La Ville de Marseille a préempté le fonds de commerce du cinéma Le César, place Castellane, fermé depuis septembre 2023. L’ambition est de conserver sa vocation cinématographique et culturelle.

« La Ville de Marseille préempte le fonds de commerce du cinéma Le César afin de maîtriser l’avenir de ce site emblématique pour les Marseillaises et les Marseillais ». C’est par voie de communiqué de presse que la municipalité a annoncé, ce lundi 29 janvier, vouloir donner une nouvelle vie au cinéma le César, fermé depuis septembre dernier.

Ouvert par Marcel Pagnol en 1938, l’historique cinéma de la place Castellane et ses trois salles « art et essai », avait été repris par Jean Mizrahi en 2017. L’établissement n’avait pas résisté à un « loyer insoutenable ». En effet, il absorbait presque la moitié des revenus du cinéma en 2022. Ce qui « n’était économiquement pas viable », expliquait le gérant à Boxofficepro, en septembre 2023.

Le lieu avait également fait les frais des travaux en cours pour le prolongement du tramway T3. Malgré de vaines tentatives de négociations du loyer, 85 ans après son ouverture dans un ancien entrepôt de bus, le cinéma Le César fermait ses portes après avoir accueilli plusieurs générations de Marseillais.

« Le César, ça parle à tout le monde »

À l’époque, la Ville avait tenté de sauver le César. « Monsieur Mizrahi m’avait fait part de ses difficultés et souhaitait moderniser le cinéma, en lançant aussi des activités annexes. Mais visiblement, il n’arrivait plus à joindre les propriétaires, raconte Jean-Marc Coppola, adjoint à la Culture. Nous souhaitions mener une médiation entre les deux parties. En septembre, lorsqu’il m’a rappelé, il sortait juste du tribunal de commerce », se souvient l’élu.

Il est aujourd’hui ravi de voir qu’une nouvelle vie peut s’écrire pour ce patrimoine culturel marseillais. Car si la Ville ne disposait pas alors de levier d’intervention, c’est désormais le cas. Informée de la cession envisagée du fonds de commerce exploité par la SARLU Cinéma Le César, la Ville de Marseille a décidé de recourir à son droit de préemption commercial pour l’acquérir en lieu et place du repreneur pressenti.

« C’est allé très vite, un peu en urgence, nous confie Rebecca Bernardi, adjointe aux commerces. On est face à un dossier inédit et symbolique à plein de niveaux. Le César, ça parle à tout le monde ». L’ancienne étudiante en cinéma se souvient avoir vu Lost Highway de David Lynch et d’être sortie sur la place Castellane, déserte : « Il n’y avait personne. Je me demandais si j’étais encore dans le film ou pas », rit-elle.

Depuis trois ans, le service qu’elle représente a engagé une réflexion dans le but de déployer des dispositifs permettant à la Ville à la fois de maîtriser les futures implantations, en cohérence avec son ADN, tout en contribuant à l’attractivité économique de Marseille.

L’un de ses leviers est le droit de préemption dont la municipalité s’est pleinement emparée pour maîtriser les projets. Exemples avec la création de Casa Méditerranée, dans les anciens locaux de la bijouterie Piery sur la Canebière ou encore l’implantation de Bao Family, dans l’ancien restaurant Toinou Coquillages, qu’une célèbre chaîne de fast-food allait acquérir.

Un appel à projets dans les prochains mois

« Quand on préempte, c’est soit par très belle opportunité parce que c’est un beau local, bien placé et pas cher, ou alors parce qu’il y a un danger par rapport au commerce qui veut s’implanter », nous réaffirme Rebecca Bernardi. Le cinéma le César est situé dans un quartier du cœur de la ville « où il est important de conserver une vitalité commerciale et culturelle. Et encore une fois, il y a un caractère très symbolique à sauver ce lieu ».

Dans ce but, la Ville de Marseille va lancer un appel à projets dans les prochains mois pour favoriser l’implantation « d’une activité commerciale attractive », conservant la vocation cinématographique et historique du lieu. Elle souhaite un projet « qui puisse apporter une offre dynamique et de qualité, largement ouverte aux Marseillaises et aux Marseillais ». Pour affiner le cahier de charges, la Ville va d’abord entreprendre un benchmark d’autres modèles existants. Elle doit aussi évaluer l’état des locaux.

Parce « qu’on touche à quelque chose de plus large qu’un commerce », la volonté est de travailler de manière transversale avec les élus à l’Économie, Laurent Lhardit, à la Culture, Jean-Marc Coppola, et la maire de secteur, Olivia Fortin. « On veut tous que ça reste un cinéma », assure Rebecca Bernardi. « Ce qui n’est pas incompatible avec une activité commerciale qui peut valoriser le lieu », ajoute Jean-Marc Coppola.

Pour la maire des 6-8, cette préemption envoie « un signal fort pour la dynamique de quartier. Cela préfigure ce que nous voulons pour la place Castellane de demain : une place populaire, vivante, culturelle et commerçante ».

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