Cinq artisanes marseillaises ouvrent leur atelier-boutique à deux pas du Vieux-Port

Un collectif d’artistes marseillaises a ouvert l’atelier Materia. Non seulement un lieu de création, c’est également une boutique d’exposition pour découvrir leurs œuvres ainsi qu’un lieu pour s’initier à différents savoir-faire, de la bijouterie à la broderie, en passant par la teinture végétale.

À quelques pas du quai du Vieux-Port, un groupe de créatrices marseillaises s’est réuni pour donner vie à un lieu singulier : l’Atelier Materia. Ce local à la façade couleur menthe à l’eau, niché dans la rue du Chevalier Roze (2^e), est à la fois leur « lieu de création, un espace d’exposition et de transmission », détaille Agustina Rochi.

La jeune bijoutière est l’une des quatre fondatrices de ce collectif 100% féminin, établi en 2021 avec Mathilde Marteau, Ana Montoya et Adriana Lau dans la volonté de chacune de partager un atelier dans le centre-ville de Marseille afin de gagner en visibilité. Depuis, Agustina et Mathilde ont été rejointes par trois nouvelles artisanes.

Inspirations naturelles

Bijoux, vêtements, teintures végétales, broderies, reliures ou linogravures : derrière de grandes baies vitrées qui laissent entrer la lumière extérieure, on retrouve des créations uniques, toutes confectionnées à la main sur place.

C’est derrière le rideau de la boutique que la magie opère : Iulia, Fanny, Marion, Agustina et Mathilde y ont chacune installé leur établi respectif. Mais elles partagent aussi à l’Atelier Materia des espaces communs et leurs outils, crayons, machines à coudre, chalumeaux et autres laminoirs.

Si leurs supports artistiques sont variés, celles-ci observent des inspirations communes entre leurs pratiques, puisées dans les motifs organiques et les techniques de création ancestrales. Hasard ou non, « la nature est un fil conducteur où on s’est toujours toutes rencontrées », souligne Agustina Rochi, dont les bijoux épurés et photographies représentent souvent des plantes.

Des ateliers découverte et événements

Au sous-sol de l’atelier, les artistes résidentes animent des sessions d’initiation à leur pratique, ouverts sur inscription au public dans une logique de transmission. Régulièrement, le collectif met également en place des événements pour faire vivre le lieu : marchés de créateurs locaux, vernissages…

Car cet espace pluridisciplinaire « a aussi été pensé comme un lieu de partage et de rencontre pour les artistes et artisans de Marseille, qui ont des pratiques au-delà des nôtres », poursuit Agustina.

Le jeudi 21 mars prochain, de 18h à 22h, les cinq artisanes ouvriront les portes de l’Atelier Materia au public pour fêter le printemps et découvrir un espace réaménagé. L’occasion de venir admirer leur travail et celui d’autres artistes invité·es, et d’assister à un concert-poésie par Miaule Mort.

Mathilde Marteau

Initiée à la technique ancienne du filigrane d’argent en Colombie, Mathilde Marteau a ensuite perfectionné son savoir-faire en partant à la rencontre d’artisans bijoutiers dans toute l’Amérique du Sud. Avec l’argent massif comme matière première, elle crée des accessoires d’inspiration antique aux motifs naturels, parfois torsadés, martelés ou texturisés, auquel elle ajoute parfois des pierres fines comme la tourmaline. Chaque bijou est entièrement fabriqué à la main en petites séries, pièces uniques ou sur mesure dans son atelier.

Mathilde propose des ateliers d’initiation à la bijouterie pour créer sa propre bague, boucle d’oreille ou bracelet, à partir de 120 euros. Ainsi qu’un atelier en duo pour concevoir ses propres alliances en argent, à partir de 380 euros.

Instagram : @mathildemarteaubijoux

Maenad

Couturière de formation, Iulia Hodoleanu a créé Maenad, une marque de vêtements et d’accessoires en soie, coton et lin, qu’elle teinte de pigments obtenus à partir de déchets organiques. Par-dessus, elle imprime des motifs naturels, le plus souvent des fleurs et feuilles séchées glanées dans la nature, en utilisant la technique de l’éco-print. Son approche est basée sur l’expérimentation et l’imperfection des tâches, rendant chaque pièce absolument unique. En plus de ses chemises, kimonos, foulards et chouchous, Iulia prépare une nouvelle collection de housses de coussins en soie.

Iulia propose en moyenne quatre ateliers d’éco-print par mois à 60 euros. Le prochain aura lieu le 16 mars à 14h.

Instagram : @maenad.fr

Casa de joyas / Atelier El Brote

À la fois bijoutière et photographe, Agustina Rochi est une artiste multidisciplinaire. La jeune femme d’origine argentine puise son inspiration dans les cultures anciennes d’Amérique Latine pour créer ses bijoux uniques en argent massif et en bronze, moulés selon la méthode de cire perdue. Sa pratique photographique mêle quant à elle différentes techniques, dont le cyanotype, un procédé de tirage inventé au XIX^e siècle. Sur du papier qu’elle fabrique elle-même et induit de produits photosensibles, Agustina laisse poser des objets naturels ou des négatifs, déposant ainsi leur empreinte sur le support.

Une fois par semaine, Agustina propose des ateliers cyanotype de deux heures à partir de 55 euros. Le prochain aura lieu le vendredi 15 mars à 16h.

Instagram : @atelier.elbrote | @casade.joyas

Fanny Versace

Le travail de Fanny Versace associe la teinture végétale à la couture en patchwork – ou plutôt le Pojagi, technique coréenne datant du XIV^e siècle. Fanny récupère des draps anciens en lin, qu’elle assemble entre eux après les avoir teints naturellement, par décoction, avec de la garance, de la chlorophylle ou de l’acacia. Fabriqués à l’unité et sur mesure, ces grands drapés décoratifs laissent passer la lumière, leur donnant un aspect de vitrail. Ils peuvent être utilisés en tant que rideau, voilage ou tenture réversibles, ou pour délimiter des espaces.

Fanny organise régulièrement des ateliers d’initiation à la teinture végétale pour 65 euros.

Instagram : @_fannion_

Mario

Marion Schultz, alias Mario, est à la fois illustratrice autodidacte et couturière. Ses linogravures et ses dessins, tracés à l’encre ou aux crayons de couleur, sont tirés de moments marquants de sa vie et d’expériences collectives qui l’ont nourrie. Elle retranscrit une atmosphère et des sensations en ajoutant à ces souvenirs des éléments magiques et oniriques sortis de son imagination. Ses œuvres minutieuses et riches en détails sont imprimées en plusieurs formats au jet d’encre pigmentaire, pour un rendu de haute qualité. Adepte de seconde main, Mario confectionne également des accessoires, bananes et bobs à partir de tissus récupérés.

Marion propose régulièrement des ateliers découverte de linogravure, ainsi que des ateliers pour fabriquer sa propre banane personnalisée en tissus de récupération. 50 euros.

Instagram : @mario_virgo_