Handicapée moteur et cérébral, Nathalie Lebregère a porté la flamme olympique par la pensée le 9 mai grâce à une innovation de Inclusive Brains. La start-up marseillaise, présente au sommet Choose France, veut jouer dans la cour des grands.

Guidée par son frère jumeau, Nathalie Lebregère a porté la flamme olympique le 9 mai devant le Dock des Suds à Marseille. Une prouesse technique permise par le projet « Prometheus » de la société Inclusive Brains. Car cette jeune femme porte une infirmité motrice cérébrale (IMC) et est tétraplégique depuis la naissance.

La start-up marseillaise a mis au point une interface « cerveau-machine » pour actionner un exosquelette attaché au bras de Nathalie. Il est déclenché par deux messages : un signal cérébral capté par des électrodes et un signal provenant du mouvement du visage détecté par une caméra.

« Nathalie parvient à communiquer sa joie grâce à une expression bien à elle que l’IA reconnaît pour actionner le bras mécanique », précise Olivier Oullier, neuroscientifique et cofondateur de l’entreprise.

Ainsi, lorsque le relayeur de la flamme olympique est arrivé, encouragée et stimulée, la jeune femme a ouvert la bouche. L’IA a détecté ce mouvement pour diriger le bras vers le réceptacle de la flamme, attaché à son fauteuil roulant. C’est l’association Ladapt qui a « remué ciel et terre » pour que cette expérimentation se fasse avec Nathalie et sa famille.

flamme, Vidéo | Malgré son handicap, Nathalie a porté la flamme olympique par la pensée, Made in Marseille
Les membres de l’association Ladapt, le père et le frère de Nathalie, le président de la Région Sud Renaud Muselier, et les deux cofondateurs de Inclusive Brains.

« Devenir le Neuralink européen »

Cette innovation « multimodale » est permise par une IA cognitive (qui analyse le comportement) entraînée grâce à du texte et des mouvements. Allianz Trade, filiale du groupe d’assurance, vient d’ailleurs de signer un partenariat avec la start-up pour accélérer la phase de recherche & développement et, à terme, permettre aux personnes en situation de handicap de (re)travailler sur un poste de travail connecté.

Pour mettre au point ce concept en 2022, Olivier Oullier s’est associé avec Paul Barbaste, un jeune diplômé de Sciences Po, de l’École Polytechnique et de HEC. « Il m’a contacté à plusieurs reprises sur Linkedin pour qu’on travaille ensemble. C’est un jeune brillant avec lequel je partage la même vision, raconte l’ancien président de Emotiv, leader mondial des neurotechnologies. Nous, on rêve de devenir le neuralink européen ».

Le fondateur entend bien faire le poids face à cette jeune pousse américaine financée par le redoutable homme d’affaire Elon Musk qui a récemment placé un implant cérébral dans le cerveau d’un homme tétraplégique.

flamme, Vidéo | Malgré son handicap, Nathalie a porté la flamme olympique par la pensée, Made in Marseille
Aylin Somersan Coqui, CEO de Allianz Trade, avec Olivier Oullier et Paul Barbaste.

Les acteurs locaux ont attiré la pépite à Marseille

Emmanuel Macron semble aussi conscient de l’atout que représente Inclusive Brains. L’Elysée l’a en effet choisi parmi les 13 start-up pour la 7e édition de Choose France qui s’est déroulée ce 13 mai. Ce forum a généré près de 15 milliards d’euros d’investissements de patrons étrangers pour financer 56 projets français. Microsoft a notamment annoncé le renforcement de son implantation à Marseille.

Avant l’État, ce sont d’abord la Région Sud et la Chambre de commerce et d’industrie Aix-Marseille-Provence (CCI AMP) qui ont perçu le potentiel de cette start-up. « Ils nous ont offert les meilleures conditions », revendique Olivier Oullier. L’expertise en neurosciences et en IA du territoire, notamment soutenue par Aix-Marseille Université, a aussi penché dans la balance.

L’entrepreneur dirige d’ailleurs le centre d’IA de l’entreprise salaunaise Biotech Dental qui expérimente des solutions pour améliorer le bien-être des patients et des médecins. « Nous travaillons sur la détection du stress et de la fatigue des patients dentaires mais aussi des chirurgiens-dentistes afin de veiller à ce qu’ils soient en bonne condition physique et mentale pour soigner », explique le neuroscientifique.

Les deux associés se retrouveront le 31 mai pour une présentation lors du sommet AI for good organisé par les Nations unies à Genève. Le binôme se prépare également à lever plusieurs millions d’euros avant fin 2024 pour accélérer leur développement.

Bouton retour en haut de la page