L’opération de rénovation de l’habitat indigne dans le centre-ville de Marseille veut accélérer. Quatre mois après le dépôt des premiers permis de construire rue Jean Roque (6e), la Spla-in s’attaque à la symbolique rue d’Aubagne (6e).
« On passe de l’ombre à la lumière », lance Sophie Camard (GRS), la maire de secteur, en présentant l’état d’avancement des réhabilitations de la société publique locale d’aménagement d’intérêt national (Spla-in). Une structure créée en 2021 pour lutter contre l’habitat insalubre, après les effondrements de la rue d’Aubagne en 2018.
La société publique signe « une année 2023 opérationnelle » après avoir « passé deux grandes années à se structurer », retrace David Ytier, son président et vice-président au logement de la Métropole Aix-Marseille-Provence, actionnaire majoritaire (59%) aux côtés de l’État (35%) et la Ville de Marseille (6%).
À ce jour, elle a récupéré les clés de 56 adresses, dont 51 immeubles du centre-ville, pour les transformer en logements sociaux. « En 2024 nous allons accélérer », promet l’élu. Il vante l’efficacité de l’Espace accompagnement habitat au sein duquel il nous reçoit. Cette structure récente accueille chaque jour près de 150 Marseillais pour des questions relatives à leur logement.
Lot de 7 immeubles rue d’Aubagne
Après avoir déposé les premiers permis de construire sur 4 immeubles rue Jean Roque, « nous entrons dans une étape symbolique », avance la maire des 1-7. La Spla-in vient de publier, le 18 janvier, un appel à manifestation d’intérêt (AMI) pour trouver « deux bailleurs sociaux solidaires », voire un bailleur unique, pour racheter un lot de 7 immeubles situés du 71 au 83 rue d’Aubagne (6e).
Le n° 69 qui jouxte la « dent creuse » des immeubles effondrés, n’a pas été comptabilisé dans le lot, car il est fragilisé. Cet immeuble fera vraisemblablement partie du lieu ressource, un projet de la Ville de Marseille, accompagné par la Spla-in, pour rendre hommage aux 8 victimes de la rue d’Aubagne et leurs familles.
Une méthode à partager
L’envoi des dossiers des bailleurs est attendu avant le 18 mars prochain pour désigner les lauréats avant la fin de l’été. Le processus veut que la Spla-in rachète les logements vétustes, réalise les travaux de structure, pour les revendre aux bailleurs qui s’engagent ensuite à poursuivre les travaux de bas œuvre.
Cette méthode de coopération novatrice, aussi bien entre les collectivités qu’entre les bailleurs sociaux et les architectes-urbanistes, « est d’une intelligence remarquable », valorise Franck Caro, le directeur général de la société publique. L’expert du logement souhaite documenter ce processus de rénovation collectif réalisé à Marseille. « On a le devoir de diffuser nos savoirs », insiste-t-il.
Une fois que les bailleurs seront sélectionnés, et les permis validés, la rénovation du haut de la rue d’Aubagne devrait prendre 18 mois. « Les travaux devraient ainsi démarrer début 2025 », se projette David Ytier. Sophie Camard, elle, espère que ce travail permette « de lever les craintes d’interventions sur de l’habitat dégradé ».