Depuis 2019, l’usine de Sormiou transforme les boues des eaux usées de Marseille en biométhane, un gaz 100% renouvelable. La Métropole souhaite augmenter ses capacités de production de plus de 30%.
Quand tirer la chasse permet de chauffer des logements. Voilà maintenant cinq ans que c’est possible à Marseille, grâce à une usine innovante basée à Sormiou. Elle récupère les boues de la station d’épuration Géolide (sous le Vélodrome), issues des eaux usées, et les transforme en biométhane. Ce dernier est réinjecté dans le réseau GRDF, alimenté en gaz local.
Le projet semble cocher de nombreuses cases : économie circulaire, circuit-court, production d’énergie verte, valorisation et réduction de déchets… Et même une case sociale, puisque ce gaz « vert », alimenterait plus de 1300 logements sociaux des quartiers de La Soude, Château Saint-Loup, la Valbarelle, d’après le bailleur Habitat Marseille Provence.
Selon le Service d’assainissement Marseille Métropole (Seramm) qui exploite l’usine de Sormiou, ce biométhane permet d’approvisionner environ 2 500 logements en chauffage et eau chaude, soit près de 8 000 habitants. Selon l’association Smart avenir green, en se convertissant à ce gaz vert, les foyers diminuent « par 14 leurs émissions de CO2 ».
Produire 33% de biométhane en plus dès janvier 2025
Mais la Métropole Aix-Marseille-Provence, qui délègue ce service public, souhaite aller plus loin. Ce jeudi 18 avril, le conseil métropolitain a voté un rapport visant à augmenter la capacité de production de la centrale.
« Après études techniques et financières, il est apparu opportun d’augmenter la production de biométhane sur ce site » indique le texte soumis aux élus. « Passant ainsi d’une production maximale de 290 Nm3 (normo mètres cubes) par heure à 390 Nm3 par heure après travaux ». Soit une augmentation de plus de 33% de la capacité de production, et l’alimentation potentielle de plus 3 300 logements.
Le chantier d’extension de l’usine de Sormiou, réalisé par le Seramm, pourrait débuter rapidement après le feu vert du conseil métropolitain. Ce dernier estime que l’augmentation des capacités de production de biométhane sera opérationnelle dès « le 1er janvier 2025 ».
Plus de 500 000 euros d’investissement
Selon le rapport de la Métropole, cet investissement de 534 000 euros HT « sera entièrement couvert par les ventes de biogaz qui seront réalisées sur la période 2025 à 2028 et des subventions. Il n’y aura pas d’augmentation de la part délégataire ».
Au détour du texte que les élus étudieront, on note que le Seramm verse actuellement une contribution annuelle de 326 000 euros HT à la Métropole pour exploiter le méthaniseur. Cette contribution augmentera de plus de 50 000 euros après l’extension de l’usine, pour atteindre 377 900 euros HT par an.
Pour rappel, en 2019, la transformation de l’usine de traitement des boues de Sormiou en unité de production de biométhane avait représenté un investissement de 9,2 millions d’euros. En plus du Seramm, filiale de Suez, les institutions publiques avaient mis la main au portefeuille (Métropole Aix-Marseille-Provence, Région Sud, Agence de l’eau, ADEME).
À l’époque, l’objectif était d’en faire la plus grosse unité de production de biométhane de France. Il s’agissait d’atteindre, à terme, 3,8 millions de « normaux mètres cube » par an pour alimenter près de 8 000 logements.