La première Biennale des femmes de la Méditerranée organisée au Mucem, le 9 avril, a permis à une centaine de Marseillaises d’horizons différents de faire émerger un document de référence autour de l’éducation.
Elles s’appellent Salina, Emilie, Souad, Marianne. Elles sont cheffes d’entreprises, auxiliaires de vie, avocates, travailleuses sociales. Il y a peu de chances pour qu’elles se soient naturellement croisées dans la vie.
Le 9 avril, la première Biennale des femmes de la Méditerranée, organisée au Mucem par l’association MarseilleS au pluriel, les a réunies pour travailler sur des « valeurs de cohésion » autour du thème choisi cette année : l’éducation.
« Notre objectif c’est de maintenir la cohésion entre personnes de cultures différentes en les faisant travailler ensemble », explique le spécialiste de l’interculturalité Alain Cabras, membre fondateur du collectif.
« Des débats nourris sur la liberté »
Près de 100 femmes réparties en 10 groupes ont ainsi planché sur différentes notions comme le partage, la justesse, la solidarité ou l’excellence. « Les débats n’ont pas tant porté sur les valeurs en elles-mêmes, précise Emilie Royère, la directrice générale d’Eurobiomed, un cluster d’entreprises dans la biotechnologie. La difficulté a plutôt été le sens que chacune donnait à ces valeurs ».
Il a donc fallu se mettre d’accord. La valeur permet-elle l’éducation ou est-ce l’éducation qui permet d’atteindre cette valeur ? Au total 17 notions ont émergé, mais seules trois d’entre elles ont été collectivement retenues selon la méthode d’Alain Cabras. A savoir, le respect, arrivé largement en tête, suivi par l’équité et la liberté.
« Nous avons eu des débats particulièrement nourris sur la liberté. Chacun est-il libre de s’éduquer comme il le souhaite ? Ou la finalité de l’éducation est-elle d’offrir la liberté ? », se sont demandées les participantes.
« Y’a des femmes qui ne m’auraient jamais calculée dans la vie »
Si « respect, équité et liberté » sont les valeurs socles qui nourrissent la Déclaration universelle de la cohésion humaine par l’éducation, rédigée par l’écrivain Philippe Pujol, également membre de l’association, il n’en reste pas moins que pour certaines femmes d’autres valeurs y ont toutes leur place.
Pour Souad Boukhechba, pendant ses tables rondes avec les femmes du Plan d’Aou en action, il n’y avait pas de doute : le courage était la valeur la plus importante pour éduquer.
Du même avis, deux habitantes de la cité du Castellas (15e) soulignent également la mixité engendrée par l’événement. « Y’a des femmes qui ne m’auraient jamais calculée dans la vie. Moi, je ne suis pas cheffe d’entreprise, mais je suis cheffe du quartier », rigole Salina Gasmi-Latrèche, membre de la fédération Sororité Inter-Quartiers.
« Normalement, j’ai beaucoup de mal à parler en public car je suis dyslexique sévère, exprime à son tour Elvire, auxiliaire de vie. Mais là, non. On s’est vite senties à l’aise, écoutées et entendue. C’est très fort ce qu’ils ont réussi à faire ».
Une Biennale des femmes sur la santé en 2026
Elles se sont ensuite retrouvées autour d’un cocktail-débat animé par Julie Davico-Pahin, présidente de la French Tech Aix-Marseille Région Sud, avec les témoignages des cinq « femmes d’exception » de l’événement* autour de leur rôle dans la société, leurs obstacles ainsi que leur vision de l’interculturalité.
Cette soirée s’est clôturée avec la cosignature de la charte par 18 membres fondateurs, dont Jean-Luc Chauvin, président de la Chambre de commerce et d’industrie (CCI) d’Aix-Marseille Provence, Éric Berton, président d’Aix-Marseille Université (AMU), ou encore Nicolas Barthe, fondateur du cabinet d’influence Stan, pour diffuser plus largement ces valeurs dans le monde universitaire et économique.
La Déclaration devrait également être signée par un maximum d’établissements pour décliner des outils pédagogiques par la suite. « Il faudrait aussi fournir de la matière aux chercheurs d’Aix-Marseille Université pour faire vivre cet événement », complète Philippe Pujol.
En 2026, pour la prochaine Biennale des femmes sur le thème de la santé, le journaliste esquisse déjà les problématiques sanitaires importantes : « les déserts médicaux, le diabète, les pneumonies, et surtout de graves problèmes psy… ». Il souhaite ainsi que « le fond de la thématique soit mieux étudié en amont des ateliers » afin que les valeurs soient encore plus spécifiques au regard de l’enjeu.