Lors du comité de pilotage du projet de salle de shoot au 110 boulevard Libération à Marseille (4e), les services de l’Etat ont émis un avis défavorable.
Nos confrères de La Provence ont rapporté que la halte soins addictions (HSA), appelée plus communément salle de shoot, qui aurait dû ouvrir au printemps 2024, ne se fera pas au 110 boulevard de la Libération (4e).
Le comité de pilotage s’est tenu hier en présence de la Ville de Marseille et des représentants du ministère de la Santé et de l’Intérieur qui devait publier un décret autorisant l’installation de cette HSA à cette adresse. Mais les services de l’État ont « émis un avis défavorable au projet porté par l’association Asud », précise le quotidien.
Le préfet des Bouches-du-Rhône, Christophe Mirmand, a précisé ce jeudi 18 janvier, les raisons de cette décision devant la presse à l’occasion de sa conférence de voeux. « Le lieu proposé ne faisait pas suffisamment consensus pour que l’expérimentation puisse se faire dans les meilleures conditions, a-t-il estimé. Il a été pris acte de cette opposition pour proposer non pas de remettre en cause le principe même de la halte soins addictions mais de poursuivre la réflexion sur ses modalités de fonctionnement et sur son implantation. C’est un travail qui va se poursuivre dans les mois à venir pour concilier les enjeux de santé et de sécurité ». La mise en place d’une « HSA mobile » fait partie des pistes qui pourraient être étudiées.
Une opposition de plusieurs semaines
Un collectif de citoyens, appuyé par l’opposition de la droite municipale, protestait depuis plusieurs semaines contre l’implantation de cette salle dans leur quartier « calme » et à proximité de nombreuses écoles. « Le lieu est assez bien, car il possède un espace intérieur de regroupement ce qui empêche les patients d’être sur la voie publique » avait justifié la Ville au lancement du projet.
« Nous étions pleinement engagés aux côtés des riverains, et leur combat a payé ! (…) Depuis le début ce projet était inadapté et irresponsable ! », a réagi hier soir sur X (ex-Twitter) le groupe d’opposition Une Volonté pour Marseille, qui tient une conférence de presse ce matin en présence de plusieurs élus locaux dont Bruno Gilles (Horizon) et Catherine Pila (LR).
Pour la présidente du groupe « c’est une victoire mais surtout un revers pour Benoît Payan, et c’est comme ça que politiquement il faut prendre les choses ».
Et d’ajouter : « Ce qu’il faut retenir aussi c’est que le maître-mot du Printemps marseillais, c’est la concertation. Et la concertation sur le sujet, il n’y en a pas eu. Il y a eu des simulacres de concertation avec des réunions citoyennes sur invitation », dénonce l’élue.
« C’est l’aboutissement d’un long combat mené collectivement avec les riverains et qui aurait pu être évité si Michèle Rubirola (première adjointe) et Didier Jau (maire des 4-5) avaient écouté et tenu compte des réserves des habitants », exprime Bruno Gilles.
Le maire de Marseille « prend acte »
Dans un communiqué de presse, le maire de secteur, Didier Jau, livre ses enseignements, affirmant s’être « porté garant du dialogue » entre les Marseillais(es) et les membres du comité de pilotage. La première leçon, réside pour lui dans le fait « qu’une immense majorité de participants soutient le principe d’une Halte Soins Addictions à Marseille (…) C’est un grand pas en avant, pour les politiques de santé publique et de réduction des risques à Marseille ».
Réitérant le fait qu’il n’existe « sans doute pas d’endroit parfait pour installer une HSA », il retient « que son implantation, son fonctionnement, les indispensables mesures de sécurité qui l’accompagnent doivent être débattues le plus en amont possible et de la façon la plus transparente ».
En visite à Frais-Vallon (13e), le maire de Marseille, Benoît Payan a dit « prendre acte » de la décision rapporte La Provence. « Pour faire une HSA, il faut un consensus. Et il n’y a pas de consensus à l’heure actuelle pour que ça se fasse dans les conditions émises, proposées et travaillées à la fois par le gouvernement et par la Ville ».
En coulisses, Sabrina-Agresti Roubache, secrétaire d’État à la Ville et la Citoyenneté, aurait également joué un rôle déterminant en intervenant directement auprès du ministre de la Santé. Désormais, la municipalité doit se prononcer et éventuellement proposer un autre lieu si elle veut mener ce projet à bien.