L’armateur marseillais CMA CGM a inauguré le 8 mai son nouveau campus Tangram à la Pointe-Rouge. Un « centre d’excellence » pour la formation et l’innovation dans le transport maritime et la logistique.
C’est fait. Après quatre ans de travaux, le géant mondial du transport maritime, le marseillais CMA CGM, a inauguré le 8 mai Tangram, son nouveau centre d’excellence de formation et d’innovation dans le quartier de la Pointe-Rouge.
Le président de la République, Emmanuel Macron, dont la proximité avec Rodolphe Saadé, patron de la compagnie, est souvent évoquée, était présent pour l’occasion, avant de se rendre à la cérémonie d’accueil de la flamme olympique.
Mardi 7 mai, nous avons pu visiter en avant-première ce nouveau campus de 6 000 m², dédié à la formation et l’innovation. Il s’installe sur le terrain de l’École nationale supérieure maritime (ENSM) dans les quartiers Sud. Les bâtiments neufs aux lignes épurées s’articulent autour d’une bastide du XIXe siècle rénovée.
« Un groupe de notre taille et dans notre secteur doit avoir son propre centre de formation et d’innovation ». C’est ce qu’expliquait Rodolphe Saadé lors de la pose de la première pierre en 2022.
Former 5 000 collaborateurs par an
« Avec Tangram, j’investis dans l’humain, précise-t-il cette semaine au journal Le Monde. Les collaborateurs sont la clé pour relever [les] défis » principaux du groupe. Ces derniers, qu’il identifie comme étant le climat, la géopolitique et l’intelligence artificielle (IA). Pour le capitaine d’industrie, « l’humain » est la principale réponse face à ces changements ou menaces. Et le moteur pour accélérer la transformation de la compagnie.
Ce nouveau campus s’adresse donc aux 180 000 collaborateurs de CMA CGM dans le monde, dont plus de 3 000 à Marseille. Il propose des formations en présentiel ou en distanciel. L’armateur avait initié cette stratégie de formation interne dès 2015 avec l’Academy, basée dans la tour CMA CGM à Arenc.
Mais elle trouve un nouvel élan à la Pointe-Rouge, avec beaucoup plus d’espaces et d’équipements. Une aile du campus, de 2 500 m² sur 5 niveaux, propose plus de 20 salles, 3 simulateurs de navigation dernier cri. Elle doit assurer la formation de 120 personnes par semaine. Et accueillir « chaque année plus de 5 000 collaborateurs », selon le directeur de Tangram, Angelo-Gabriel Mikael.
Ils bénéficieront d’enseignements développés avec des universités et écoles partenaires sur trois programmes. L’Imperial College Business School de Londres est partenaire sur le module climat et décarbonation. Boston Consulting Group (BCG) University pour l’intelligence artificielle. HEC Paris est référent des formations au leadership.
Cap sur le défi « difficile » de la décarbonation du groupe
Au-delà, ce campus se rêve aussi en pôle d’innovation. « Un centre d’excellence dédié à la création du transport et de la logistique durables de demain » avance CMA CGM.
En effet, Rodolphe Saadé est à la tête d’une industrie dont l’impact polluant est considérable. Les 650 navires porte-conteneurs du groupe qui parcourent le globe consomment « 8 millions de tonnes de carburant » par an, rappelle-t-il mardi à France Inter.
Un bilan carbone non négligeable malgré les « 15 milliards de dollars » investis dans le renouvellement de la flotte vers le GNL et le méthanol. Une transition lente, et encore très loin de l’objectif « zéro émission en 2050 » que s’est fixé le capitaine d’industrie. « Il faut être lucide : ce sera difficile », admet-il dans les colonnes du Monde.
Innover sur terre, en mer et dans l’espace
C’est toutefois pour aller dans le sens d’une logistique décarbonée que CMA CGM a créé son « Innovation hub » sur le campus de Tangram. Carburants alternatifs, technologies moins impactantes, numérique au service de l’optimisation des flux… Une aile du bâtiment est dédiée a développer des pistes de développement du transport maritime, terrestre, aérien et de la logistique.
Il s’agit plus d’un espace de travail collectif sur l’innovation qu’un laboratoire de recherche et développement. Il vise à faire travailler les équipes et les partenaires pour « anticiper les tendances de demain autour de solutions durables. Développer une culture de l’innovation propre à un groupe leader », précise le groupe.
La compagnie maritime entend mettre à profit ses compétences et expertises de transporteur et logisticien dans d’autres secteurs : l’économie circulaire, le metaverse (environnements virtuels) ou encore… la logistique spatiale.
« Oui, on souhaite se pencher sur la logistique là-haut, nous expliquait Rodolphe Saadé. Définir quel rôle on peut jouer, sur les questions de gestion de satellites par exemple ». Alors que le spatial civil se développe notamment avec Space X (société de Elon Musk), les expertises en optimisation de flux et de stocks devraient avoir leur rôle à jouer dans les prochaines années. C’est en tout cas un des paris du groupe. L’avenir seul pourra lui donner raison.