Si photos, vidéos ou livres qui montrent Marseille sous toutes les coutures sont fréquents, les dessins, eux, le sont un peu moins. Et c’est cet art que Mehdi Zannad, dessinateur et architecte, a choisi pour mettre en lumière une trentaine d’endroits de Marseille sous la mine de son stylo.
Avec son projet marseillais, Mehdi Zannad n’en est pas à son coup d’essai. Entre 2011 et 2012, il a réalisé un carnet entier de dessins de la ville de Montreuil (Seine-Saint-Denis). Une expérience qu’il réitère cette année, cette fois à Marseille.
C’est entre septembre 2011 et septembre 2012 que Mehdi Zannad a rempli un carnet entier de dessins de la ville de Montreuil. Fraîchement débarqué dans la commune, il a voulu fixer l’émotion et l’émerveillement qu’il a ressenti à son arrivée.
« L’émotion est plus forte quand on arrive dans une ville qu’après lorsqu’on la connaît car on perçoit mieux ce qui fait ses qualités. À Montreuil, c’était la découverte d’une ville sans à priori, sans rien en connaitre et sans l’avoir vécue et je voulais garder ces moments », explique Mehdi Zannad.
Avec un simple feutre de 0,1 millimètre d’épaisseur, il a passé des heures debout à dessiner des coins de la ville, souvent pendant trois à cinq heures d’affilée. Un stylo plutôt qu’un crayon pour être forcé d’avancer et éviter de revenir en arrière. Pour qu’au fil des minutes, le dessin s’enrichisse en permanence et que rien ne soit perdu jusqu’au moment où tout est sur papier et que le temps est venu de passer à la page suivante.
De Castellane à la Plaine en passant par Noailles
Le projet marseillais de Mehdi Zannad est le même qu’à Montreuil mais avec quelques différences toutefois. L’architecte connaît déjà la ville pour l’avoir visitée plusieurs fois. Certains lieux de son futur carnet n’ont donc pas été choisis par hasard quand, pour d’autres, il les a découverts sur le moment.
« L’idée est d’aller au bout de mon carnet et de faire une performance avec des pages qui se suivent le long d’une promenade à Marseille. Je m’arrête là où il y a quelque chose d’esthétique comme un photographe s’arrêterait face à l’émotion d’un endroit. Je dessine ce qui existe mais le sujet choisi est lié à l’émotion donc mon carnet n’est pas un simple document », souligne Mehdi Zannad.
Parmi les lieux déjà passé sous la pointe du feutre de l’architecte, la place Castellane où Mehdi Zannad a passé cinq heures. Des heures durant lesquelles il a pu se rendre compte de l’encombrement du paysage marseillais et de son importante circulation autant humaine que routière. Quelque chose qu’il n’avait jamais vu ailleurs, « même à Montreuil qui est un endroit où ça circule beaucoup », ajoute-t-il. Mais de Marseille, il a également retenu la hauteur des fenêtres qui donne des proportions très belles aux images et qui est aussi unique à la ville.
En plus de l’architecture et des bâtiments, Mehdi Zannad intègre à ses dessins « tout ce qui est muet » et qui tourbillonne autour de lui pendant les moments où il œuvre. Comme les inscriptions de la ville, présents parfois en tout petit sur les croquis, et les mots d’encouragement, d’étonnement, les compliments et les remarques des curieux qui s’arrêtent pour le regarder.
Pour l’heure, Mehdi Zannad n’est qu’au début de son projet marseillais. Les rues d’Aubagne et de Rome, la Plaine et la Préfecture de Police figurent déjà parmi la liste des dessins qui composeront le carnet. Pour le reste, le dessinateur se laisse encore le temps de la réflexion. Il voit bien ajouter quelques dessins de « moments de nature » avec la mer par exemple, mais reste conscient de la difficulté de quadriller tout Marseille en seulement 39 dessins.
Des œuvres actuellement en expositions
Si le carnet marseillais de Mehdi Zannad est actuellement en train d’être réalisé, d’autres de ses œuvres sont exposées aux Éditions Parenthèses. Il s’agit de gravures réalisées depuis 2010 et représentant des vues urbaines et des paysages. Parmi les 19 gravures, des coins de Los Angeles, de Montreuil et même de Marseille avec la tour CMA-CGM. Une exposition en lien avec le travail que mène actuellement le dessinateur dans les rues de Marseille.
Informations pratiques
Exposition jusqu’au 16 juillet 2016 aux Éditions Parenthèses 72, cours Julien, 13006 Marseille
