La Métropole engage une enveloppe de 50 millions d’euros pour relancer le chantier du Boulevard Urbain Sud. La Ville, toujours opposée au projet, a fait appel aux décisions du tribunal administratif, qui a rejeté ses deux procédures contentieuses.
Le long feuilleton du Boulevard Urbain Sud (BUS) vient de vivre un nouvel épisode houleux ce 27 juin dans l’hémicycle du conseil métropolitain.
Alors que le projet est à l’arrêt depuis l’arrivée du Printemps marseillais à l’Hôtel de Ville, la Métropole Aix-Marseille-Provence a voté une enveloppe budgétaire de 50 millions d’euros pour financer « les études, l’acquisition des terrains privés et les travaux » dans le but de relancer le chantier.
Un chantier à l’arrêt
Déclaré d’utilité publique en 2016, le BUS devait « faciliter le contournement de la ville » sur plus de huit kilomètres. La première phase, mise en service le 1er juillet 2020, permet pour l’instant de relier le boulevard Sainte-Marguerite à l’autoroute A50 et à la rocade L2, au niveau de l’échangeur Florian.
Mais deux procédures contentieuses engagées par la municipalité en 2021 ont contraint la Métropole à suspendre l’avancement du chantier, lancé par l’ancienne majorité de Jean-Claude Gaudin, alors que le tronçon entre le Cabot et le Roy d’Espagne n’a pas encore été réalisé.
Afin de répondre aux craintes exprimées par la Ville et par une partie des habitants sur l’impact environnemental du projet, la Métropole a proposé de mettre en place un Boulevard Urbain Vert, long de 1,7 kilomètre, sur le dernier tronçon entre le chemin du Roy d’Espagne et la traverse Parangon.
Le projet doit offrir « un itinéraire apaisé avec la création d’une piste cyclable bidirectionnelle et un cheminement piéton sinuant au centre de la pinède du Roy d’Espagne, sans impacter la végétation existante », assure la Métropole, sans pour autant parvenir à convaincre la municipalité.
En bleu, le tronçon réalisé, en rouge, la phase en projet, contestée. En vert, le Boulevard Urbain Vert.
Rejet des deux contentieux
Le 7 mai 2024, le tribunal administratif de Marseille a finalement rendu sa décision concernant les deux contentieux. La demande de la Ville d’annuler l’arrêté préfectoral prorogeant la déclaration d’utilité publique du Boulevard Urbain Sud jusqu’en 2026 a notamment été rejetée.
La Ville a annoncé, par la voix de sa conseillère municipale et métropolitaine déléguée à la voirie Perrine Prigent, avoir fait appel de cette décision, quelques jours seulement avant le conseil métropolitain. L’élue du Printemps marseillais s’en est expliquée ce 27 juin au sein de l’hémicycle.
« 50 millions d’euros, c’est peu ou prou le budget annuel voirie alloué à la Ville de Marseille. Utilisons ces 50 millions pour avancer sur des projets de voirie dans toute la ville, a-t-elle plaidé. Ce BUS est un projet du passé qui fait la part belle aux voitures et aux camions, qui va détruire le parc de la Mathilde, les 115 jardins familiaux Joseph Aiguier et la pinède du Roy d’Espagne avec 300 pins centenaires visés. Au total, ce serait 11 hectares qui seraient imperméabilisés et bétonnés ».
La majorité métropolitaine défend le BUS
Un argument balayé par la présidente de la Métropole, Martine Vassal, qui met en avant son intention de réaliser entre le Roy d’Espagne et la Pointe Rouge le projet du « Boulevard Urbain Vert » destiné aux piétons et aux cyclistes. « Mais ici, on n’est pas à Amsterdam, ni à Paris, où on ne peut plus se déplacer en voiture », lance-t-elle à ceux qu’elle accuse d’avoir un positionnement « idéologique » qui dénigre l’utilisation de la voiture en ville.
Lionel Royer-Perreaut, député Renaissance, défenseur de longue date du projet, salue quant à lui le vote de cette délibération qui a « une valeur de symbole et un message politique fort ». L’ancien maire des 9e et 10e arrondissements dénonce « une forme d’acharnement contre ces quartiers. Je trouve désespérant de laisser croire qu’il y a une alternative. Aucune des propositions faites par l’Agam, dans le cadre de la mission que vous lui avez confiée, n’a été retenue par la Ville. Je pense qu’il est temps que la mairie de Marseille, la mairie de secteur et la Métropole travaillent ensemble à trouver une solution ».
Un fort engorgement au Cabot
Perrine Prigent assure que le but de la municipalité a toujours été de « désengorger les quartiers sud, tout en préservant les espaces verts menacés. Nous connaissons les difficultés des habitants à se déplacer dans un secteur mal desservi par les transports en commun ».
L’élue de la majorité municipale pointe notamment le fort engorgement du quartier du Cabot, où « les automobilistes se retrouvent piégés dans les embouteillages de la fin du BUS. Nous demandons depuis plus de deux ans le réaménagement du carrefour giratoire pour fluidifier le trafic aux heures de pointe. À ce titre, la Ville a rétrocédé les parcelles nécessaires aux travaux il y a déjà deux ans et les services ont terminé les diligences administratives il y a un an ».
Elle invite donc la Métropole à réaliser le carrefour giratoire… mais « à étudier de nouveau » les alternatives à la poursuite du BUS, en faveur des transports en commun, proposées par la Ville de Marseille. Dans une ambiance électrisée par la campagne électorale en cours, l’enveloppe de 50 millions d’euros a finalement été votée.