors qu’un comité de surveillance avait été mis en place avec les associations et les habitants.
L’annulation des permis « va encore ralentir la dépollution du site », regrette l’élu. C’est pourquoi la Ville pourrait envisager de faire appel dans les prochaines semaines.
Gingko prévoyait en effet de dépolluer le site pour 11,8 millions d’euros, notamment trois zones : le crassier – le grand talus de terre devant la mer – la cheminée rampant sur la colline, et l’usine elle-même.
Conscient de l’impératif de cette dépollution, Roland Dadena, le président de ASLS, reste néanmoins « ouvert à la discussion » avec les collectivités, l’État et Gingko. Le retraité plaide pour « repenser collectivement » un projet respectueux de la nature et des habitants.