La pollution de l’eau a égratigné les épreuves en mer des derniers Jeux olympiques d’été, à Rio puis à Tokyo. Alors que Marseille accueille les épreuves de voile cet été, les efforts ont redoublé pour offrir un plan d’eau irréprochable.
Retour en 2016. Les Jeux olympiques d’été se déroulent à Rio, avec des épreuves de voile et de natation dans sa baie mythique, Guanabara. Les véliplanchistes, kitesurfeurs, navigateurs et nageurs se réjouissent de performer dans ce décor de carte postale. Mais la pollution de l’eau vient ternir le tableau alors que la cité brésilienne peine à traiter les rejets de plus de six millions d’habitants.
Le revers de la médaille est médiatique. Le Guardian révèle que des athlètes de triathlon sont tombés malades suite à un entraînement en mer. La pollution de l’eau revient ensuite en fil rouge de la compétition. Les Jeux suivants, à Tokyo, sont également touchés par quelques polémiques. À l’instar de grandes villes côtières, la capitale nipponne peine à maintenir un littoral propre.
Comme à Marseille, où, chaque année, des interdictions de baignade touchent des plages à cause des pollutions. Au centre du viseur : un système d’assainissement hérité du 19ème siècle sur le modèle du “tout-à-l’égout”. Il mélange les eaux usées, les eaux de pluie et certains ruisseaux urbains. Lors d’épisodes pluvieux intenses, le réseau peut saturer et des eaux non traitées risquent de finir en mer. Notamment à l’embouchure de l’Huveaune, sur les plages du Prado, à proximité de la Marina olympique.
Par temps sec, le petit fleuve côtier est détourné dans le circuit d’assainissement. Mais quand un orage rend son débit trop important, il rejoint son lit naturel vers la mer avec la pollution et les déchets de la ville que la pluie a lessivés. On retrouve parfois la présence de la bactérie escherichia coli, caractéristique des eaux usées. Dans ces cas-là, le drapeau violet, synonyme de pollution de la mer, se hisse sur les plages et la baignade est prohibée.
Petits soins pour la marina
Bassins de rétention pour stocker les eaux de pluie, renaturation des cours d’eau, réseau d’assainissement plus performant… “il y a une vraie amélioration depuis une dizaine d’années”, note Didier Réault, vice-président métropolitain délégué à la mer et au cycle de l’eau. “Les épisodes de pollution sont de plus en plus rares et parfois seulement dus à la sur-fréquentation des plages.”
Mais ils existent encore et personne ne souhaite voir flotter le drapeau violet lors des épreuves olympiques. Les efforts ont donc redoublé avec la création de la Marina olympique au stade nautique du Roucas-Blanc. La base nautique dispose désormais de son propre bassin de rétention pour traiter les eaux de ruissellement.
La Métropole Aix-Marseille-Provence et l’Agence de l’eau ont porté cet aménagement, ainsi que la pose de filets pour retenir les déchets flottants. De son côté, le service d’assainissement Marseille Métropole (Seramm) intensifie ses efforts sur le littoral pour maintenir le réseau de traitement optimal. “Je suis très serein pour les Jeux, la situation est maîtrisée”, juge Hervé Menchon, adjoint au maire chargé du Littoral.
Son homologue de la Métropole, Didier Réault, reste toutefois mesuré : “Si un gros orage survient, de type décennal, on ne pourra pas gérer l’Huveaune” et ses possibles pollutions. Mais pour Hervé Menchon, “un souci de qualité de l’eau ne devrait pas impacter les épreuves de voile qui se déroulent plus au large. Le principal danger pour les athlètes, ce sont les déchets flottants. Mais on a tout prévu avec des grilles et filets sur les exutoires, ainsi que des navires nettoyeurs en mer .”
Les instances parisiennes sont moins sereines pour les épreuves de natation du triathlon qui doivent se dérouler dans la Seine. Mais à Marseille, sauf grosse surprise, le drapeau violet ne se lèvera pas pendant les Jeux olympiques. Seules les voiles devraient claquer au vent.
Retrouvez l’intégralité de ce reportage dans notre magazine