Dans le cadre d’une visite de deux jours, Sabrina Agresti-Roubache, secrétaire d’État à la Ville et à la Citoyenneté, a fait une halte au parc Kalliste (15e). La cité endeuillée fait face à une lente rénovation urbaine.

C’est l’un des quartiers les plus au nord de Marseille, à la frontière de Septèmes-les-Vallons. Le parc Kalliste (15e), encore traumatisé par la mort d’un enfant de quatre ans survenue dans un incendie début février, subit toujours les affres d’une – trop – lente rénovation urbaine.

À peine renommée secrétaire d’État chargée de la politique de la Ville, Sabrina Agresti-Roubache est allée,  jeudi 15 février, à la rencontre des habitants déboussolés. Deux bâtiments, le G et le E, doivent être détruits dans les prochains mois, après les immeubles B et H en 2019 et 2020.

Des dizaines d’habitants ont été relogés, comme Assimina. « On m’a dit que c’était temporaire… mais ça fait un an, grimace-t-elle, fatiguée d’être confrontée aux mêmes difficultés : « Il y a encore des rats. Il y a même des fissures dans le salon et des moisissures dans la chambre du petit ».

Cette mère de sept enfants, pleure la mort d’un de ses fils, tué au pied son immeuble, l’année dernière. « Dès qu’on passe devant, on y repense. Y’a trop de souvenirs ici. On veut partir », tremble la locataire de Marseille Habitat.

Kalliste, Sabrina Agresti-Roubache face à la lente rénovation urbaine de la cité Kalliste, Made in Marseille
Assimina, habitante du parc Kalliste

Des négociations encore en cours

C’est le bailleur social de la Ville de Marseille, concessionnaire du bâtiment G, qui reloge les familles. Et doit, en parallèle, négocier avec les copropriétaires pour racheter leurs appartements. Dans ce bloc gris, il reste 13 appartements à récupérer et 18 familles à reloger. Sur le bâtiment E, voué à la destruction, six logements sont encore à acquérir.

La rénovation urbaine au parc Kalliste est estimée à 153 millions d’euros, répartie entre l’Agence nationale pour la rénovation urbaine (ANRU) à hauteur de 47 millions, 21 millions de la Métropole Aix-Marseille-Provence, 19 millions de la Ville de Marseille, 48 millions des bailleurs sociaux dans le cadre de la ROLLS [reconstitution de l’offre de logements locatifs sociaux démolie, ndlr] et 17 millions pour la valorisation foncière. Cette enveloppe globale comprend la démolition et la reconstruction des immeubles, ainsi que la création de nouveaux équipements (centre social et terrains de sport).

En 2022, Marseille a obtenu un engagement historique de 762 millions d’euros pour la rénovation des quartiers prioritaires, de l’ANRU (650 millions d’euros) pour la première phase d’engagement sur la rénovation des quartiers prioritaires de la Ville de Marseille. Un montant sans précédent surtout si, à la reconstitution de l’offre de logements locatifs sociaux démolie, on y ajoute les 112 millions (sur 8 ans) de l’ANAH destinés à financer les propriétaires qui engageront des travaux de réhabilitation.

Kalliste, Sabrina Agresti-Roubache face à la lente rénovation urbaine de la cité Kalliste, Made in Marseille

Un comité de pilotage dans les prochains jours

Pour Samia Ghali, maire adjointe en charge des programmes de l’Agence nationale de rénovation urbaine, les cinq autres barres d’immeubles de Kalliste sont en « assez bon état » pour être rénovées. « Il ne faut pas toujours démolir ! Ça coûte financièrement et humainement, je ne vous raconte pas », martèle l’élue, associée à la visite de Sabrina Agresti-Roubache.

Les pouvoirs publics doivent aider les copropriétaires à mener leurs rénovations estimées à cinq millions d’euros. « On a l’argent de l’Agence nationale d’amélioration de l’habitat (ANAH), mais on ne peut pas le toucher », relève Samia Ghali. Cet argent est, en effet, versé directement aux copropriétaires privés. La Ville peut seulement inciter les démarches, sans toucher les fonds.

Une bonne occasion pour l’élue de demander à Sabrina Agresti-Roubache la création d’un comité de pilotage, intégrant le procureur de la République, Nicolas Bessone, pour accélérer la rénovation urbaine à Marseille. « Ça serait bien que tu le présides », lance-t-elle à l’ancienne députée Renaissance, qui acquiesce, et charge le préfet pour l’égalité des chances, Michaël Sibilleau, de l’organiser « dans ces prochains jours ».

En novembre dernier, la secrétaire d’Etat également chargée de Marseille en grand, avait annoncé sa volonté d’accélérer sur les dossiers de ce plan voulu par le Président de la République. Dans ce cadre, elle avait annoncé que le logement devenait la « première priorité du Plan Marseille en Grand », avec une revue complète des projets début 2024. « Il est indispensable de garder un rythme soutenu. Nous le devons aux habitants ».

Par ailleurs, pour lutter contre les copropriétés dégradées et accélérer les acquisitions foncières, l’établissement public foncier régional devrait être mobilisé « plus fortement à Marseille ».  

Kalliste, Sabrina Agresti-Roubache face à la lente rénovation urbaine de la cité Kalliste, Made in Marseille
La barre G du parc Kalliste

Des procédures judiciaires engagées

La lenteur de ces procédures résulte notamment de la justice. Marseille Habitat doit obtenir une déclaration d’utilité publique (DUP) pour exproprier les derniers copropriétaires. Or, il faudra attendre deux audiences du tribunal, fixées le 17 avril pour le bâtiment E et le 6 mai pour le bâtiment G, afin que le bailleur obtienne ce droit.

L’instance judiciaire rendra un jugement de carence, attendu en juillet 2024. C’est uniquement cette décision qui dira si les copropriétaires sont aptes à conserver leurs logements ou non. « Il faudra ensuite compter 18 mois de procédure », précise Céline Falgon, la cheffe de service de la Métropole AMP en charge de ce dossier.

La démolition ne pourra donc avoir lieu avant l’été 2025. D’ici là, Marseille Habitat espère continuer ses démarches à l’amiable avec « le noyau dur » des copropriétaires récalcitrants. « Il y a toujours des situations qui se débloquent au cours de la procédure », assure, optimiste, la technicienne.

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